Roger Naumann

Roger Naumann

Roger Naumann, alias Roger D’Astis (DR).

Roger-Nicolas NAUMANN
Né le 29 juillet 1923 à Knutange (Moselle)

Engagé dans les Forces Aériennes Françaises Libres
Matricule FAFL n° 41102
« Disparaît dans la Manche » le 10 août 1944 au large de Cherbourg

Parachutiste au 3e régiment SAS (Special Air Service)
« Mort pour la France » à l’âge de 21 ans

LE CONTEXTE AVANT SA DISPARITION

Roger-Nicolas NAUMANN, engagé volontaire dans l’Armée de l’Air du gouvernement de Vichy en mai 1942, devenu parachutiste à Fez au Maroc, décide de répondre à l’Appel du Général de GAULLE.

Arrivé en Angleterre, il s’engage dans les FAFL (Forces Aériennes Française Libres) et demande à prendre le nom d’emprunt de « Roger D’ASTIS ».

Après avoir effectué les différents stages de l’armée britannique réservés aux parachutistes, le caporal-chef Roger D’ASTIS, devenu un élément aguerri aux combats rapprochés et techniques de sabotages, est affecté au 3e BIA (bataillon d’infanterie de l’Air).

Roger Naumann (DR).

Début août 1944, voilà deux mois que les troupes alliées ont réussi le débarquement en Normandie et progressent vers l’est de la France. Pour s’opposer à cette avancée, des troupes allemandes positionnées au sud sont envoyés vers le nord. Pour les ralentir les déplacements de l’ennemi il est décidé de faire intervenir les parachutistes du Special Air Service (SAS). Les opérations baptisées « Jockworth », « Harrod » et « Barker » sont planifiées pour avoir lieu conjointement avec le débarquement des alliés en Provence prévu le 15 août.

L’objectif de ces trois opérations consiste à harceler l’ennemi au cours de ses déplacements et saboter les axes de communications entre Lyon et Montceau-les-Mines. En particulier les différentes voies de communication le long des routes RN 6 et RN 74 qui sont deux axes indispensables aux troupes allemandes dans leur tentative de repli vers Dijon et Autun.

Ces missions sont confiées aux parachutistes du 3e SAS, sous les ordres du capitaine CHATEAU-JOBERT alias CONAN. L’opération « Barker » est confiée au lieutenant ROUAN et à son adjoint le sous-lieutenant LAMBERT. Les parachutistes du 1er Stick du 3e régiment SAS, dont fait partie Roger D’ASTIS, devront opérer sur la route RN 6 entre Mâcon et Chalon.

Les hommes sont transférés « au secret » sur le camp de la base RAF de Fairford située au sud de l’Angleterre, à 60 km au nord-est de Bristol. Sur cette base aérienne se trouvent les avions des « 190 et 620 Squadron » de la RAF chargées des opérations spéciales pour le SAS et le SOE (Spécial Operations Executive).

Le caporal-chef Roger D’ASTIS ne le sait pas… ce sera sa dernière mission.

SA DERNIERE MISSION

Mercredi 9 août 1944 débute l’opération « BARKER ». Le caporal-chef Roger D’Astis et ses camarades se préparent à quitter le camp pour rejoindre le terrain d’aviation de la base RAF de Fairford. Hommes et matériels vont être embarqués et répartis à bord de quatre bombardiers « Short-Stirling Mk IV » prévus pour la mission de parachutage nommé « Ditcher-1 ».

Embarquement à bord de « Short-Stirling Mk IV » (DR).

Roger D’ASTIS monte à bord du « Stirling (EF256) QS-C » appartenant au « 620 Squadron ». Il fait partie du stick de commandement du Lieutenant Albert ROUAN, avec lui six autres parachutistes : Cuto BERTI, Gilbert GRECIAS, François LEVEQUE, Marc PILGRAIN, Damien SELLES, et Robert SPINA.

Ils seront largués en Saône-et-Loire dans la zone prévue.

Aux commandes de l’avion, il y a le pilote néozélandais F/O “Bill” W.P.BELL. Les autres membres de l’équipage sont : F/O “Charlie” C.E. BRADSHAW, F/Sgt “Dennis” D.B. BRIDGES, le dispatcher Sgt BROWN, le mitrailleur-arrière F/Sgt Stan DUTTON, Sgt Arthur NORTHFIELD et F/Sgt P.A. ”Ace” TOD australien.

Il est 22h25, lorsque le premier Stirling décolle du terrain de la base RAF Fairford, le dernier à 23h05. Les avions prennent le cap plein sud pour traverser La Manche en direction de Saint-Malo par l’ouest de la presqu’île du Cotentin.

A l’approche des côtes françaises dans le secteur de Saint-Malo, le « Stirling EF256 » devient soudainement la proie des tirs d’artillerie de la défense antiaérienne allemande.

Plusieurs obus atteignent l’avion. A l’avant de l’appareil, un membre de l’équipage est touché. Le mitrailleur arrière est blessé, ainsi que le parachutiste Robert SPINA. Un réservoir d’essence de l’avion est percé.

Avion « Short-Stirling » (DR).

Alors que le pilote a fait demi-tour dans l’espoir de pouvoir retourner à sa base, un moteur s’enflamme et contraint le pilote à couper successivement les trois autres moteurs. Dans ces conditions l’avion perd rapidement de l’altitude.

Le pilote est contraint de manœuvrer pour se préparer à un amerrissage en pleine mer, une opération de nuit particulièrement délicate et dangereuse. L’avion finit par heurter durement la surface de l’eau et l’impact projette violement un membre de l’équipage à l’intérieur de la carlingue qui perd connaissance, il s’agit du Sergent Arthur NORTHFIELD.

Il est environ minuit. L’eau commence à pénétrer à l’intérieur, la carcasse de l’appareil flotte suffisamment longtemps pour que le canot de sauvetage soit mis à l’eau. L’avion se trouve alors au nord de la presqu’île du Cotentin. Avant que l’avion ne sombre totalement, Arthur NORTFIELD encore inconscient est extrait de la carlingue par ses camarades. Treize hommes se retrouvent sur et autour du canot. Deux hommes sont portés manquants il s’agit des parachutistes Damien SELLES, grièvement touché par un obus, et Roger D’ASTIS qui ne savait pas nager.

Au port de Cherbourg, libéré par les Américains depuis le 1er juillet, on a bien été informé du message de détresse envoyé par l’opérateur radio du Sterling EF256 avant l’amerrissage.

A 0h35, les autorités maritimes déclenchent une opération de secours en mer en envoyant sur zone la vedette britannique HSL 2556 appartenant au « 32 Air Sea Rescue Marine Craft Unit » basée à Cherbourg.

A 1h45, la vedette HSL 2556 arrive sur zone, repère le canot de sauvetage et récupère les naufragés. La vedette ramène les rescapés au port de Cherbourg, à son arrivée ils sont conduits à l’hôpital américain pour être soigné et passer la nuit en observation.

Au cours de cette mission, un autre Stirling du « 620 Squadron », le « EF237 QS-W », a lui aussi été touché par des tirs d’artillerie, il a pu retourner en Angleterre. Les deux autres avions, à cause de mauvaises conditions météorologiques, ont dû annuler la mission et retourner à la base RAF de Fairford.

Le lendemain 11 août, en fin de soirée, la base RAF de Fairford reçoit de la « 32 Air Sea Rescue Unit » le message suivant : « Tout l’équipage est en sécurité. Le F/O BELL, le F/O BRADSHAW, le F/Sgt BRIDGES, le Sgt A. NORTHFIELD et le Sgt BROWN sont actuellement en Angleterre à la base RAF de Calshot. Le F/Sgt TOD s’est envolé de Cherbourg aujourd’hui et se trouve quelque part en Angleterre. Le mitrailleur arrière, le F/Sgt DUTTON, est hospitalisé à Cherbourg. Trois parachutistes français sont ramenés à Calshot. Deux parachutistes (Damien SELLES et Roger D’ASTIS) sont portés disparus. »

Damien SELLES 19 ans et Roger D’ASTIS 21 ans seront officiellement déclarés « disparu en mer ».

Leurs corps ne seront jamais retrouvés.

L’épave retrouvée du « Stirling EF256 » repose désormais par 48 m de profondeur au large de Cherbourg.

Pour en savoir davantage sur le parcours de Roger-Nicolas Naumann, vous pouvez télécharger sa biographie complète au format PDF.

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