Robert Moulié

Robert Moulié

Robert Moulié

Robert Moulié naît le 6 novembre 1912 au Catelet (Aisne). Fils d’un gendarme, il suit des cours à l’école primaire de Navarrenx (Pyrénées-Atlantiques), à l’école primaire supérieure de Cadillac-sur-Garonne (Gironde), puis à l’école normale d’instituteurs de Saint-André-de-Cubzac (Gironde). Titulaire du brevet élémentaire, du brevet supérieur et du certificat d’aptitude pédagogique, il occupe un premier poste d’instituteur à l’école de Villandraut (Gironde) pendant l’année scolaire 1932-1933, avant d’effectuer son service militaire au peloton préparatoire d’élève officier de réserve au 57e régiment d’infanterie de Bordeaux, puis à l’École militaire de l’infanterie et des chars de combat (EMICC) de Saint-Maixent, où il se distingue par ses capacités sportives et dont il sort avec le grade de sous-lieutenant de réserve en octobre 1934.

De retour à la vie civile, il occupe les fonctions d’instituteur à Cérons (Gironde) de 1934 à 1939. En parallèle, il effectue des périodes militaires et devient lieutenant de réserve en octobre 1938. Sur le plan sportif, il se montre également très actif, ce qui lui vaut d’être sélectionné de la Côte d’Argent en basket-ball en 1935 et en rugby à quinze en 1936, mais aussi d’intégrer l’équipe professionnelle de rugby à treize de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) en 1936-1937.

Lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé au 49e régiment d’infanterie de Bayonne comme chef de la 3e section puis comme commandant de la 7e compagnie qui s’installe, vers le 20 octobre 1939 dans le hameau d’Urbach, située dans la commune d’Epping (Moselle), près de la frontière allemande. La capture d’un sous-officier et de deux soldats allemands en patrouille près des lignes françaises lui vaut une citation à l’ordre de la division, avec attribution de la croix de guerre. Le 18 décembre 1939, lors d’une permission, il épouse Jacqueline Vigneau à Podensac.

Puis la 7e compagnie occupe un point d’appui près de la maison forestière de Neubach, où elle relève la 11e compagnie. Le 16 juin, devant l’avancée des forces allemandes, qui sont entrées dans Paris deux jours plus tôt, la compagnie, qui a rejoint le village de Lemberg dans la nuit, reçoit l’ordre de se replier, avec les autres unités de la ligne Maginot, vers le Donon, où elle arrive trois jours plus tard. Avec des éléments de son bataillon, Robert Moulié organise autour du moulin des Collins un point d’appui qui parvient à contenir l’avance ennemie jusqu’à l’après-midi du 22 juin. Toutefois, le lendemain, parvient aux soldats l’ordre de l’état-major du 23e corps d’armée de cesser le combat, avec la promesse formelle d’une « convention d’honneur » leur permettant de conserver leurs armes et leurs bagages.

Fait prisonnier, Robert Moulié est dirigé vers Strasbourg, où il est interné dans un hospice de sourds-muets, puis conduit en train jusqu’à l’oflag VI C d’Osnabrück (Westphalie), où il est enregistré, avant d’être transféré à l’oflag VI D de Münster. Son séjour dans ce camp de 1 600 à 1 800 prisonniers dure à peu près un an, jusqu’à son évasion, avec quelques camarades, dans la nuit du 22 juin 1941. Après être parvenu à s’échapper, il embarque, avec son ami Kazik, un prisonnier polonais, à la gare de Münster dans un train à destination de Hamm, puis vers Aix-la-Chapelle. Par la suite, les deux hommes se dirigent à pied en direction de la Belgique, où ils sont pris en charge par une famille de fermiers. Ayant obtenu des papiers, ils poursuivent leur route à travers la zone interdite jusqu’à Besançon où, grâce à des complicités locales, ils réussissent à passer la ligne de démarcation.

Passé en zone non occupée, Robert Moulié rejoint en train Marmande, via Bourg-en-Bresse et Lyon. Avec l’aide de son beau-frère, qui est pensionnaire dans un collège technique, il retrouve son épouse, installée à La Réole, de l’autre côté de la ligne de démarcation. Après avoir fait soigner à l’hôpital militaire de Montauban son bras, qu’il s’était cassé lors d’un match de rugby à l’oflag, peu avant son évasion, et réglé sa situation militaire, il obtient un poste d’enseignant dans le village de Coutures-sur-Dropt (Gironde) à la rentrée d’octobre 1941, puis le cours complémentaire de Grignols.

Avec son épouse et son jeune frère, lycéen à Bordeaux, il projette de traverser les Pyrénées pour rejoindre l’Angleterre par l’Espagne. Toutefois, ces projets doivent être repoussées, son épouse se trouvant enceinte au début de 1942. Lorsque leur fils Pierre vient au monde, en janvier 1943, Jacqueline meurt, victime d’une faiblesse hématologique et de l’état sanitaire déplorable de l’époque (manque de soins et de médicaments).

Quelques semaines plus tard, après une visite à son ancien chef de bataillon à Carcassonne, Robert Moulié rejoint en train Osséja (Pyrénées-Orientales), d’où, grâce à la complicité des gendarmes locaux, il traverse les Pyrénées vers le village catalan de Caixans. S’étant fait connaître auprès du consul britannique de Barcelone, il est conduit jusqu’à l’ambassade de Madrid, puis au consulat de Séville, avant d’embarquer clandestinement, à Huelva, à bord d’un cargo britannique qui le conduit à Gibraltar.

Peu après son arrivée, un convoi part pour l’Angleterre. Ayant trouvé place sur le Stirling Castle avec des unités britanniques et une trentaine de passagers français, il arrive à Liverpool en avril 1943. De là, Robert Moulié est emmené en train jusqu’à Patriotic School, à Londres, où les services secrets britanniques l’interrogent. À sa sortie, il est hébergé dans un centre d’accueil français. Reçu par le général Legentilhomme, René Cassin et le général Magrin-Vernerey, alias Monclar, il est nommé à l’École des Cadets de la France Libre comme instructeur. Après un bref passage par le dépôt des forces terrestres, à Camberley, il est donc dirigé sur Ribbesford, près de Bewdley (Worcestershire), où il prend le commandement de la compagnie des deux dernières promotions d’élèves aspirants, Corse et Savoie (juin-décembre 1943) puis 18 juin (janvier-juin 1944).

Sa mission achevée, promu capitaine d’active, il obtient d’effectuer un stage de commando et de parachutiste dans des centres spéciaux britanniques et d’être affecté au BCRA. Parachuté dans les environs de Pontarlier (Doubs) le 8 septembre 1944 avec les aspirants Mayer, Edme et Cassel, il est incorporé à un bataillon des FFI, dont il anime et conduit les actions au profit du 4e régiment de tirailleurs tunisiens (4e RTT) puis du 13e régiment de tirailleurs sénégalais (13e RTS), deux unités de la 1re armée française. Lors de ces combats, il saute sur une mine bondissante. Opéré à l’hôpital militaire de Besançon, il passe ensuite au 2e régiment de chasseurs parachutistes (2e RCP), une unité de la brigade du Special Air Service, en qualité d’officier adjoint du chef de bataillon, le commandant de réserve Puech-Samson. Après quelques semaines passées dans les cantonnements d’Orwell Park, près d’Ipswich, et un court séjour dans un camp secret pour la préparation de la mission, il est parachuté dans la province du Drenthe, aux Pays-Bas, dans la nuit du 7 au 8 avril 1945 dans le cadre de l’opération Amherst. Sur place, la brigade SAS mène des actions de harcèlement sur les arrières des forces allemandes, afin de faciliter l’offensive du 2e corps d’armée canadien.

Après-guerre, Robert Moulié poursuit une carrière d’officier dans l’armée, faisant trois séjours en Indochine, en 1946-1947, en 1949-1952 et en 1954-1955, puis participant à l’opération aéroportée franco-britannique en Égypte, au cours de laquelle il est parachuté sur Port-Saïd, en novembre 1956. Nommé général de brigade en novembre 1969, il meurt en 2006. Il est commandeur de la Légion d’honneur, grand-croix de l’ordre national du Mérite et titulaire de diverses décorations françaises et étrangères.

Bibliographie
Général Robert Moulié, Pierre Moulié, Des SAS au 1er RPIMa, Éditions LBM, 2010.
Général Robert Moulié, En route pour l’Angleterre et la France Libre, Pierre Moulié, 2019.
André Casalis, Cadets de la France Libre, t. I : L’École militaire, Panazol, Lavauzelle, 1994.
André Casalis, Cadets de la France Libre, t. II : Destins croisés, autoédition, 1999.
André Casalis, Cadets de la France Libre, t. III-1 : Destins brisés, autoédition, 2004.
André Casalis, Cadets de la France Libre, t. III-2 : Destins brisés, autoédition, 2004.
Photoscope 2020 : Les photos des Cadets de la France Libre, Association du souvenir des Cadets de la France Libre, 2020.
Service historique de la Défense, château de Vincennes, dossier GR16P433996.

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