Régiment de marche du Tchad (RMT)
Le Régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST) est l’une des toutes premières unités de l’Empire à rallier la France Libre, sous le commandement du colonel Pierre Marchand, commandant militaire du territoire (26 août 1940). Le 3 décembre, le colonel Leclerc est nommé chef du RTST et commandant militaire du Tchad, chargé par le général de Gaulle, avec de très faibles moyens, d’une mission d’une importance stratégique capitale : ouvrir un front français aux confins du Tchad et de la Libye. Avec quelques adjoints de valeur (le lieutenant-colonel d’Ornano, les capitaine Massu et de Guillebon, le lieutenant Eggenspiller) et des effectifs importants (6.000 hommes, dont 500 Européens), Leclerc prépare le raid contre Mourzouk, où Jean Colonna d’Ornano trouvera la mort (11 janvier 1941), et surtout la prise de Koufra (1er mars). La campagne fut menée par un détachement du RTST, à qui reviendra la gloire d’avoir remporté la première victoire purement française en Afrique orientale.
Le régiment tchadien ne changera d’appellation qu’en juin 1943 au camp de Sabratha (Tripolitaine), au moment de la constitution de la 2e DFL, future 2e DB. Dans l’intervalle, il aura constitué le fer de lance de toutes les campagnes de la colonne Leclerc – devenue « Force L » à la fin 1942 – en Afrique (Fezzan, Tripolitaine, Tunisie). Renforcé d’éléments venant du Corps franc d’Afrique, avec le commandant Putz, des volontaires d’Afrique du Nord – tous très jeunes et beaucoup de la région d’Oran – et des évadés de France par l’Espagne, et de l’armée d’Afrique, commandé par le lieutenant-colonel Dio, le Régiment de marche du Tchad (RMT) comprend désormais trois bataillons et une compagnie de commandement régimentaire.
De septembre 1943 à juillet 1944, d’abord au camp de Temara (Maroc), puis en Angleterre, le RMT subira un entraînement intensif, comme les autres unités de la division*, avant de débarquer à Utah Beach le 1er août 1944 et d’être engagé dans la bataille de Normandie**. Au soir du 24 août, c’est un détachement du RMT (la 9e compagnie du 3e bataillon, commandée par le capitaine Dronne) qui entra le premier dans Paris; le lendemain, ce furent « ceux du Tchad » qui s’emparèrent du Majestic et du Meurice, hauts lieux de l’occupation allemande dans la capitale. Le RMT sera ensuite de toutes les opérations menées par la 2e DB***. Sa citation à l’ordre de l’armée, publiée au Journal officiel du 12 juin 1945, s’achèvera par ces mots : « Seule unité constituée qui se soit, dans son ensemble et dès les premiers instants, refusée à capituler, a montré dans tous les combats et sur tous les fronts une ardeur, une habileté manœuvrière et un esprit de sacrifice digne des plus belles traditions de l’Infanterie coloniale. » Le RMT se verra en outre attribuer la croix de la Libération.
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* Le RMT était le noyau central de la Division, mais celle-ci comprenait en outre : trois régiments ou groupes d’artillerie (3e RAC, 64e RADB, 40e RANA), un groupe de canons antiaériens, un régiment de reconnaissance (le 1er RMSM), trois régiments de chars (501e RCC, 12e RCA, 12e régiment de cuirassiers), un régiment de chasseurs de chars (le régiment blindé de fusiliers marins), un bataillon du Génie et plusieurs unités (santé, réparations, train, services). Pendant la campagne de France, ces unités furent réparties entre quatre groupements (Dio, Langlade, Guillebon, Rémy).
** Il s’illustrera notamment dans les combats de la forêt d’Ecouves.
*** Notamment à Baccarat, à Strasbourg et sur l’Ill.