Raymond Derville

Raymond Derville

Raymond Derville (DR).

Raymond Jean Marie Joseph DERVILLE
Né le 27 février 1914 à Roubaix (59)

Engagé dans les Forces Aériennes Françaises Libres
Matricule FAFL 30.062
« Disparaît en Russie » le 13 avril 1943 dans le secteur de Spas-Demensk

Pilote au groupe de chasse GC3 « Normandie »
« Mort pour la France » à l’âge de 22 ans

LE CONTEXTE AVANT SA DISPARITION

Raymond DERVILLE, passionné d’aviation, est âgé de 19 ans lorsqu’il obtient son brevet de pilote de tourisme. Diplômé de l’école HEC, il s’engage dans l’armée de l’Air en 1935. Breveté pilote militaire, il est contraint de quitter l’armée en octobre 1936.

Lorsque la France entre en guerre en septembre 1939, il est mobilisé pour rejoindre la base aérienne 104 de Dugny-Le Bourget. Il suit la formation du peloton des élèves officiers de réserve (EOR). En janvier 1940, nommé au grade de sous-lieutenant, il est affecté à la base aérienne de Châteauroux.

Le 17 juin 1940, face à l’invasion fulgurante de l’armée allemande, le maréchal PÉTAIN, au cours d’une allocution radiophonique, annonce aux Français avoir demandé à l’ennemi l’arrêt des combats. Raymond refusant la défaite de l’armée française décide de quitter la France pour rejoindre l’Angleterre afin de poursuivre le combat.

Paquebot SS Arandora Star (DR).

À Saint-Jean-de-Luz, il réussit le 23 juin 1940 à embarquer clandestinement sur le paquebot britannique SS Arandora Star venu évacuer des troupes polonaises vers la Grande-Bretagne.

À son arrivée en Angleterre, Raymond fait le choix de répondre à l’Appel du général de GAULLE et s’engage dans les FAFL (Forces Aériennes Françaises Libres). Il va suivre le parcours des écoles de la RAF (Royal Air Force) et en mai 1941 obtient son brevet de pilote de chasse.

Désigné par l’état-major des FAFL, il doit rejoindre le Moyen-Orient pour aller renfoncer les effectifs des pilotes de « l’escadrille de chasse n°1 ». À son arrivée à Damas, il est affecté au groupe de chasse « GC1 Alsace » au moment de sa création. En février 1942, le GC1, devenu opérationnel, est envoyé sur le front combattre auprès des Anglais les forces italo-germaniques dans le désert égyptien.

En juin 1942, Raymond DERVILLE se porte volontaire parmi les tout premiers pour partir combattre en Russie au sein de la toute nouvelle escadrille de chasse baptisée « GC3 Normandie ». Fin novembre, il arrive en Russie sur le terrain d’aviation d’Ivanovo, situé à 250 km au nord-est de Moscou, avec treize de ses camarades pilotes.

Avion de chasse russe « Yak 1 » à Ivanovo (DR).

Malgré les dures conditions climatiques de la période hivernale, les entraînements débutent aussitôt sur avion de chasse russe « Yakovlev Yak 1 ». Le dégel rend les décollages et les atterrissages très périlleux, d’autant plus que les pistes ne sont le plus souvent que de simples champs. Il faut trois hommes sous chaque aile pour rouler les avions sur la piste.

Après 4 mois d’entraînement, le groupe est prêt pour ses premières missions opérationnelles. Le 22 mars 1943, l’unité s’envole avec ses 14 « Yak » pour s’installer à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Moscou, sur le terrain de Monkounino, près de Polotniani-Zavod, distant de 50 km du front. Les missions vont consister notamment à escorter les bombardiers Pe2. La chasse ennemie dans le secteur est assurée par la prestigieuse « 1ère armée aérienne Mölders ».

Le 13 avril 1942, Raymond DERVILLE est désigné pour participer à la mission du jour.

Il ne sait pas… pour lui ce sera la dernière.

SA DERNIERE MISSION

Mardi 13 avril 1943, le groupe de chasse « Normandie » est désigné pour effectuer une opération de « chasse libre » au-delà de la ligne de front sur un secteur conquis par l’armée allemande situé à une centaine de kilomètres.

Six pilotes vont y participer. Ils sont répartis en trois sections de deux : Raymond DERVILLE est l’équipier du commandant Jean TULASNE qui conduit la mission, Yves BIZIEN est l’équipier d’Yves MAHÉ et André POZNANSKI est l’équipier d’Albert DURAND.

Les conditions météorologiques sont assez bonnes avec des nuages blancs dispersés et une visibilité médiocre face au soleil.

Le « YAK1b » n°17 de Yves Bizien (DR).

En début d’après-midi, les six « Yak 1b » du « GC3 Normandie » décollent du terrain de Monkounino.

Le groupe franchit la ligne du front à 10 km au nord de Spas-Demensk à une altitude de 2600 m. Ensuite, comme convenu, les 3 sections s’échelonnent sur trois hauteurs différentes entre 2500 et 4000 m d’altitude leur itinéraire Moukovnino – Mozalsk – Pavlinovo – Kirov – Mechovsk – Moukovnino.

Il est 15h09 lorsque Albert DURAND aperçoit, à 500 m au-dessus de lui, quatre avions de chasse ennemis « Focke-Wulf Fw190 ». Aussitôt, par radio, il prévient ses camarades du danger, mais ceux-ci ne semblent pas avoir entendu le message.

Quelques secondes plus tard, huit « Fw190 » de l’escadre de chasse JG 51 « Mölders » (Jagdgeschwader n°51) s’abattent sur les « Yak », alors qu’au même instant débutent des tirs au sol provenant de la défense anti-aérienne. Il s’ensuit huit minutes d’un combat tournoyant et intensif.

Yves MAHÉ poursuit deux « Fw190 » sur lesquels il finit par vider tous ses chargeurs. Ces derniers pour échapper à son attaque décident de rompre le combat en piquant vers le sol. Yves, au cours de la bataille, a perdu de vue son équipier Yves BIZIEN.

Pendant ce temps, André POZNANSKI et Albert DURAND sont attaqués par deux autres « Fw190 ». Au cours du combat, Albert perd de vue son équipier. À cours de munitions, il doit rompre à son tour le combat.

Au-dessous de la couche nuageuse, Raymond DERVILLE, qui a perdu son équipier Jean TULASNE, se colle à son camarade Yves MAHÉ et forme une nouvelle patrouille pour regagner Polotiani. Le combat n’est pas terminé pour eux car, au moment où ils sont sur le point de passer la ligne de front, trois « Fw190 » surgissent les attaquant par l’arrière. MAHÉ échappe de justesse aux tirs de ses assaillants tandis qu’il aperçoit l’avion de son camarade DERVILLE piquer vers les lignes allemandes, traînant dernière lui une longue traînée de fumée noire.

Le combat terminé, les rescapés regagnent leur terrain. Seulement trois Yak se posent à Monkounino, les trois avions manquants sont ceux d’Yves BIZIEN, de Raymond DERVILLE et d’André POZNANSKI.

Un « mardi noir » pour le « Normandie » qui enregistre ses premières pertes avec la disparition de trois de ses pilotes. Dans cette bataille aérienne, un avion allemand « Fw190 » a été abattu. Il est décidé d’attribuer cette victoire en collaboration aux trois disparus.

Des opérations de recherches sont organisées pour tenter de retrouver la trace des pilotes. Au sol, les troupes russes ont aperçu deux avions présumés du GC3 descendant en vol plané à l’intérieur des lignes allemandes dans un secteur très boisé et marécageux.

Les jours passent sans aucune nouvelle des pilotes. Seul le Yak de Raymond DERVILLE sera retrouvé par les Allemands à 15 kilomètres à l’intérieur des lignes, aucune trace pour les deux autres avions.

Un mois plus tard, le 10 mai 1943, les recherches étant restées infructueuses, les trois pilotes, BIZIEN, DERVILLE et POZNANSKI sont officiellement déclarés « porté disparu ».

Le lieutenant Raymond DERVILLE sera présumé décédé en date du 13 avril 1943. On soupçonne les Allemands d’avoir retrouvé le pilote et l’avoir fusillé. Âgé de 29 ans, il était crédité d’une victoire aérienne et totalisait 466h de vol, dont 43h de vol de guerre en 35 missions.

Son corps n’a jamais pu être retrouvé.

Estimation du lieu de la disparation entre les villes de Spas-Demensk et Milyatino.

Pour en savoir davantage sur le parcours de Raymond Derville, vous pouvez télécharger sa biographie complète au format PDF.

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