Ralliement de l’île de la Réunion
En mai 1942, après l’occupation de Diégo-Suarez par les Britanniques, le contre-amiral Auboyneau décide de faire effectuer par le contre-torpilleur Léopard et l’aviso Commandant Duboc le ralliement de l’île de la Réunion.
À la suite d’incidents divers l’opération est retardée et ce n’est que le 4 novembre 1942 que le Léopard appareille du Cap et arrive à l’île Maurice le 27 au matin, il y reçoit l’aide des Britanniques et embarque le capitaine Patureau, représentant du général de Gaulle à l’île Maurice. Il appareille le soir même et à 22 h 30, il est à 10 miles dans le nord de Saint-Denis, le bâtiment se rapproche de la côte et met à l’eau deux embarcations indigènes dans lesquelles prennent place le capitaine Patureau, l’EV Moreau et un petit détachement.
Ils débarquent sans problème vers 0 h 20. Quelques temps plus tard, le capitaine de frégate Richard Evenou, commandant du Léopard, ne recevant pas de signal de ce premier groupe, décide de mettre à terre la compagnie de débarquement, celle-ci se retrouve à terre, sans opposition et va occuper la station de radio, la gendarmerie, la gare et le central PTT puis le palais du gouverneur. L’état de siège est proclamé dans Saint-Denis qui s’éveille. Le gouverneur de l’île, M. Aubert, est dans sa résidence d’été à Hellbourg.
M. Capagorry, administrateur désigné pour l’île de la Réunion qui avait embarqué à Pointe-Noire, débarque du Léopard et s’installe à l’hôtel du gouvernement où le CC Baraquin établit son PC.
La matinée se passe calmement sauf au port des Galets où M. Lepervenche, sympathisant de la France Libre, et ses amis cherchent à s’emparer d’une batterie qui tire au canon sur les embarcations qui quittent le port pour rallier le Léopard.
Dans la soirée toute résistance cesse, il y a eu cependant deux morts et quelques blessés. Le gros des troupes, qui est stationné à Hellbourg, ne s’est pas manifesté au cours de cette première journée. Dans la soirée l’Évêque de Saint-Denis, Monseigneur de Langavan, a pris contact avec le nouveau gouverneur Capagorry et accepte de se rendre à Hellbourg auprès du gouverneur Aubert. Ce dernier, estimant que toute résistance devenait inutile, alors que l’Afrique du Nord et l’AOF avait déjà rallié la cause des Alliés, informe l’Évêque qu’il décide de faire cesser toute hostilité dès le 30 novembre à 17 heures.
Finalement le 30 novembre 8 h 45, la résistance de la Réunion prend fin et l’île se rallie officiellement à la France Libre.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 285, 1er trimestre 1994.