L’Ordre de la Libération

L’Ordre de la Libération

L’Ordre de la Libération

L’Appel du 18 Juin contient en germe la création de l’ordre de la Libération.

Le général de Gaulle s’interdisant par respect scrupuleux de nos institutions de distribuer des insignes de la Légion d’honneur, la nécessité lui apparut très vite de créer une récompense spéciale destinée à ceux qui auraient travaillé d’une façon particulièrement remarquable à la libération de la France et de l’empire français.

L’ordre de la Libération

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Croix de l’Ordre de la Libération, telle que l’ont reçue les premiers Compagnons : le ruban, de fabrication anglaise, comportait alors des rayures diagonales (RFL).

La principale raison de la création d’une nouvelle distinction résidait dans les circonstances particulières dans lesquelles se situait l’action. Il s’agissait, en effet, de récompenser, d’une manière tout à fait originale, le dévouement de ceux qui – si peu nombreux au départ (nous n’étions pas mille le 14 juillet à Londres) – avaient accepté de tout risquer pour participer à une aventure dont on ignorait, en 1940, quel serait son aboutissement.

En octobre 1940, à Fort-Lamy, le général de Gaulle, après avoir fait part au capitaine de vaisseau d’Argenlieu, de ses intentions politiques, pour organiser les territoires de l’empire ralliés, ajouta: «Notre entreprise est hérissée de difficultés. Les Français seront lents à nous rallier. Le risque leur fait peur. Ils ont besoin d’être encouragés, stimulés. Je suis décidé à créer un insigne nouveau, face à l’imprévisible conjoncture. Il récompensera ceux des nôtres qui se seront signalés dans cette haute et âpre campagne, pour la libération de la France.»

Une décoration spéciale et originale, était donc nécessaire pour récompenser les mérites exceptionnels, manifestés dans une conjoncture, elle-même, exceptionnelle.

Ce désir du général de Gaulle devait se réaliser très rapidement, et le 16 novembre 1940 à Brazzaville, le général de Gaulle signera l’ordonnance n° 7 créant l’ordre de la Libération.

La rapidité avec laquelle cet ordre original est créé montre à quel point il est lié, dès le début, à l’histoire de la France Libre. Il prouve, aussi, l’importance que le général de Gaulle accordera à cet ordre de chevalerie.

Les premiers projets faisaient ressortir la création d’un « ordre de la Délivrance », dont les membres devaient s’appeler « les Croisés de la Délivrance » ou de la « Libération ».

Cette appellation de « Croisés » témoigne parfaitement de l’idée qui était à l’origine de l’ordre; l’idée d’une nouvelle chevalerie regroupant, comme au Moyen Âge, les serviteurs d’une cause et d’un idéal presque religieux.

Mais très vite, ce titre apparut quelque peu emphatique et désuet. Aussi, le général de Gaulle fit appel au professeur René Cassin, afin que ce dernier rédige les textes définitifs.

C’est ainsi que René Cassin proposa le terme de Compagnon, qui avait été utilisé à plusieurs reprises dans l’histoire de notre pays.

Compagnon de la Libération

Ce mot de « Compagnon » fut agréé par le général de Gaulle, et l’ordonnance définitive, publiée au Journal officiel de la France Libre, comporte ce terme qui ne fut jamais remis en cause.

Dans le même temps, où se décidait l’appellation de titulaire de la décoration, l’insigne de l’ordre était conçu, dessiné et réalisé.

La croix est très sobre. C’est un écu de bronze poli, qui comporte un glaive dépassant de haut en bas. Ce glaive est chargé d’une croix de Lorraine noire.

Au revers de l’écu est inscrit en exergue la devise : « Patriam servando victoriam tulit« .

Les couleurs du ruban ont été choisies, de façon symbolique : le noir, exprimant le deuil de la France opprimée par les envahisseurs, le vert, exprimant l’espérance.

Il n’y a qu’un seul type de croix de la Libération, compte tenu du fait qu’il n’y a qu’un seul et unique grade.

L’ordre de la Libération, tout en gardant ses caractéristiques propres, a puisé parmi les autres ordres certains traits et éléments de son organisation.

Il est ainsi comparable aux ordres de chevalerie médiévaux; ses aspirations, la libération de la France, la victoire sur le nazisme, font penser aux grands ordres tels que ceux de Malte, du Saint-Sépulcre ou des Templiers, qui étaient réunis dans un même esprit de lutte contre les infidèles et de défense des lieux saints.

Par les circonstances de sa création, il se rapproche également de l’ordre de Saint-Michel créé en 1469 par Louis XI. Celui-ci, combattant le duc de Bourgogne Charles le Téméraire, décida de créer cet ordre afin d’encourager ses vassaux à rejoindre sa bannière. Les spécialistes de la chevalerie ne manquèrent pas de souligner ces points communs, puisque le collier du grand maître de l’ordre de la Libération s’inspire, dans sa réalisation, du collier de l’ordre de Saint-Michel.