Le sous-marin Narval
Sous-marin de première classe (900 tonnes, dix tubes lance-torpilles, vitesse: 16 nœuds), le Narval avait été lancé en 1925. En 1939, c’était déjà un bâtiment ancien, ce qui ne l’empêcha nullement d’opérer en Méditerranée orientale durant la « drôle de guerre ». A la fin de juin 1940, il regagnait sa base de Sousse, après une mission de trois jours entre la petite île italienne de Pantelleria et la Tunisie. C’est là que son commandant, le capitaine de corvette Francois Drogou, apprit la signature de l’armistice ; noté comme un « excellent officier » et un « bon marin », il était secondé par deux adjoints de valeur, les lieutenants de vaisseau Jacques Sevestre et Paul Rimbaud.
Le 24 juin, peu avant minuit, le Narval quitta Sousse à destination de Malte, où le commandant Drogou et tous les hommes qui le suivaient avaient décidé de rallier la France Libre et de poursuivre le combat : « Trahi sur toute la ligne, je rallie un port anglais », avait-il télégraphié avant son départ. Durant plusieurs mois, il multipliera les patrouilles et les reconnaissances en Méditerranée occidentale. Le 21 décembre 1940, il ne rentrera pas. Le narval sera porté disparu jusqu’en novembre 1957, ou l’on retrouva son épave au large des îles Kerkennah. Il avait coulé sur une mine française qui défendait le port de Sfax.
Drogou, Sevrestre et Rimbaud furent faits Compagnons de la Libération, ainsi que deux autres hommes du Narval : le second maître mécanicien Guy Perotin, âgé de 20 ans, et le maître torpilleur Joseph Vergos.