Le « menuet » de Baccarat

Le « menuet » de Baccarat

Le « menuet » de Baccarat

31 octobre 1944

La 2e DB, qui a quitté Paris le 8 septembre, s’est d’abord regroupée à Bar-sur-Aube, chargée de progresser vers l’Est en couverture du flanc sud de la IIIe armée américaine. Elle a incorporé trois escadrons de FFI, rattachés au Régiment de marche du Tchad (RMT). Entrant en opérations quelques jours plus tard à l’est de la Marne, elle dépasse la Meuse, atteint Vittel et reçoit la mission d’attaquer en direction d’Epinal. Dans les jours suivants, elle multiplie les succès : prise de Dompaire (13 septembre), passage de la Moselle (18-20 septembre) puis de la Meurthe (22 septembre), elle connaît une phase statique d’un mois :

« Ce n’est pas, loin de là, l’inactivité, raconte le général Compagnon ; mais l’action se résume à des patrouilles, des reconnaissances, des recherches de renseignements, des prises de prisonniers, des contacts avec la population locale et, si possible, avec les FFI et résistants venant de la zone occupée par les troupes allemandes. Il faut avec des commandos de fortune monter des embuscades pour faire des prisonniers et obtenir des renseignements. Il convient aussi de s’enterrer et de s’abriter contre des tirs fort efficaces de l’artillerie allemande et contre les intempéries fort gênantes pour l’observation et la vie courante. » (Leclerc, maréchal de France)

Cette longue période permet à Leclerc de réorganiser et de remettre en ordre sa division, et surtout de mettre au point une opération qui préludera à la reprise du mouvement en avant : la prise de Baccarat. Avec l’accord du commandement américain et un appui d’artillerie indispensable, il monte minutieusement son affaire : la surprise sera totale et la destruction du saillant allemand tenu par la 21e Panzerdivision du général Manteuffel immédiate et complète. Le plan de Leclerc consiste à déborder Baccarat au nord et à déboucher par la forêt de Mondon, tout en simulant une attaque au sud de la Meurthe.

L’attaque est déclenchée le 31 octobre par un tir massif d’artillerie. Un à un, les sous-groupements de la division neutralisent et enlèvent toutes les positions qui commandent la ville : « Le spectacle, écrit André Martel, a été préparé dans les moindres détails, sur une scène reconnue, exécuté par une troupe rodée et bien encadrée, conduit à un train d’enfer par des commandants de sous-groupements résolus et imprégnés du triple principe d’emploi de l’arme blindée : surprise, rapidité, puissance. » (Leclerc, le soldat et le politique) Le « menuet » de Baccarat plongera dans l’admiration les observateurs américains présents : « Une de mes plus belles réussites », confiera Leclerc, qui entre aussitôt dans la ville où il installe son PC, en n’ayant dès lors qu’une seule obsession : la prochaine conquête de Strasbourg.