Maurice de Jacquelot du Boisrouvray

Maurice de Jacquelot du Boisrouvray

Maurice du Boisrouvray (DR).

Maurice Marie Louis de Jacquelot du BOISROUVRAY
né le 27 juillet 1910 à Versailles (78)

Engagé dans les Forces Aériennes Françaises Libres
Matricule FAFL 30.493
« Disparaît » en Libye le 20 décembre 1941 dans le secteur de Benghazi

Navigateur au Groupe de Bombardement « LORRAINE »
Compagnon de la Libération

« Mort pour la France » à l’âge de 30 ans
Il totalisait plus de 333 H de vol et 22 missions de guerre

LE CONTEXTE AVANT SA DISPARITION

Maurice du BOIROUVRAY, officier de réserve de l’Armée de l’Air depuis 1933, est breveté observateur en avion. Lorsque la France entre en guerre, il exerce le métier d’employé de banque à Dakar au Sénégal. Rappelé sous les drapeaux, de retour en métropole, il participe en mai 1940 à des missions de liaisons aériennes durant les batailles des Ardennes et de la Meuse.

Le 17 juin 1940, il entend l’allocution radiophonique du Maréchal PETAIN, demandant l’arrêt des hostilités. Maurice, refusant l’idée de déposer les armes, décide alors de quitter la France pour rejoindre l’Angleterre, afin de continuer le combat.

Quatre jours plus tard, le lieutenant Maurice du BOISROUVRAY embarque à Saint-Jean-de-Luz sur un navire transporteur de troupes le Sobiesky, évacuant les soldats polonais vers l’Angleterre. À son arrivée à Liverpool, il fait le choix de répondre à l’Appel du Général de GAULLE en s’engageant parmi les tout premiers dans les FAFL (Forces Aériennes Françaises Libres).

En août 1940, Il se porte volontaire pour rejoindre l’Escadrille de Bombardement TOPIC en AEF (Afrique Equatoriale Française). A son arrivée au Tchad, Maurice du BOISROUVRAY est affecté au G.R.B.1 (Groupe Réservé de Bombardement n°1).

En février 1941, il participe aux opérations qui vont permettre au Colonel LECLERC la prise de la garnison italienne de l’oasis de Koufra dans le désert libyen, première victoire des troupes de la France-Libre. Puis c’est au sein de l’Escadrille de bombardement n°1 installée au Soudan, issue des éléments du GRB1, que Maurice participe à la Campagne d’Abyssinie.

Blenheim du Groupe LORRAINE en Libye (DR).

En août, Maurice de BOISROUVRAY est envoyé à l’Etat-Major des FAFL au Moyen-Orient. Il est rapidement muté au Groupe de Bombardement n°1 (GB1) baptisé depuis peu « LORRAINE » en cours de formation sur la Base aérienne de Damas en Syrie, équipé de bombardiers Blenheim. Maurice va effectuer des vols d’entrainement en qualité de navigateur.

Le 12 novembre 1941, le Groupe de bombardement LORRAINE devenu opérationnel est envoyé sur le théâtre des opérations au-dessus du désert libyen. Il est intégré dans le dispositif de la RAF en Egypte, au 210e Wing et va s’installer en plein désert sur le terrain LG.75 (Landing Ground) situé à une quarantaine de kilomètres au sud du village côtier de Sidi-Barrani, à 300 km à l’ouest d’Alexandrie.

L’armée britannique, dans le secteur de Tobrouk en Lybie, doit désormais faire face aux divisions blindées de l’Afrikakorps commandées par le Maréchal ROMMEL, ainsi que la division blindée italienne « Ariete », à quoi s’ajoutent des renforts de la Luftwaffe.

Le 20 décembre 1941, Maurice du BOISROUVRAY est désigné pour participer à une nouvelle mission offensive.

Il ne le sait pas… ce sera sa dernière mission.

SA DERNIERE MISSION

Samedi 20 décembre 1941, les Squadrons, composant le « 210e Wing » doivent effectuer une importante mission de reconnaissance offensive contre les véhicules de transport ennemis qui battent en retraite sur la route de Benghazi en Libye. Le Groupe de bombardement « LORRAINE » en fait partie, accompagné par des bombardiers Blenheim des 45e et 84e Squadron de la RAF. Ils seront sous la protection de 19 avions de chasse P40-Tomahawk des 112e et 250e Squadron.

Quatre bombardiers « Blenheim Mk IV » du LORRAINE décollent et prennent le cap à l’ouest en direction de Benghazi. La formation est menée par le Blenheim du lieutenant-colonel Félix PIJEAUD. Dans le second se trouve l’équipage du pilote Yves EZZANO, et dans le troisième l’équipage du pilote Pol CHARBONNEAU.

Dans le quatrième, le Blenheim n°9, Maurice du BOISROUVRAY est au poste de navigateur avec comme pilote le sergent-chef Jean REDOR et comme radio-mitrailleur le sergent-chef PERBOST.

Blenheim Mk IV n°9 du Groupe LORRAINE (DR).

La formation se trouve désormais dans la région de Barce. La météo n’est pas fameuse, le ciel est composé de deux couches de nuages superposées, dont une assez près du sol.

Les avions volent entre les deux lorsque soudain 15 avions de la chasse ennemie débouchent de la couche supérieure. Ce sont des Messerschmitt « Me109 » des escadrilles n° I et n° II de l’escadron de chasse Jagdgeschwader n°27 (JG27) de l’aviation allemande. En l’espace d’un instant, c’est la mêlée. L’escorte de chasseurs engage le combat immédiatement faisant face aux assaillants, pendant que les bombardiers piquent pour aller se réfugier dans la couche inférieure de nuages.

Un combat acharné se déroule, ça vole et tire dans tous les sens. Les balles traçantes donnent à ce spectacle féérique l’aspect d’un feu d’artifice du 14 juillet. Un Blenheim anglais est mis en flammes, les autres tentent de resserrer leur formation mais les Me109 attaquent si violemment que la manœuvre avorte avant que les bombardiers puissent se soutenir mutuellement. On aperçoit des appareils en flammes, amis et ennemis, brûlant comme des torches.

Le Blenheim de Félix PIJEAUD est abattu presque immédiatement, son mitrailleur Louis DELCROS est mortellement blessé. Le pilote et le navigateur Gaston GUIGONIS réussissent à sauter en parachute alors que l’avion est totalement en flammes.

Les avions de chasse « Tomahawk » réussissent à abattre cinq des « Messerschmitt », tout en subissant eux-mêmes des pertes sévères, quatre sont descendus.

Le Blenheim du lieutenant Yves EZZANO est pris à partie par deux Me109. Ses équipiers Raymond TOURNIER et René BAUDEN le défendent durement. BAUDEN, lors d’une manœuvre d’esquive de son pilote, abat l’un des assaillants ; celui-ci après une vrille désordonnée s’écrase au sol.

Soudain on aperçoit l’avion du sergent-chef REDOR enveloppé de longues flammes, jaillissant de ses deux moteurs, commençant à ronger les entoilages de ses gouvernes. Deux Messerschmitt s’acharnent sur lui et le Blenheim déséquilibré glisse sur la tranche, passe sur le dos et disparait dans la couche nuageuse.

Le combat finit par cesser et les avions tentent de rentrer à leurs terrains. L’opération, il faut le dire, est un échec. Cinq avions de chasse et deux Blenheim anglais sont portés manquants. Au Groupe LORRAINE, deux Blenheim sont portés manquants, dont le « Blenheim n°9 » de Jean REDOR.

Une note de service de l’Etat-Major FAFL du Moyen Orient du 18 février 1942, indique que toutes les recherches effectuées pour retrouver l’avion du Sergent-chef REDOR sont restées infructueuses.

Maurice du BOISROUVRAY âgé de 31 ans, Jean PERBOST âgé de 26 ans et Jean REDOR la veille de son 22e anniversaire, sont officiellement portés disparus.

Leurs corps ne seront jamais retrouvés.

Estimation du lieu de la disparition au nord d’El-Abi dans le secteur de Benghazi.

Pour en savoir davantage sur le parcours de Maurice du Boisrouvray, vous pouvez télécharger sa biographie complète au format PDF.

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