Maurice Choron
Maurice Philippe César CHORON
né le 7 novembre 1911 à Béthisy-Saint-Pierre (60)
Engagé dans les Forces Aériennes Françaises Libres
Matricule FAFL 30.501
« Disparaît » le 10 avril 1942 dans le secteur du Touquet
Pilote au « 340 Squadron ‘’Île de France’’ »
Compagnon de la Libération
« Mort pour la France » à l’âge de 30 ans
LE CONTEXTE AVANT SA DISPARITION
Maurice CHORON, passionné d’aviation, obtient à l’âge de 20 ans son brevet de pilote d’avion de tourisme. Durant son service militaire il obtient son brevet de pilote militaire à Istres. De retour à la vie civile, il est engagé comme pilote à CAF (compagnie aérienne française). Puis devient chef-pilote dans plusieurs aéroclubs.
Lorsque la France entre en guerre en septembre 1939, il est mobilisé en qualité de pilote-instructeur dans des écoles de pilotage. En décembre 1939, accepté pour suivre la formation préparatoire d’élève officier de réserve (PPEOR), il est dirigé vers le centre d’Instruction du bombardement (CIB) de Toulouse-Francazal.
Le 16 juin 1940, face à l’avancée fulgurante des troupes allemandes à travers la France, exécutant un ordre de repli vers l’Afrique du Nord, Maurice apprend qu’il va être dirigé vers Port-Vendres pour embarquer.
Après avoir entendu le discours radiophonique du 17 juin 1940 prononcé par le maréchal PETAIN demandant l’arrêt des hostilités et un accord d’armistice avec l’ennemi, Maurice CHORON se refuse à l’idée de déposer les armes. Maurice quitte Toulouse-Francazal le 20 et arrive à Port-Vendres le 22 juin. Il y règne une cohue générale, Maurice, livré à lui-même, trouve le moyen d’embarquer clandestinement à bord de l’Apapa, un cargo transporteur de troupes venu participer à l’évacuation des troupes polonaises à destination de Gibraltar, territoire britannique. C’est un choix douloureux que vient de prendre Maurice qui laisse derrière lui son épouse et ses deux jeunes enfants.
Avec lui, un groupe d’aviateurs bien décidés à continuer la lutte et rejoindre la Grande-Bretagne seul pays encore en guerre contre l’Allemagne : Jean de TEDESCO (†disp.), Charles PIJEAUD (†), Jacques GUILLOU de MEZELIS (†), Pierre BOURGEOIS (†disp.), Eugène REILHAC (†disp.) et Jean NETTER.
A son arrivée en Angleterre, Maurice fait le choix de répondre à l’Appel du général de GAULLE et s’engage dans les FAFL (Forces Aériennes Françaises Libres).
Repéré et sélectionné pour son expérience de pilote, il va suivre une courte formation au sein des écoles de la Royal Air Force (RAF).
Devenu opérationnel, il est affecté en septembre au « 64 Squadron » de la RAF. Il est ainsi le premier des treize pilotes FAFL qui pourront participer à la bataille d’Angleterre. Le 1er novembre il obtient sa première victoire aérienne en détruisant un hydravion « Heinkel He115 ».
En juillet 1941 il est muté au « 609 Squadron ». Il effectue de nombreuses missions au-dessus de la mer du Nord, de la Manche et des territoires occupés du nord de la France au-cours desquelles il va accumuler les victoires.
En avril 1942, il est affecté au « 340 Free French Squadron ‘’Île de France’’ » installé sur la côte sud-est de l’Angleterre composé uniquement de pilotes FAFL. Maurice a le plaisir d’y retrouver bon nombre de ses amis.
Dès le lendemain de son arrivée il est désigné pour participer à une importante mission offensive dans le nord de la France.
Il ne le sait pas… ce sera la dernière.
SA DERNIERE MISSION
Vendredi 10 avril 1942, la RAF a programmé pour cette fin de journée une mission de bombardement des installations portuaires de Boulogne-sur-Mer par douze chasseurs bombardiers Hurricane. Pour cette opération six « Wing » composées de Squadrons de chasse sont prévues, soit environ 250 chasseurs pour assurer leur protection et surtout pour attirer les chasseurs ennemis afin de les mener au combat.
La « Wing de Tangmere » en fait partie. Elle sera composée des Squadrons 340, 41 et 129. Elle sera conduite par l’ami de Maurice, le Wing-Commander Michael « Micky » ROBINSON.
Le « 340 Squadron » sera conduit par le Squadron Leader Philippe de SCITIVAUX, qui a sélectionné pour cette mission les plus expérimentés de ses pilotes.
Il est 17h10 lorsque onze Spitfire du groupe « Île de France » décollent pour leur première mission opérationnelle depuis l’arrivée à Westhampnett. Les Spitfire du « 129 Squadron » vont les rejoindre, ainsi que ceux du « 81 Squadron » venus du terrain de Merston.
Maurice CHORON est aux commandes du « Spitfire Vb (BL761) GW-U ». Il fait partie de la « RED section ». Il est l’équipier du Wing-Commander ROBINSON (Red 1).
Le lieutenant de LABOUCHERE (Red 3) et son équipier le lieutenant GIBERT (Red 4) complète la section.
La « BLUE section » est conduite par le capitaine DUPERIER (Blue 1) avec comme équipier le sergent-chef DEBEC (Blue 2). Le lieutenant SCHOESING (Blue 3) et son équipier le sous-lieutenant FOURNIER (Blue 4) complètent la section.
La « YELLOW section » est conduite par le Squadron Leader de SCITIVAUX (Yellow 1) avec comme équipier le sergent-chef DARBINS (Yellow 2). Le lieutenant MOUCHOTTE (Yellow 3) et son équipier le sergent-chef GUIGNARD (Yellow 4) complètent la section.
Au point de rendez-vous au-dessus de Beachy-Head, ils sont rejoints par les Squadrons 303, 316 et 317 de la « Wing de Northolt ». Après avoir traversé La Manche, ils franchissent la côte française au-dessus d’Hardelot à environ 5000 mètres d’altitude. La « Wing de Tangmere » poursuit sa route et commence à sillonner le secteur entre Le Touquet et Calais.
Les chasseurs allemands sont déjà là. Il est environ 17h40 lorsque le Wing/Co déclenche une attaque contre deux « Messerschmitt Me109 » aperçus en-dessous d’eux. Maurice réussit à en placer un dans son collimateur, tire quelques rafales et finit par l’abattre, probablement détruit.
Au cours de la bagarre, ils n’ont pas vu foncer sur eux quatre « Focke-Wulf Fw190 » appartenant à la légendaire escadre de chasse « Jagdgeschwader n°26 » surnommée « JG26 Schlageter ». Le commandant De SCITIVAUX, aux commandes du « Spitfire Vb (BL909) GW-C », est poursuivi par l’un d’eux, victime de ses tirs, son avion perd une partie de son aile et part aussitôt en vrille. Heureusement le pilote réussit à s’extraire de son cockpit et saute en parachute.
Maurice lui aussi est victime de ses assaillants. Son avion, sérieusement touché par les tirs ennemis, commence a laissé échapper de son moteur une fumée épaisse. Le Spitfire devenu incontrôlable, Maurice n’a pas d’autre choix, que d’abandonner son avion après un dernier message radio à 17h52 : « Je vais sauter, à bientôt les copains ». (texte à confirmer).
Bernard DUPERIER tente en vain d’entrer en contact avec son Wing/Co ROBINSON, et pour cause, il vient d’être abattu au-dessus de la mer à quelques kilomètres au large du Touquet.
Le combat est rompu, les derniers éléments du « 340 Squadron » sont autorisés à prendre le chemin du retour sous la conduite du capitaine DUPERIER. De retour à la base RAF de Westhampnett, le dernier Spitfire se pose à 18h35.
Trois pilotes sont manquants. Le Wing/Co Michael ROBINSON, Philippe de SCITIVAUX et Maurice CHORON sont tous trois déclarés « porté disparu ».
Concernant « Micky » ROBINSON disparu aux commandes de son « Spitfire Vb M.L.R (W3770) » au-dessus de la mer au large du Touquet, il pourrait bien s’agir du pilote aperçu dans un dinghy à 20 kms de la côte. Cependant, aucune trace de son avion, ni de son corps, ne sera retrouvé. Il était âgé de 25 ans.
Concernant Philippe de SCITIVAUX, on apprendra qu’il a été aussitôt capturé par les allemands, puis conduit en Allemagne et emprisonné au « Stalag Luft III » à Sagan (Żagań) en Silésie. Après plusieurs tentatives d’évasion, il rejoindra Paris en mars 1945 pour reprendre la lutte.
Concernant Maurice CHORON, la disparition de son corps reste une énigme. Les recherches approfondies menées pendant plusieurs années par Monsieur Laurent DHONDT, gendarme, laissent apparaître que son avion serait celui qui s’est écrasé sur la commune de Courteville, son pilote retrouvé mort près du village de Longvilliers après avoir sauté en parachute. Ce corps serait-il celui de Maurice CHORON ?
L’énigme reste entière. Deux tombes existent avec l’inscription « Pilote inconnu » qui pourrait correspondre à celle où se trouve le corps de Maurice CHORON.
– La première tombe se trouve au cimetière militaire canadien de Leubringhem-Saint Inglevert près de Calais.
– La seconde tombe, et la plus vraisemblable selon les résultats des investigations menées par Messieurs Laurent DHONDT et Jean-Pierre DURIEZ, se trouve au cimetière est de Boulogne-sur-Mer : tombe n°13 – parcelle n°5 – rangée B.
A ce jour, le lieutenant Maurice CHORON reste « porté disparu ».
Il était âgé de 30 ans. Il totalisait 700h de vol de guerre et 131 missions.
Son corps n’a toujours pas été retrouvé.
Estimation du lieu de sa disparition dans le secteur du Touquet (62).
Pour en savoir davantage sur le parcours de Maurice Choron, vous pouvez télécharger sa biographie complète au format PDF (prochainement disponible).