Marie-Madeleine Fourcade n’est plus
Grande figure de la Résistance, Mme Marie-Madeleine Fourcade est décédée, à Paris le 20 juillet, à 80 ans. Une foule nombreuse d’amis, de camarades de la Résistance, des hommes et des femmes de toutes opinions lui ont rendu aux Invalides un hommage solennel.
Après une défaite militaire de 1940 et l’occupation allemande de la France, Marie-Madeleine a 31 ans. Elle épouse un aide de camp du maréchal Lyautey, qui finira général, Édouard-Jean Méric, Compagnon de la Libération. Marie-Madeleine entre dès 1940 dans l’activité clandestine aux côtés de Loustaunau-Lacau puis de Pierre Faye. Ainsi fut créé ce qui devait devenir le Réseau Alliance, dont elle prit la direction après l’arrestation des deux fondateurs et l’exécution de Pierre Faye. Elle se dévoue sans compter, accepte tous les risques, parcourt le pays, réunit ses combattants sans uniforme jusqu’à 3 000 environ, organise l’action militaire, le renseignement, le sabotage, des évasions. Elle sera elle-même arrêtée à Aix en 1942, mais réussira une spectaculaire évasion et reprendra le combat après un séjour à Londres en 1943.
Son réseau Alliance fût durement frappé par la répression nazie. Le four crématoire au camp du Natzwiller-Struthof, où 101 membres furent exécutés les 1er et 2 septembre 1944, rappelle cruellement les sacrifices consentis par les membres du réseau.
Elle était commandeur de la Légion d’Honneur, avait la croix de guerre 1939-1945, la médaille de la Résistance avec rosette, l’Order of British Empire (OBE).
À travers sa vie et son exemple, il faut rendre hommage à toutes les femmes de France, qui ont su, quand il le fallut, tracer aux hommes le chemin du courage et de l’honneur.
D’après le Docteur Léon Boutbien
Président International de l’Union Internationale de la Résistance et de la Déportation (UIRD)
Vice-Président du Comité d’Action de la Résistance (Journal des Combattants)
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 268, 4e trimestre 1989.