Marcel Yves Bizien

Marcel Yves Bizien

Yves Bizien, alias James Welker (DR).

Marcel Yves BIZIEN
Né le 30 novembre 1920 à Neuville-lès-Dieppe (76)

Engagé dans les Forces Aériennes Françaises Libres
Matricule FAFL 30.203
« Disparaît en Russie » le 13 avril 1943 dans le secteur de Spas-Demensk

Pilote au groupe de chasse GC3 « Normandie »
« Mort pour la France » à l’âge de 22 ans

LE CONTEXTE AVANT SA DISPARITION

Yves BIZIEN, passionné de mécanique et d’aviation, suit les cours de pilotage de la Section d’Aviation Populaire sur le terrain de Saint-Aubin-sur-Scie, près de Dieppe, lorsque la France entre en guerre en septembre 1939.

Yves décide de s’engager dans l’armée de l’Air. Il est dirigé vers l’École élémentaire de pilotage n°21, installée sur l’aérodrome de Bernay, dans l’Eure.

En mai 1940, au début de l’invasion des troupes allemandes dans le nord de la France, l’École n°21 doit se replier à Vannes, dans le Morbihan, puis le 12 juin elle rejoint l’École de pilotage n°23 du Mans, installée à Morlaix, dans le Finistère.

Le Trébouliste le 18 juin 1940 (DR).

Face à l’invasion fulgurante de l’armée allemande, le maréchal PÉTAIN annonce aux Français, au cours d’une allocution radiophonique le 17 juin, avoir demandé à l’ennemi l’arrêt des combats. Yves, refusant la défaite de l’armée française, décide le lendemain de quitter la France à bord d’un bateau de pêche Le Trébouliste pour rejoindre la Grande-Bretagne afin de continuer le combat.

À son arrivée en Angleterre, il fait le choix de répondre à l’Appel du général de GAULLE en s’engageant parmi les tout premiers dans les FAFL (Forces Aériennes Françaises Libres). À cette occasion, il demande à prendre comme nom d’emprunt celui de « James WELKER ».

Yves va suivre tout le parcours des écoles de la RAF (Royal Air Force). Breveté pilote de chasse en octobre 1941, il termine sa formation dans une école d’entraînement opérationnel du Pays-de-Galles, au n° 53 OTU (Operational Training Unit), avant d’être affecté en décembre dans une unité opérationnelle en Écosse, au « 123 Squadron ».

Avion de chasse russe « Yak 1 » à Ivanovo (DR).

En avril 1942, il se porte volontaire parmi les tout premiers pour partir combattre en Russie au sein de la toute nouvelle escadrille de chasse qui vient d’être créée et baptisée « GC 3 Normandie ». Fin novembre 1942, il arrive en Russie sur le terrain d’aviation d’Ivanovo, situé à 250 km au nord-est de Moscou, avec treize de ses camarades pilotes.

Malgré des dures conditions climatiques de la période hivernale, les entraînements débutent aussitôt sur avion de chasse russe « Yakovlev YAK 1 ». Le dégel rend les décollages et les atterrissages très périlleux, d’autant plus que les pistes ne sont le plus souvent que de simples champs. Il faut trois hommes sous chaque aile pour rouler les avions sur la piste.

Après 4 mois d’entraînement, le groupe est prêt pour ses premières missions opérationnelles. Le 22 mars 1943, l’unité s’envole avec ses 14 « Yak » pour s’installer à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Moscou, sur le terrain de Monkounino, près de Polotniani-Zavod, distant de 50 km du front. Les missions vont consister notamment à escorter les bombardiers Pe2. La chasse ennemie du secteur est assurée par la prestigieuse « 1ère armée aérienne Mölders ».

Le 13 avril 1942, Yves BIZIEN est désigné pour participer à la mission du jour.

Il ne sait pas… pour lui ce sera la dernière.

SA DERNIERE MISSION

Mardi 13 avril 1943, le groupe de chasse « Normandie » est désigné pour effectuer une opération de « chasse libre » au-delà de la ligne de front, sur un secteur conquis par l’armée allemande, situé à une centaine de kilomètres.

Le « YAK1b » n°17 de Yves Bizien (DR).

En début d’après-midi, six « Yak 1b » du « GC3 Normandie » décollent du terrain de Monkounino.

Les pilotes sont répartis en trois sections de deux : Yves BIZIEN est l’équipier d’Yves MAHÉ ; André POZNANSKI est l’équipier d’Albert DURAND ; Raymond DERVILLE est l’équipier du commandant Jean TULASNE qui conduit la mission.

Les conditions météorologiques sont assez bonnes avec des nuages blancs dispersés et une visibilité médiocre face au soleil.

Le groupe franchit la ligne du front à 10 km au nord de Spas-Demensk à une altitude de 2600 m. Ensuite, comme convenu les 3 sections s’échelonnent sur trois hauteurs différentes entre 2500 et 4000 m d’altitude leur itinéraire Moukovnino – Mozalsk – Pavlinovo – Kirov – Mechovsk – Moukovnino.

Il est 15h09 lorsque Albert DURAND aperçoit, à 500 m au-dessus de lui, quatre avions de chasse ennemis « Focke-Wulf Fw190 ». Aussitôt, par radio, il prévient ses camarades du danger, mais ceux-ci ne semblent pas avoir entendu le message.

Quelques secondes plus tard, huit « Fw190 » de l’escadre de chasse JG 51 « Mölders » (Jagdgeschwader n°51) s’abattent sur les Yak, alors qu’au même instant débutent des tirs au sol provenant de la défense anti-aérienne. Il s’ensuit huit minutes d’un combat tournoyant et intensif.

Yves MAHÉ poursuit deux « Fw190 » sur lesquels il finit par vider tous ses chargeurs. Ces derniers, pour échapper à son attaque, décident de rompre le combat en piquant vers le sol. Yves, au cours de la bataille, a perdu de vue son équipier Yves BIZIEN.

Pendant ce temps, André POZNANSKI et Albert DURAND sont attaqués par deux autres « Fw190 ». Au cours du combat, Albert perd de vue son équipier. À cours de munition, il doit rompre à son tour le combat.

Au-dessous de la couche nuageuse, Raymond DERVILLE, qui a perdu son équipier Jean TULASNE, se colle à son camarade Yves MAHÉ et forme une nouvelle patrouille pour regagner Polotiani. Le combat n’est pas terminé pour eux car, au moment où ils sont sur le point de passer la ligne de front, trois « Fw190 » surgissent les attaquant par l’arrière. MAHÉ échappe de justesse aux tirs de ses assaillants tandis qu’il aperçoit l’avion de son camarade DERVILLE piquer vers les lignes allemandes, traînant derrière lui une longue traînée de fumée noire.

Le combat terminé, les rescapés regagnent leur terrain. Seulement trois Yak se posent à Monkounino, les trois avions manquants sont ceux d’Yves BIZIEN, de Raymond DERVILLE et d’André POZNANSKI.

Un « mardi noir » pour le « Normandie » qui enregistre ses premières pertes avec la disparition de trois de ses pilotes. Dans cette bataille aérienne, un avion allemand « Fw190 » a été abattu. Il est décidé d’attribuer cette victoire en collaboration aux trois disparus.

Des opérations de recherches sont organisées pour tenter de retrouver la trace des pilotes. Au sol, les troupes russes ont aperçu deux avions présumés du GC3 descendant en vol plané à l’intérieur des lignes allemandes dans un secteur très boisé et marécageux.

Les jours passent sans aucune nouvelle des pilotes. Seul le Yak de Raymond DERVILLE sera retrouvé par les Allemands à 15 kilomètres à l’intérieur des lignes, aucune trace pour les deux autres avions.

Un mois plus tard, le 10 mai 1943, les recherches étant restées infructueuses, les trois pilotes, BIZIEN, DERVILLE et POZNANSKI sont officiellement déclarés « porté disparu ».

L’aspirant Marcel Yves BIZIEN sera présumé décédé en date du 13 avril 1943. Il était âgé de 22 ans.

Crédité d’une victoire aérienne, il totalisait 25 missions de guerre.

Son corps n’a jamais pu être retrouvé.

Estimation du lieu de la disparation entre les villes de Spas-Demensk et Milyatino.

Pour en savoir davantage sur le parcours de Marcel Yves Bizien, vous pouvez télécharger sa biographie complète au format PDF (prochainement disponible).

< Retour à la liste des 123