Lucien Feltesse
Notre grand ami Lucien Feltesse, dont nous avons annoncé le décès, dans notre dernier numéro, était né à Bruxelles le 13 août 1898. C’est dans la capitale amie qu’il fit ses études.
Patriote exemplaire, ce Belge de France était un fidèle de ses doubles attachements.
Dès 1914, il rejoignit l’armée du Roi Albert et fit toute la guerre dans l’Yser où il fut trois fois blessé et cité à l’ordre de l’Armée à plusieurs reprises; il était également titulaire de la croix du Feu et de celle de l’Yser, de la Légion d’honneur, de l’ordre de la Couronne, des croix de guerre française et belge, etc.
Après la guerre, il poursuivit ses études en services consulaire et commercial et se livra au négoce, place Vendôme, à Paris. C’est là qu’il rencontra notre camarade Saint-Jacques (Maurice Duclos) avec lequel il s’engagea dans la Résistance dès 1940, en s’intégrant au B.C.R.A. sous les ordres du colonel Passy.
Il contribua activement à la constitution du réseau Saint-Jacques, recruta des agents, tria des renseignements et dirigeant également le secteur Boulard (Boulard c’est lui-même).
Il réussit une mission, entre autres, très importante en transmettant à Londres, des documents soustraits à la commission de Wiesbaden.
Puis, le 8 août 1941, victime d’une trahison, il est arrêté et emprisonné à Fresnes.
En 1942, il recouvre la liberté et, tout aussitôt, reprend ses activités fournissant, à nouveau, des renseignements, notamment au secteur français du S. R.A. belge Marc fabriquant de faux papiers, bref, se livrant à la résistance totalement jusqu’à la Libération. Il se trouve ainsi en liaison avec le colonel Renaud-Roulier (Rémy) et le colonel Fourcaud. Nommé commandant dans la France Libre, il rentre dans la vie civile, et poursuit ses activités professionnelles. C’est alors qu’il se dévoua à l’Association des Français Libres dont il devint membre du Comité directeur et vice-président et qu’il mit sa générosité et ses puissantes relations à son service en assurant avec la plus souriante cordialité la présidence des activités parisiennes.
Les succès enregistrés au bénéfice de nos œuvres sociales lui doivent beaucoup.
Ses obsèques, célébrées en l’église de la Mission Belge parmi de nombreux amis, furent suivies en Gironde où il s’était retiré, par l’inhumation qui donna lieu à une émouvante cérémonie dans l’église de Fargues de Langon.
Ce sont nos camarades de la Section de Bordeaux: M. Mufragi, Compagnon de la Libération et Humbert, président de la section A.F.L. de Bordeaux, entre beaucoup des nôtres, qui nous représentaient. On notait aussi une importante délégation des membres de l’Association des Anciens Combattants Belges que dirigeait M. Janard, président de la section de la Gironde.
M. Humbert prononça un adieu très simple tout chargé d’émotion.
Après avoir retracé les grandes étapes de sa glorieuse existence, il lui dit notre Adieu reconnaissant.
Son souvenir et son exemple resteront dans nos cœurs et dans nos mémoires comme ceux d’un héroïque combattant de ses Patries Belge et Française.
A son épouse, qui est une bienfaitrice insigne de nos œuvres et à tous les siens, nous présentons nos condoléances les plus attristées.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 177, novembre-décembre 1968.