Lieutenant-colonel Lequesne
Compagnon de la Libération – chevalier de la Légion d’honneur
Détroyat, Broche, Savey, Deroux, Amilakvary, Amyot d’Inville, Laurent-Champrosay, Magny, Langlois, Brosset, autant de noms glorieux qui ont marqué la grande épopée de la 1re D.F.L. C’est aujourd’hui le tour du lieutenant-colonel Lequesne, qui forma et conduisit à la victoire le 22e B.N.A., de tomber en plein ciel à Madagascar, où il était parti pour servir encore sa patrie.
4 octobre 1947, terme d’une longue randonnée qui devait le mener de Syrie à Tananarive, où il repose désormais.
Mais puisons plutôt dans cette vie de Français et de soldat les raisons qui font espérer d’un pays capable de produire de tels hommes !
Engagé à 19 ans dans un bataillon de chasseurs, nous le retrouvons un an plus tard officier au Maroc, où il combat déjà pour la grandeur de la France d’outre-mer, à laquelle il devait consacrer sa vie.
Après avoir suivi les cours de Saint-Maixent, il demande à repartir et c’est au Levant que le trouve l’armistice de juin 1940.
Dès le mois de juin 1941, Lequesne a rejoint les Forces françaises libres, dans lesquelles il ne cessera désormais de s’illustrer.
Formant et organisant la 22e compagnie nord-africaine il en fait un magnifique outil, autour duquel viendront se joindre en Tunisie de très nombreux volontaires, donnant ainsi le jour au 22e B.N.A.
Mais suivons-le plutôt dans sa route glorieuse : à Bir-Hakeim, où la 22e compagnie perd dix tués, 27 blessés et 49 disparus : au Garigliano, où le bataillon paie un lourd tribut à la victoire, perdant 214 hommes dont 55 tués, au débarquement, à Lyon, où il entre à la tête de sa division avec le 1er R.F.M. ; dans les Vosges et en Alsace, où il achèvera sa marche victorieuse, alors que Lequesne envoyé en mission au Levant, son bataillon continuera de glaner des lauriers.
Mais qu’il me soit permis de donner ici témoignage de la large part qu’il avait prise personnellement dans les succès remportés par l’unité à laquelle il avait su insuffler son âme droite et ardente et, de ses palmes, extrayons cette citation à l’ordre de l’armée accordée à son bataillon après la percée de la ligne Gustave :
« Magnifique bataillon, armé de toutes pièces par le commandant Lequesne, dans des circonstances particulièrement difficiles en juin 1941, s’est distingué au cours des campagnes de Libye et de Tunisie. Vient à nouveau, sous les ordres du chef de bataillon Lequesne, de manifester ses remarquables qualités combatives et son admirable esprit de sacrifice, en réalisant la percée décisive de la ligne Gustave dans le secteur Ouest de Garigliano, du 10 au 16 mai 1944. »
Mais ce n’en était pas assez, et Lequesne, désireux de se battre encore pour la France, partait comme volontaire prendre le commandement d’une demi-brigade à Madagascar.
Il allait y donner encore la pleine mesure de ses qualités d’organisateur et de chef, en conduisant les opérations de pacification dans la région de Mouramanga.
Fait compagnon de la Libération par le général de Gaulle le 28 juin 1943, après la campagne de Tunisie ; jeune encore mais déjà auréolé de gloire, le lieutenant-colonel Lequesne va périr en service commandé dans un accident d’avion.
Avec lui nous perdons l’un de nos plus chers compagnons l’un de nos soldats les plus magnifiques.
Nous nous associons à nos camarades de Tananarive qui l’escortèrent avec émotion jusqu’à sa dernière demeure, en priant son épouse, sa famille et ses soldats du 22e B.N.A., si durement éprouvés, d’agréer l’expression de notre plus profonde sympathie.
Mais qu’ils sachent aussi que le souvenir de Lequesne restera pour nous plus qu’un exemple, le symbole du plus pur esprit « Free French ».
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 4, janvier 1948