Lieutenant-colonel Babonneau
Dans notre dernière revue, nous avons fait part du décès de notre camarade le lieutenant-colonel Babonneau.
Aux obsèques, notre Association était représentée par notre ami Louis Niger, président de notre section de Rennes. Elles furent célébrées le 25 novembre 1963 à Sainte-Marie-sur-Mer.
Le général Masson, commandant la IIIe région militaire, retenu par le service, ne put s’y rendre en personne, mais il avait rédigé une allocution nécrologique que notre ami Niger, qui le représentait, devait prononcer. Mais Niger estima que ces paroles d’adieu devaient être dites par un ancien de la 13e demi-brigade de Légion étrangère, notre camarade, le capitaine Flores.
« Mon cher Babonneau,
« Au nom de tous les anciens de Bir-Hakeim, je vous salue une dernière fois.
« Vous m’avez malicieusement donné bien des soucis, cher « Gros Rap » et vous avez joué bien des tours à votre ancien chef d’état-major. Vos Cerbères de la porte de Bu Maafes n’exigeaient le mot de passe que du chef d’état-major, lequel était sans doute le seul à l’ignorer.
« Vous vous êtes perdu à El Adem parce que vous ne lisiez pas les ordres…
« Vos camions étaient attirés par les mines mais leur nombre croissait sans cesse…
« Et bien d’autres tours encore.
« Mais quel soldat, quel fantassin vous étiez. Vous aviez fait du 2e bataillon de la 13e demi-brigade de Légion étrangère une unité magnifique.
« À Halfaya, le 2/13 était en premier échelon.
« À Mechili, votre front allait « de la Pologne au Pacifique » suivant votre compte rendu célèbre. Il est rentré intact après une retraite de nuit de 120 kilomètres, talonné par les automitrailleuses allemandes.
« À Bir-Hakeim, c’est votre 2/13 qui supporta le 2 mai 1942, l’attaque blindée de la division Ariete. Avec l’appui de l’artillerie, 37 chars furent détruits devant vos lignes intactes.
« Pendant dix jours, vous avez tenu – parfois avec vos seuls moyens – contre la division italienne Trieste et une partie de la 90e légère allemande.
« Votre bataillon a réussi enfin à percer les lignes ennemies dans la nuit du 10 au 11 juin.
« Vous êtes tombé malheureusement entre les mains de l’ennemi avec beaucoup de camarades, vos munitions épuisées.
« Peu de chefs de bataillon peuvent témoigner d’un tel succès défensif aussi prolongé, dans des conditions aussi difficiles. »
« Au nom de tous les anciens de Bir-Hakeim, je vous salue une dernière fois.
« Vous m’avez malicieusement donné bien des soucis, cher « Gros Rap » et vous avez joué bien des tours à votre ancien chef d’état-major. Vos Cerbères de la porte de Bu Maafes n’exigeaient le mot de passe que du chef d’état-major, lequel était sans doute le seul à l’ignorer.
« Vous vous êtes perdu à El Adem parce que vous ne lisiez pas les ordres…
« Vos camions étaient attirés par les mines mais leur nombre croissait sans cesse…
« Et bien d’autres tours encore.
« Mais quel soldat, quel fantassin vous étiez. Vous aviez fait du 2e bataillon de la 13e demi-brigade de Légion étrangère une unité magnifique.
« À Halfaya, le 2/13 était en premier échelon.
« À Mechili, votre front allait « de la Pologne au Pacifique » suivant votre compte rendu célèbre. Il est rentré intact après une retraite de nuit de 120 kilomètres, talonné par les automitrailleuses allemandes.
« À Bir-Hakeim, c’est votre 2/13 qui supporta le 2 mai 1942, l’attaque blindée de la division Ariete. Avec l’appui de l’artillerie, 37 chars furent détruits devant vos lignes intactes.
« Pendant dix jours, vous avez tenu – parfois avec vos seuls moyens – contre la division italienne Trieste et une partie de la 90e légère allemande.
« Votre bataillon a réussi enfin à percer les lignes ennemies dans la nuit du 10 au 11 juin.
« Vous êtes tombé malheureusement entre les mains de l’ennemi avec beaucoup de camarades, vos munitions épuisées.
« Peu de chefs de bataillon peuvent témoigner d’un tel succès défensif aussi prolongé, dans des conditions aussi difficiles. »
*
« Lieutenant-colonel Babonneau, je suis fier et ému de pouvoir vous rendre ce dernier hommage au nom de tous les anciens camarades de Bir-Hakeim encore en vie, devant vos concitoyens de Sainte-Marie-sur-Mer, devant les membres de votre famille, à qui je présente mes regrets et mes plus sincères condoléances. »
*
Après ce rappel du passé, après ces paroles si émouvantes, le général de Kersauson lut un message du général de Gaulle aux deux filles de notre ami disparu.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 148, janvier-février 1964.