La libération de Strasbourg
Le 1er mars 1941, au pied du mât de pavillon de la forteresse de Cufra d’où l’on venait d’amener les couleurs italiennes pour hisser le drapeau tricolore à croix de Lorraine, victorieux pour la première fois depuis « les honteux armistices », les compagnons de Leclerc furent, à prêter le Serment fameux, une poignée, une modeste poignée d’hommes.
Elle ne s’arrêtera qu’à la nuit, au carrefour de Rehtal où le groupement tactique du colonel de Guillebon, enfourné lui aussi par le général sur cet axe, rejoindra après minuit.
Le général a fixé quatre itinéraires avec latitude, pour une colonne (Guillebon) d’un cinquième. Ils convergent sur Strasbourg par Schiltigheim, Mittelhausbergen, Cronenbourg, Kœnisgshoffen. Comme pour une course et comme pour surprendre l’ennemi partout à la fois, le franchissement de la ligne est imposé à 7 h 15, au lever du jour aux commandants de colonne.
Et l’extrême pointe de cette charge est marquée pour nous par un deuil profond. L’aumônier de la division, le Père Houchet, le missionnaire de Kindamba, dont la solidité revêtue de tant d’humaine indulgence, de rayonnante humeur et de camaraderie était devenue à tous notre recours, y est touché mortellement en ramassant son chauffeur blessé sous le feu.