La libération de l’Empire (1941-1942)
“La France n’est pas seule… Elle a un vaste empire derrière elle”, avait proclamé de Gaulle le 18 juin 1940. Moins de six mois plus tard, la France Libre avait rallié à sa cause les territoires du Pacifique, les comptoirs de l’Inde et l’Afrique équatoriale – où plusieurs bâtiments FNFL étaient intervenus lors du ralliement forcé du Gabon. De vastes territoires lui échappaient (Afrique du Nord, Afrique occidentale, Madagascar, Indochine, Antilles), mais les ralliements, entrepris et réussis avec des forces modestes, pouvaient maintenant se poursuivre avec des moyens accrus.
Dès juillet 1940, de Gaulle et Muselier avaient songé à arracher l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon au contrôle de Vichy. Dernier vestige de l’empire français d’Amérique du Nord, le territoire était peu peuplé (4 500 habitants) et de superficie modeste (242 km2), mais sa situation suscitait les convoitises allemandes et canadiennes. En septembre 1941, de Gaulle ordonna à Muselier de préparer le ralliement, au risque d’un conflit avec les Alliés. L’opération eut lieu le 24 décembre : à la tête d’une force navale composée du Surcouf et des trois corvettes (Mimosa, Aconit, Alysse), Muselier rallia l’archipel sans combat, mais non sans vives protestations du Département d’Etat américain.
Dans les derniers jours de mai 1942, le Chevreuil effectua le ralliement d’un autre petit archipel, situé dans le Pacifique : Wallis et Futuna, où les Alliés envisageaient de débarquer un contingent de marines, mais dont l’emplacement stratégique (à l’ouest des îles Samoa) ne pouvait laisser indifférents les Japonais. Au même moment, redoutant une expansion japonaise dans l’océan Indien, les Britanniques avaient conquis et occupé Madagascar (à l’insu de la France Libre). En novembre suivant, de Gaulle ordonna le ralliement de la Réunion, menacée d’une intervention japonaise ou allemande. Le capitaine de frégate Evenou, commandant le Léopard, fut chargé de l’opération, qui eut lieu sans incident majeur le 28 novembre 1942.