30 juin 2016 In CNRD 2017 By Administrateur
Les principes démocratiques dans les relations internationales
L’auteur
Stanisław Grabski (1871-1949) est un économiste et un homme politique polonais, député de la Diète, proche de la Démocratie nationale, frère de Władysław Grabski, lui aussi économiste et homme politique, devenu premier ministre, et de l’activiste politique Zofia Kirkor-Kiedroniowa.
Issu d’une famille de propriétaires terriens, il organise des cercles socialistes dans sa jeunesse. Membre de l’Union des travailleurs polonais, il déménage à Berlin pour ses études en 1891 et devient rédacteur en chef de la Gazety Robotniczej (la Gazette des travailleurs). Co-fondateur du Parti socialiste polonais en 1892, il s’en détache en 1901 pour le camp national de Roman Dmowski (1864-1939), qui a donné plus tard la Démocratie nationale.
Membre depuis 1905 de la Ligue nationale, dont il devient un des chefs l’année suivante, il appartient à la Démocratie nationale, le parti de Dmowski à partir de 1907. Durant la Grande Guerre, les deux hommes soutiennent l’idée que les Polonais s’allient aux Russes. Plus tard, il rejoint le Komitet Narodowy Polski (Comité national polonais) de Dmowski à Paris.
Député de l’Association nationale populaire à la Diète polonaise (1919-1927), il s’oppose à une alliance avec les nationalistes ukrainiens de Simon Petlioura durant la guerre polono-soviétique (1919-1921) et démissionne de son poste à la commission des Affaires étrangères pour protester contre la signature d’un accord. En 1921, il fait partie de la délégation polonaise aux négociations du traité de Riga.
Ministre des Affaires religieuses et de l’Instruction publique en 1923 et de 1925 à 1926, il est l’auteur de la loi Grabski sur la réglementation de l’éducation des minorités nationales et l’un des négociateurs polonais du Concordat de 1925. Après le coup d’État de mai de Piłsudski en 1926, il se retire de la vie politique, se consacrant à ses activités scientifiques et au journalisme.
Avant 1939, il est professeur à l’Université de Lvov, à l’Académie agricole de Doubliany et à l’Université Jagellon.
Lors de l’invasion de la Pologne, il est arrêté par les Soviétiques et emprisonné, comme nombre d’intellectuels polonais. Après l’invasion allemande de l’Union soviétique, l’accord Sikorski-Maïski (30 juillet 1941) permet sa libération. Rejoignant le gouvernement polonais en exil à Londres, il préside le Conseil national (1942-1944). Partisan des accords de Yalta, il rentre en 1945 en Pologne et siège comme député et l’un des vice-présidents du Conseil national d’État, avant l’élection d’une nouvelle Diète en janvier 1947. Il retourne alors à l’enseignement comme professeur à l’Université de Varsovie.
Le texte
« Les principes démocratiques dans les relations internationales » est un article paru dans le n° 22, volume IV de La France Libre, le 15 août 1942.
Coll. Fondation de la France Libre
Si la mentalité allemande lui semble marquée depuis mille ans par un impérialisme agressif, Grabski considère que l’expansionnisme allemand, sous le régime nazi, se distingue par sa dimension planétaire et sa volonté d’imposer à l’humanité la doctrine nationale-socialiste, jugée contraire aux principes chrétiens et démocratiques, qu’il juge consubstantiels. « La conception chrétienne de l’homme » affirme, selon l’auteur, « qu’il n’y a pas de droits sans devoirs envers Dieu et le prochain, de même qu’il n’y a pas de devoirs sans certains droits respectés par les supérieurs ». Il en découle, dans son esprit, qu’« il n’y a pas de vraie civilisation chrétienne sans démocratie. De même, il n’y a pas de vraie démocratie sans l’amour du prochain, qui est le fondement de la morale chrétienne. »
À la défense nationale se mêle donc un combat idéologique : « tout régime autoritaire, tôt ou tard, mène à un impérialisme agressif […] Ce n’est que la démocratie qui forme la base du progrès pacifique ». La préservation de la paix et la sécurité imposent que les principes démocratiques l’emportent dans le domaine international.
L’auteur demande non seulement un désarmement de l’Allemagne, mais aussi son affaiblissement territorial, le contrôle de son industrie métallurgique et chimique, et une action sur le moral de la nation allemande, durant un temps donné. De même, il promeut une force armée internationale pour appuyer l’action de la nouvelle Société des Nations, mais une force fondée sur des bases démocratiques, excluant dans un premier temps les puissances de l’Axe.
Le contexte
Dans la foulée de la Charte de l’Atlantique (14 août 1941), les Britanniques organisent la deuxième conférence interalliée du palais Saint-James (24 septembre 1941), à Londres, afin d’en approuver le contenu.
Le 1er janvier 1942, 26 États en lutte contre l’Axe signent à Washington la Déclaration des Nations unies, proclamant leur adhésion à la Charte de l’Atlantique. Les 26 premiers signataires sont : les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Union soviétique, la Chine, l’Australie, la Belgique, le Canada, le Costa-Rica, Cuba, la Grèce, le Guatemala, Haïti, le Honduras, l’Inde, le Luxembourg, le Nicaragua, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Panama, les Pays-Bas, la Pologne, la République dominicaine, le Salvador, la Tchécoslovaquie, l’Union Sud-Africaine et la Yougoslavie.