Les premières missions en métropole et la rencontre entre les deux résistances
Le 1er juillet 1940, le capitaine André Dewavrin, polytechnicien engagé au sein du corps expéditionnaire allié en Norvège comme officier du génie puis comme officier de liaison, rencontre le général de Gaulle à St-Stephen’s House le premier quartier-général de la France Libre à Londres. Celui-ci lui confie la direction des 2e (renseignement) et 3e bureaux (opérations) de son état-major. Sous le nom de « Passy », il recrute d’abord des volontaires qu’il a connus en Norvège. Dès l’été 1940, des agents sont envoyés en France pour recueillir des renseignements sur l’occupant et la situation en France. Hubert Moreau, recruté par l’Intelligence Service (IS) à son arrivée en Angleterre, avant d’apprendre l’existence du général de Gaulle, débarque au Guilvinec et mène trois missions en Bretagne, du 26 au 30 juillet, du 5 au 17 août et du 6 au 20 septembre 1940. Le premier agent du 2e Bureau, Jacques Mansion, est également déposé dans le Finistère, d’où il est originaire. D’autres agents sont débarqués en Normandie – Maurice Duclos, alias « Saint-Jacques », et Alexandre Beresnikoff, alias « Corvisart » – en zone occupée via l’Espagne – Gilbert Renault, alias « Raymond, futur « Rémy » – ou en zone sud – Pierre Fourcaud. Très rapidement, ces agents mettent en place des réseaux de renseignement, le plus emblématique étant « Confrérie Notre-Dame », organisé par « Raymond ».
Une mission composée des lieutenants Jean Bazaugour, Claude Guérin, Pierre Puech-Samson et Alexandre Ter Sarkissoff, des quartiers-maîtres radio Jean Jouan et Camille Papin et de deux opérateurs radio belges, André et Édouard Nibelle, débarque au Maroc en septembre 1940, mais l’équipe se fait rapidement arrêter par la police.
Parallèlement, Passy souhaite entreprendre une action de type militaire en France, mais il doit vaincre l’hostilité du général de Gaulle, de l’IS et du Special Operations Executive (SOE), le service britannique chargé de l’action subversive. Une première mission, l’opération Savannah, est montée. Cinq hommes de la 1re compagnie de l’air, le capitaine Georges Bergé, le sous-lieutenant Jean Petit-Laurent, les sergents Jean Forman et Joël Le Tac, le caporal Joseph Renault, sont parachutés près d’Elven (Morbihan) dans la nuit du 14 au 15 mars 1941 ; ils doivent attaquer un véhicule ennemi qui transporte tous les jours de Vannes à l’aérodrome de Meucon un groupe d’aviateurs allemands du Kampfgruppe 100, spécialisé chargé dans le marquer des objectifs, à l’aide de faisceaux lumineux, pour les bombardiers lors des raids sur les villes anglaises.
[TÉMOIGNAGE] Docteur Antoine Vourc’h, « Les réseaux d’évasion bretons », Revue de la France Libre, n° 71, septembre-octobre 1954.
[TÉMOIGNAGE] Hubert Moreau, « Premières missions », Revue de la France Libre, n° 80, 81 et 82, juillet-août, septembre-octobre et novembre 1955.
[TÉMOIGNAGE] André Dewavrin (colonel Passy), « Historique de l’action du B.C.R.A. », Revue de la France Libre, n° 109, juin 1958.
[TÉMOIGNAGE] « Les réseaux FFL », Revue de la France Libre, n° 114, janvier 1959.
[TÉMOIGNAGE] Lucien Feltesse, « Avec Saint-Jacques… », Revue de la France Libre, n° 156 bis, juin 1965.
[TÉMOIGNAGE] Claude Bouchinet-Serreulles, « Souvenirs épars 1940-1942 », Revue de la France Libre, n° 246, 1er trimestre 1984.
[TÉMOIGNAGE] « Liste des réseaux homologués FFC et reconnus FFL », Revue de la France Libre, n° 254, deuxième trimestre 1986.
[TÉMOIGNAGE] « “Un souci, un but : remettre le pays en marcheˮ, la naissance du BCRA », Revue de la France Libre, n° 276, 4e trimestre 1991.
[TÉMOIGNAGE] Joël Le Tac, « La mission Savannah », Revue de la France Libre, n° 285, 1er trimestre 1994.