Le ralliement de Pierre Mendès France
La biographie
Pierre Mendès France (1907-1982) est député radical-socialiste de l’Eure depuis 1932, maire de Louviers depuis 1935 et conseiller général de l’Eure depuis 1937. Mobilisé comme officier au Levant, à la suite de l’entrée en guerre, il passe un brevet d’observateur aérien.
En permission en France lors de la débâcle, il obtient, le 10 juin, d’être affecté à la base aérienne de Bordeaux-Mérignac. Celle-ci ayant été évacuée au Maroc, il embarque le 20 juin à Bordeaux, avec d’autres députés voulant continuer la guerre en Afrique du Nord, à bord du croiseur auxiliaire Massilia à destination de Casablanca, où le gouvernement doit s’installer et où le bâtiment arrive le 24 juin. Entre-temps, l’armistice franco-allemand a été signé à Rethondes. Pierre Mendès France est affecté à l’état-major du général François d’Astier de La Vigerie.
Arrêté à Rabat le 23 août 1940 sur ordre du résident général du Maroc, le général Noguès, sous l’accusation de désertion, il est transféré le 8 octobre 1940 à Clermont-Ferrand. Jugé le 9 mai 1941 devant le tribunal militaire de Clermont-Ferrand, il est condamné le 20 juin à six ans de prison, la dégradation militaire et la privation pendant dix ans des droits civils, civiques et familiaux
Transféré depuis le 13 mai pour insuffisance hépatique, à La Providence, annexe de l’hôpital militaire de Clermont-Ferrand transformée en hôpital-prison, il s’en échappe dans la nuit du 21 au 22 juin et monte dans un train en direction du Dauphiné puis de la Savoir. Ayant traversé le lac Léman, il se réfugie en Suisse romande dans la nuit du 2 au 3 août 1941.
À Genève, le Relief Comittee for the War Stricken Jewish Population lui procure un passeport polonais au nom de Jan Lemberg et un visa pour Cuba. Après le départ de sa femme et de son fils pour les États-Unis, il se décide à quitter la Suisse pour rejoindre l’Angleterre, traversant la France dans un compartiment spécial de train, et rejoint Lisbonne, via l’Espagne, fin janvier 1942. Après avoir échappé à une tentative d’arrestation, il embarque le 11 février à l’aube, dans un hydravion britannique, posé sur le Tage, qui le conduit à Poole Harbour (Dorset), une base de la Royal Navy.
Engagé dans les Forces aériennes françaises libres le 27 février 1942, il est affecté dans une unité affectée au Levant. Son périple le conduit à New York, où il demeure au 15 avril au 26 octobre 1942, où il achève le manuscrit de Liberté, liberté chérie, récit de son procès et de son évasion commencé à son arrivée à Londres le 15 février 1942. De retour à Londres, il suit une formation de pilote-navigateur et intègre le groupe de bombardement Lorraine. En novembre 1943, il est nommé commissaire aux Finances au sein du Comité français de la Libération nationale (CFLN), à Alger, puis, le 4 septembre 1944, ministre de l’Économie nationale au sein du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Il démissionne le 6 avril 1945.
Le document
Le dimanche 22 février 1942, France d’abord, à Brazzaville, annonce l’arrivée à Londres de Mendès France dans un court article en page 12 du n° 23.
L’article suivant annonce le ralliement de 63 officiers et membres d’équipage du paquebot Maréchal Joffre, réquisitionné après l’attaque japonaise contre Pearl Harbour, le 7 décembre 1941, à Manille, qu’il quitte le 23 janvier 1942 pour l’Australie.
Bibliographie
Pierre Mendès France, Liberté, liberté chérie… Choses vécues, New York, Éditions Didier, 1943. Rééd. Critique : Liberté, liberté chérie (1940-1942) : Écrits de guerre I, Paris, Demopolis, 2015, édition établie par Vincent Duclert, postface de Denis Salas, avec des documents sur le procès de 1941, l’évasion et le procès en révision de Pierre Mendès France.
Éric Roussel, Pierre Mendès France, Paris, Gallimard, 2007.
Robert Frank, Éric Roussel, Deux passions françaises : Pierre Mendès France et Charles de Gaulle, Paris, CNRS, 2014.