L’appel du 18 Juin 1940 et la naissance des FAFL
Quand la voix du maréchal Pétain, nommé la veille président du Conseil après la démission de Paul Reynaud, s’éleva le 17 juin 1940 pour appeler à la cessation des combats, nombre de Français ressentirent un lâche soulagement. Hébétée par l’offensive allemande, secouée par des semaines de bombardement, incrédule devant la vitesse d’avancée des troupes allemandes, la France de juin 1940, désorganisée et éperdue, aspirait avant tout à la paix.
Une voix s’éleva alors pour dire « NON » à une paix acceptée sans honneur. Dans l’après-midi du 17 juin, le général de Gaulle, alors sous-secrétaire d’État à la Défense nationale et à la Guerre, s’envole de Bordeaux pour rejoindre l’Angleterre, accompagné du général Spears, représentant le Premier ministre britannique Winston Churchill, par l’avion qui l’avait transporté la veille depuis Londres.
Au soir du 18 juin 1940, le général de Gaulle s’adressa aux Français depuis Londres, au micro de la radio de la BBC, pour les inciter à poursuivre le combat et à le rejoindre en Angleterre.
Ce fut l’origine des Forces françaises libres, de terre, de mer et de l’air. Des hommes, des femmes aussi, de tous les horizons, le rejoignirent alors.
Sera considéré comme « Français libre » tout individu qui aura répondu à « l’Appel du 18 juin » à titre individuel ou en unité constituée, reconnaissant l’autorité du général de Gaulle en signant un engagement valable pour la durée de la guerre avant le 1er août 1943.
La création des Forces aériennes françaises libres (FAFL)
Après la reconnaissance le 28 juin 1940, par le gouvernement britannique, du général Charles de Gaulle comme l’unique représentant des « Forces françaises libres » (FFL), les « Forces aériennes françaises libres » (FAFL) sont créées à compter du 8 juillet.
Celles-ci sont commandées de façon provisoire par l’amiral Émile Muselier. Celui-ci propose la « Croix de Lorraine » comme emblème des FFL.
C’est le 10 juillet 1941 que le colonel d’aviation Martial Valin, arrivé du Brésil, devient commandant en chef des FAFL. Il entreprend de donner à ses unités un nom de région française et à leurs escadrilles le nom d’une de leurs villes. Sept unités des FAFL vont ainsi voir le jour.
Le 28 août 1941, l’escadrille française de chasse n°1, ayant combattu en Égypte au sein de la RAF (Royal air Force), est baptisée en Syrie groupe de chasse n°1 « ALSACE », avec les escadrilles « Strasbourg » et « Mulhouse », qui deviendra en Angleterre le 9 janvier 1943 : le n° 341 Squadron ALSACE.
Le 24 septembre 1941, l’escadrille de bombardement n°1 et l’escadrille de bombardement n°2, combattant au Moyen-Orient au sein de la RAF, fusionnent pour donner naissance en Syrie au groupe de bombardement n°1 « LORRAINE », avec les escadrilles « Metz » et « Nancy », qui deviendra en Angleterre le 7 avril 1943 : le n° 342 Squadron LORRAINE.
Le 20 octobre 1941, est créé en Angleterre le groupe de chasse n°2 « ÎLE-de-FRANCE », avec les escadrilles « Paris » et « Versailles », qui devient au sein de la RAF le n° 340 Squadron ÎLE-de-FRANCE.
Le 1er janvier 1942, le détachement permanent des forces aériennes au Tchad (DPFAT) et quelques éléments restants du groupe réservé de bombardement n°1 (GRB1) fusionnent à Fort-Lamy pour donner naissance au groupe de bombardement n°2 « BRETAGNE », avec les escadrilles « Rennes » et « Nantes ». Il deviendra ensuite le GB II/20 « BRETAGNE », lors de la création de « l’Armée française de la Libération » le 1er août 1943, suite à la réunification entre les FFL gaullistes et l’armée d’Afrique, commandée par le général Giraud, consécutive au débarquement en novembre 1942 des forces alliées en Afrique du Nord.
Le 1er septembre 1942, est créé à Rayak, au Liban, le groupe de chasse n°3 « NORMANDIE », avec les escadrilles « Rouen » et « Le Havre », qui, trois mois plus tard, rejoint Moscou pour aller combattre sur le front de l’Est. Il est rebaptisé par le maréchal Staline, pour ses faits d’arme en juillet 1943 : régiment « NORMANDIE-NIEMEN » avec une 3e escadrille « Cherbourg ».
Le 17 août 1943, le groupe aérien de défense côtière (GADC), créé en AEF (Afrique équatoriale française) en août 1942, donne naissance au groupe de défense côtière « ARTOIS » (GB I/16), avec l’escadrille « Arras » installée à Pointe-Noire, au Congo, et l’escadrille « Béthune » installée à Douala, au Cameroun.
Le 16 octobre 1943, est créé à Damas le groupe de bombardement « PICARDIE » (GB I/17) à partir des éléments de l’escadrille de surveillance du Levant.
Plus de 4000 hommes et femmes reconnus « Français libres » seront incorporés dans les Forces aériennes françaises libres. Certains seront pilotes, navigateurs, mitrailleurs, radio ou mécaniciens, d’autres parachutistes ou recrutés par le BCRA (Bureau Central de Renseignement et d’actions), beaucoup auront été détachés dans la Royal Air Force (RAF).
Parmi eux 664 trouveront la mort pendant la guerre, 123 seront déclarés « porté disparu ».