La libération de Lyon

La libération de Lyon

La libération de Lyon

Par Jacques Bauche

À la suite du débarquement allié en Normandie le 6 juin 1944, une seconde opération eut lieu le 15 août suivant sur les côtes de Provence à la hauteur de Sainte-Maxime.

Aussitôt à terre, les troupes américaines marchèrent sur Nice, Draguignan et Grenoble, alors que la première armée française du général de Lattre de Tassigny s’orientait vers l’ouest, libérant Toulon le 25 août (pendant que les troupes du général Leclerc entraient à Paris), et Marseille le 30 août 1944.

Devant ces succès menaçants, les forces allemandes qui couvraient le sud de la France reçurent l’ordre de se replier rapidement vers le nord, mais elles eurent à faire, au cours de cette manœuvre, à l’action conjuguée des avant-gardes alliées qui les talonnaient, de l’aviation qui les matraquait et surtout des Forces Françaises de l’Intérieur qui ne cessèrent de les attaquer, de couper leurs routes, de les désorganiser au point de transformer cette défaite en déroute.

À la suite de la libération de Toulon, le général de Lattre de Tassigny lança son armée sur trois axes différents : Saint-Étienne et Lyon (par la rive droite du Rhône) et La Tour-du-Pin (par la rive gauche du Rhône). Ces troupes avançant beaucoup plus vite que prévu, malgré les obstacles de toutes sortes que l’ennemi semait derrière lui, la force alliée tout entière se trouva bientôt en difficulté de ravitaillement d’essence.

L’une des unités composant la première armée française était la 1re Division Française Libre, commandée par le général Brosset, qui s’était déjà illustrée à Bir-Hakeim sous les ordres du général Kœnig, puis en Tunisie, en Italie et devant Toulon. Cette unité qui n’avait cessé de se battre depuis 1940, reçut pour mission de remonter la rive droite du Rhône à marches forcées sur les talons de l’ennemi, en passant par Mines, Remoulins, Pont-Saint-Esprit, Bourg-Saint-Andéol, Tournon et Givors.

Les avant-gardes de la 1re D.F.L. composées du 1re Régiment de Fusiliers Marins et du 22e Bataillon Nord-Africain atteignirent les faubourgs de Lyon (La Pierre-Levée et Oullins) le 3 septembre 1944 à l’aube. En même temps, une autre unité de cette force : le 1er Bataillon de la Légion Étrangère, contournant la ville, s’établissait au nord afin de couper la retraite aux Allemands qui s’enfuyaient par la route de Mâcon.

Au même moment, les Américains venant de Grenoble se présentaient dans les faubourgs rive gauche à Vénissieux et Bron.

Depuis deux jours, les résistants locaux s’étaient si bien dépensés et la pression des forces régulières se faisait si forte, qu’il ne restait pratiquement plus de défense organisée dans la ville. Mais l’on n’avait pu empêcher la destruction quasi totale des ponts et la liaison ne put se faire entre les Français Libres et les Américains.

À 10 heures ce 3 septembre 1944 les fusiliers marins sillonnaient les rues du centre avec leurs chars et leurs véhicules blindés. À 10 heures 30 plusieurs bataillons occupaient la ville. À 11 heures le général Brosset, un Lyonnais, prenait possession de Lyon en se rendant en Jeep jusqu’au bureau du maire au premier étage de l’hôtel de ville, étonnant quelque peu les témoins. À 12 heures toutes les cloches sonnaient, la population en liesse se répandait par les rues dans une folle farandole, tandis que vers le nord et sur certains toits quelques coups de mitrailleuses crépitaient encore. Le général Brosset était nommé commandant d’armes provisoire de la ville de Lyon.

Le 5 septembre un grandiose défilé se déroulait de la place Bellecour à l’Hôtel de Ville en présence des généraux de Lattre de Tassigny, de Monsabert et Brosset.

Voici, brièvement contée la libération de Lyon. Il était écrit que la capitale de la Résistance Française serait libérée avec la participation des soldats à croix de Lorraine, et il était normal que cette libération soit due aux efforts conjugués des « Soldats de l’Ombre » et des « Combattants de la Lumière ».

Extrait de la Revue de la France Libre, n° 219, avril-mai-juin 1977.