Jeanine Gautier-Dumoulin
Vingt ans dans Paris occupé, en 1943, Jeanine Gautier, dans la boutique de ses parents, profite du va-et-vient des clients pour aider des jeunes gens désireux d’échapper au service du travail obligatoire et à l’envoi en Allemagne.
Elle assure aux réfractaires des faux papiers et des tickets d’alimentation, pendant que ses parents hébergent des israélites aux abois. Un courant d’entraide réunit les résistants, membres de « Libération », OCM-FTP.
Plus, elle assume le dépôt et la répartition des paquets de journaux clandestins Défense de la France, mais au printemps 1944, un Alsacien, soi-disant déserteur, dénonce la filière et provoque les arrestations.
Jeanine à la prison de Fresnes subit les interrogatoires, puis est transférée au fort de Romainville, première étape avant la déportation, elle se trouve à Meu Brem, puis arrive au camp de concentration de Ravensbrück (matricule 44692), affectée en usine de guerre, elle travaille si lentement qu’elle est mutée aux travaux de terrassement en mars 1945, où elle s’épuise rapidement jusqu’à une longue errance dans le chaos, entre les troupes russes et anglaises. Enfin libérée, elle rentre à Paris le 5 juin 1945.
Décorée de la croix de guerre et de la médaille de la Résistance française, elle se marie, puis doit élever seule sa fille. Elle prend, cependant le temps de travailler régulièrement au service du fichier de l’AFL, rue Vergniaud, tout en participant aux ventes de solidarité avec un dévouement remarquable.
Nommée au conseil d’administration de l’ADIR, elle assume toutes ses responsabilités.
Depuis son retour, en fort mauvaise santé, elle n’a cessé de se dévouer, se dépensant sans compter, jusqu’à l’extrême limite de ses forces.
C’est une grande Française qui s’en est allée vers la récompense suprême à laquelle elle croyait fermement.
Avec l’autorisation de l’ADIR d’après un texte d’Henriette Labussière
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 270, 2e trimestre 1990.