Jean Tulasne
Jean Louis Marie Cécile Joseph TULASNE
Né le 27 novembre 1912 à Nancy (54)
Engagé dans les Forces Aériennes Françaises Libres
Matricule FAFL 31.001
« Disparaît en Russie » le 17 juillet 1943 dans la région d’Orel
Pilote au groupe de chasse « GC3 Normandie »
Compagnon de la Libération
« Mort pour la France » à l’âge de 30 ans
LE CONTEXTE AVANT SA DISPARITION
Jean TULASNE est passionné par l’aviation dès son plus jeune âge. Après deux années passées à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, il sort en 1933 avec le grade de sous-lieutenant. L’année suivante, il obtient le brevet de pilote n°24430 à l’École de l’Air de Versailles-Villacoublay.
Qualifié pilote de chasse, il est affecté en 1938 à l’École de l’Air de Salon de-Provence en qualité d’instructeur.
Lorsque la France entre en guerre en septembre 1939, le capitaine Jean TULASNE se trouve en poste en Afrique du Nord, sur la base aérienne d’Oran, où il se voit confier le commandement de la 2ème escadrille du groupe de chasse GC.I/7 au moment de sa création.
En janvier 1940, le GC.I/7 en envoyé au Liban et s’installe sur la base aérienne du Rayak.
Après l’annonce de l’Armistice signé le 22 juin, trois pilotes sous ses ordres, le lieutenant PÉRONNE et les sous-officiers COUDRAY et BALLATORE décident de déserter afin de s’engager dans la RAF (Royal Air Force) en Égypte pour se battre auprès des Anglais, seul pays encore en lutte contre les forces italo-germaniques.
Tenu responsable de cette désertion, le capitaine TULASNE est dans un premier temps interdit de vol, puis autorisé à voler de nouveau mais sous surveillance uniquement. Impatient de rejoindre la RAF, il trouve une opportunité le 5 décembre 1940 lors d’une patrouille aux commandes de son avion de chasse « Morane MS406 » en piquant vers la mer simulant une panne, redresse à ras des vagues et atteint la Palestine.
Jean TULASNE rejoint les autres pilotes de chasse français engagés dans la RAF et participe à la Bataille de Tobrouk au sein du « 274 Squadron », installé dans le désert égyptien. En septembre 1941, on lui confie le commandement du groupe de chasse GC1 lors de sa création, que l’on baptise groupe « Alsace ».
Six mois plus tard, le « GC1 Alsace » est engagé dans les combats en Libye face aux troupes de l’Afrikakorps du général Erwin ROMMEL.
En juin 1942, le commandant Jean TULASNE se voit confier la création d’un nouveau groupe de chasse, le « GC3 Normandie », destiné à aller combattre sur le front russe. Le groupe constitué, pilotes et mécaniciens arrivent en Russie au mois de décembre. Aussitôt, les entraînements débutent avec les avions de chasse russes « Yak 1 ».
En mars 1943, le GC3 devenu opérationnel est envoyé sur le front et rapidement obtient ses premières victoires aériennes. Le 23 juin, Jean obtient sa première victoire en abattant un « Focke-Wulf Fw190 ».
À partir du 10 juillet 1943, débute la bataille d’Orel. Les Allemands tentent, depuis le 5 juillet, de reprendre l’offensive après la défaite de la bataille de Stalingrad. De nombreux bataillons russes, ainsi que plusieurs milliers de chars et d’avions, sont lancés dans la contre-offensive. Débute alors la plus grande bataille de chars de la Seconde Guerre mondiale.
Dès lors, on demande aux pilotes français de participer à la couverture aérienne des troupes au sol engagées sur le front. Le « GC3 Normandie » est en soutien au 18e régiment d’avions de chasse soviétique commandé par un as de l’aviation russe, le colonel Anatoli GOLOUBOV.
Le 17 juillet 1943, le commandant TULASNE s’apprête à conduire le « Normandie » pour des missions d’escorte de bombardiers et de couverture de troupes au sol.
Il ne le sait pas… ce seront les dernières.
SA DERNIERE MISSION
Samedi 17 juillet 1943, le « GC3 Normandie » est engagé dans de nouvelles missions de protection.
Il est 5h10 lorsque, pour la première mission de la journée, dix Yak décollent du terrain de Khationki pour assurer la couverture de neuf bombardiers d’assaut « Petlyakov Pe2 » ayant pour objectif la gare de Biela-Beraga. La formation rencontre une très forte réaction de la DCA. Quinze avions de chasse ennemis sont aperçus sans engager de combat. Tous les Yak du GC3 rentrent normalement.
Il est 8h40 lorsque dix Yak du GC3 décollent pour une mission de couverture des troupes au sol dans la région d’Iagodnaia et de Krasnikovo. Un engagement à lieu avec des avions de chasse « Focke-Wulf Fw190 ». Au cours du combat le sous-lieutenant ALBERT tire sur trois « Fw190 », en abat un en flamme. Tous les Yak du GC3 rentrent normalement.
Il est 13h00 lorsque dix Yak du GC3 décollent pour une nouvelle mission de couverture des troupes au sol. Aucun avion ennemi n’est rencontré. Tous les Yak du GC3 rentrent normalement.
Il est 17h10 lorsque dix YAK du GC3, conduits par le commandant TULASNE, décollent pour une mission d’accompagnement de bombardiers d’assaut « Sturmovik » devant opérer dans le secteur de Znamenskaya avec pour objectif des colonnes de véhicules sur l’axe routier Boloto / Orel. Le ciel est dégagé, les conditions météorologiques sont très bonnes.
Soudain, le commandant TULASNE signale une trentaine de « Fw190 » au-dessus d’eux et aussitôt prend de l’altitude avant d’attaquer.
Le lieutenant LÉON est poursuivi par deux assaillants, il réussit à se dégager lorsque la patrouille S/Lt. ALBERT / Capt. PREZIOSI vient à son secours et en abat un.
L’aspirant BON attaque un avion ennemi sans succès.
La patrouille Lt. BÉGUIN / Asp. VERMEIL qui assure la protection arrière est attaquée par six « Fw190 ». À la première rafale, le Yak de BÉGUIN reçoit deux obus, le pilote réussit à manœuvrer et tir une longue rafale sur un des assaillants sans résultat. Il fait l’objet d’une seconde attaque, son moteur est touché par un obus. Il doit rompre le combat et réussit à poursuivre en raz-mottes survolant des combats de chars pour se poser en sécurité quelques kilomètres derrière la ligne de front.
Le combat terminé les Yak sont de retour au terrain, mais on constate l’absence de deux avions. Il s’agit de celui de TULASNE et VERMEIL. Le commandant POUYADE témoigne avoir vu pour la dernière fois TULASNE lorsqu’il grimpait en altitude avant l’attaque. Quant à VERMEIL il a été aperçu la dernière fois au moment de sa première attaque.
Les heures passent et l’on reste sans nouvelle des deux pilotes. Jean TULASNE et Firmin VERMEIL seront déclarés officiellement « porté disparu ».
Le commandant Jean TULASNE, était âgé de 30 ans, totalisait près de 2000 heures de vol et 96 missions de guerre. Il était crédité de 4 victoires aériennes.
Son corps n’a jamais été officiellement retrouvé.
Estimation du lieu de sa disparition dans le secteur de Znamenskaya, à 20 km au nord-ouest d’Orel.
Des recherches récentes laissent penser que le corps retrouvé en 1963, inhumé au cimetière de Vedenskoye, à Moscou, dans le carré des étrangers sous la dalle du « pilote français inconnu », pourrait être le sien.
Pour en savoir davantage sur le parcours de Jean Tulasne, vous pouvez télécharger sa biographie complète au format PDF (prochainement disponible).