Jacques Bourdale, dit « Moustique »
Le 11 février dernier ont eu lieu au crématoire du cimetière intercommunal de Valenton dans le Val-de-Marne, les obsèques de notre camarade Jacques Bourdale dit « Moustique » FFL de 1940, membre du Comité directeur national de notre association et président fondateur du Para-Club de l’AFL. Pendant la crémation, dans le salon d’honneur, devant une assistance nombreuse comprenant, outre la famille, et de nombreux drapeaux, des membres du Comité directeur national de l’AFL, des camarades de combats, notamment des anciens SAS, des membres de son Para-Club, des représentants de la Fédération Française de Parachutisme, de nombreux FFL et amis, un fervent hommage lui a été rendu par le colonel Pierre Castelneau, vice-président national de l’Association des Français Libres, représentant le général d’armée Jean Simon, président national de notre association et chancelier de l’ordre de la Libération.
Avec beaucoup d’émotion le colonel Pierre Castelneau, qui était un de ses amis très proche, retraça la carrière militaire et sportive de Jacques Bourdale.
Engagé volontaire en février 1939 au RICM à Aix-en-Provence il est affecté en 1940 au 24e RIC, unité faisant partie des troupes du Levant.
Après l’armistice qu’il refuse d’admettre, il rejoint dès juillet 1940 par la Palestine, la petite phalange des bons compagnons qui avaient répondu présent à l’Appel du 18-Juin du général de Gaulle. Avec le 1er Bataillon d’Infanterie de Marine (BIM puis BIMP) il participe à la première campagne de Libye en 1940 et ensuite en 1941 à la campagne d’Érythrée et aux opérations de Syrie au cours desquelles il est très gravement blessé à la face le 21 juin 1941.
Courageusement, il reprend le combat en 1942 et participe à la 2e campagne de Libye et de Tripolitaine ainsi qu’à la campagne de Tunisie. En 1943 il se porte volontaire pour les unités parachutistes et rejoint les SAS à Ringway en Angleterre. Avec cette unité d’élite, il participe aux combats de la Libération et aura à son actif plusieurs missions délicates. Démobilisé en septembre 1945, il sera en raison de ses blessures, pensionné de guerre, gueule cassée à 100 % + 6 degrés avec statut. Une croix de guerre avec palme et étoiles, une médaille coloniale avec agrafe Libye 1940-1942, Érythrée 1941, Tunisie 1943 ainsi que d’autres décorations viendront récompenser son courage et sa belle conduite au feu. Il était membre de notre Association depuis sa fondation et membre de son Comité directeur depuis 1973.
En 1968 en plein mouvement étudiants, il décide de consacrer toutes ses forces et toute son ardeur à la jeunesse et de lui apporter par l’effort, le risque et le sport, une saine utilisation de ses enthousiasmes. Il fonde le Para-Club de l’Association des Français Libres et le spécialise dans la discipline de l’ascensionnel (aujourd’hui appelée parachutisme tracté) dont il est un des pionniers. Dix ans après sa fondation, son Para-Club pouvait se prévaloir de 4 000 baptêmes d’enfants, de 200 baptêmes donnés à des handicapés et plus de 2 000 sauts. En 1979 il découvre en Angleterre l’utilisation des « ailes » et impose ce type de voilure en France, ce qui révolutionne les possibilités du parachutisme tracté en permettant d’être deux sur des « ailes en tandem ».
En 1984 son Para-Club remporte les championnats internationaux de Grande-Bretagne, véritable championnat du monde de la discipline. Éternel précurseur et s’inspirant de la devise des SAS « qui ose gagne » il prit le risque de faire évoluer des milliers de personnes depuis l’âge de 5 ans jusqu’à 86 ans. Membre écouté de toutes les commissions du parachutisme ascensionnel de la Fédération nationale, il contribua grandement à la réglementation actuelle de cette discipline et forma les premiers moniteurs et les premiers pilotes porteurs officiels de la Fédération Française de Parachutisme. Son action au sein du ministère de la Jeunesse et des Sports lui valut l’attribution de la croix de chevalier dans l’ordre national du Mérite.
Doué d’un grand bon sens, efficace, persévérant, souvent obstiné, d’une générosité à toute épreuve il avait la confiance et l’estime de tous. Homme de terrain il savait par sa gentillesse canaliser les énergies pour l’obtention du meilleur. Il savait aussi parler à cette jeunesse, de la France Libre, de son épopée et des idéaux pour lesquels elle s’était surpassée sous les ordres du général de Gaulle pour maintenir, par le combat et l’effort, la France dans l’honneur et au premier rang des grandes nations libres.
« Moustique » laisse un exemple de volonté et de cœur, une figure bien Free French que nous aimions et qui restera gravée dans nos mémoires.
Plusieurs camarades de combat et le vice-président du Para-Club prirent ensuite la parole pour dire simplement leur tristesse et ce que Jacques Bourdale était pour eux. Avant la dispersion des cendres dans « le jardin du souvenir » le Père Starky, Compagnon de la Libération et ancien aumônier de la 1re DFL, récita accompagné par toute l’assistance la prière universelle « Le Notre Père ».
C’est avec une grande tristesse que nous assurons son épouse et sa famille de notre profonde sympathie.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 262, 2e trimestre 1988.