L’intendance des FFL en AEF
Bien peu d’entre nous se souviennent des prouesses réalisées par les services de l’Intendance de la France Libre en AEF pour parvenir à fabriquer les équipements nécessaires aux troupes de nos bataillons de marche. Les photographies de ce reportage de l’époque illustrent parfaitement le tour de force réalisé pour que cette véritable usine, employant des centaines d’ouvriers, puisse faire face à la demande.
La reproduction ci-après de la lettre du gouverneur général Éboué adressée en février 1943 à l’intendant Fataccini est parfaitement éloquente à cet égard.
Le réalisme et la ténacité viennent à bout de toutes les difficultés.
Charles Pérez
« Je tiens à vous répéter par écrit ce que je vous ai dit lors de la visite que vous m’avez fait faire mercredi dernier des magasins et des ateliers de l’Intendance à Brazzaville.
Vos collaborateurs et vous-même avez prouvé qu’avec de la patience, de la ténacité, de l’esprit d’organisation et de l’autorité on pouvait vaincre des difficultés qui paraissaient d’abord insurmontables, puis réduire au jour le jour les mille obstacles pratiques qui s’opposent aujourd’hui à toute installation dans la colonie et enfin parvenir à monter, là où il y a deux ans et demi il n’y avait rien, une véritable usine au travail souple et bien réglé.
Je veux spécialement noter quatre points :
1) Jamais aucun service administratif métropolitain n’aurait admis en 1939 l’hypothèse d’une intendance en Afrique Équatoriale Française, travaillant seule et à plein, par ses propres moyens. C’est la revanche de l’initiative sur la bureaucratie. Nous devons faire en sorte que cette revanche soit durable !
2) Sans ce qu’a fait l’intendance de Brazzaville, et comme elle l’a fait, les victoires du général Leclerc étaient impossibles. Et nous savons combien ces victoires ont compté pour la France.
3) L’intelligente discipline qui a formé et perfectionné des centaines d’ouvriers indigènes assure à la colonie un bien actuel et futur extrêmement important.
4) Ces résultats ne seront ni diminués ni abandonnés. Il est essentiel qu’un instrument aussi efficace et qui a exigé tant de peine continue à fonctionner même au-delà des hostilités. C’est une question d’adaptation ; je m’en remets au sens pratique de vos collaborateurs et de vous-même pour qu’elle soit résolue au mieux.
Encore une fois, je tiens à vous remercier de la tâche accomplie et je vous prie de transmettre mes remerciements à M. l’intendant Le Guevel et à M. le commandant Bazinet, ainsi qu’à tous ceux qui vous ont aidé et qui les ont aidés dans cette création difficile et réussie.
Veuillez agréer, Monsieur l’intendant, l’assurance de mes sentiments les plus sympathiques. »
Signé : Éboué
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 293, premier trimestre 1996.