Hommage aux jeunes du Guilvinec et de Treffiagat-Léchiagat qui ont rejoint la France Libre dès juin 1940
Le 10 juillet 2021, les maires du Guilvinec et de Treffiagat-Léchiagat et la Fondation de la France Libre ont rendu hommage aux résistants de la première heure qui sont partis en Angleterre, rejoindre le Général de Gaulle au début de la Seconde Guerre mondiale. Ils refusaient la défaite de l’armée française reconnue par le Maréchal Pétain, le 17 juin 1940.
Les cérémonies se sont tenues en présence de nombreuses autorités (députée, sénateurs, président du Conseil départemental, associations patriotiques…), des familles de ces marins et d’une trentaine de porte-drapeaux.
Roger Guillamet (association des familles des compagnons de la Libération), coordinateur de la journée, a rappelé que ces jeunes « n’acceptaient ni la défaite annoncée le 17 juin par la voix du vieux maréchal Pétain, ni surtout de vivre sous la botte des Nazis. En Angleterre ils ont alors trouvé un chef, le général de Gaulle qui les a invités à se battre. À la Libération ils sont revenus ayant vieilli de quatre ans et surtout après avoir vécu l’horreur de la guerre, et pour certains la déportation ».
Michel Bouchi-Lamontagne, délégué de la Fondation pour le souvenir des Marins a présenté la brochure éditée par la Fondation qui relate le parcours de ces volontaires du Guilvinec et de Treffiagat-Léchiagat lors de la Seconde Guerre mondiale. La plupart se sont engagés dans les Forces Navales Françaises Libres qui ont compté plus de 14 000 marins, deux tiers dans la marine de guerre et un tiers dans la Marine marchande, la Bretagne ayant fourni le quart des effectifs.
Les deux plaques dévoilées, l’une au Guilvinec, l’autre à Treffiagat-Léchiagat, portent le texte suivant :
« Le 17 juin 1940, le maréchal Pétain engage des pourparlers avec l’Allemagne pour cesser le combat. Le 18 juin, de Londres, le général de Gaulle appelle les Français à le continuer. Le 20 juin, les soldats allemands occupent les communes du Guilvinec et de Treffiagat-Léchiagat. Le 22 juin, la convention d’armistice est signée à Rethondes pour une entrée en vigueur le 25 juin.
Dans la nuit du 24 au 25 juin 1940 le malamok Korrigan, avec 19 hommes à bord dont deux citoyens belges et la pinasse Ar Moscoul avec 15 hommes à bord prennent le large au nez et à la barbe des Allemands en direction de l’Angleterre. A partir du 1er juillet 1940, s’engageront dans les Forces Navales Françaises Libres :
• Michel BALTAS (20 ans) : BCRA (Bureau central de renseignement et d’action) (réseau Johnny), contre-torpilleur Léopard, corvette Alysse. Mort pour la France à bord de la corvette Alysse, torpillée le 8 février 1942.
• Mathieu BARGAIN (17 ans) : aviso Savorgnan de Brazza, frégate La Combattante.
• Eugène BERROU (29 ans) : 1er Bataillon de Fusiliers Marins (1er BFM). Mort pour la France le 17 juin 1941 en Syrie.
• Léon BERLIVET (29 ans) : Marine Pointe-Noire, Marine au Levant, état-major Alger.
• Alain CAILLARD (27 ans) : patrouilleur Vikings, Chasseur 10 Bayonne, Aéronavale 6FE.
• Fernand COÏC (19 ans) : 2e BFM (Bataillon de Fusiliers Marins), Marine au Levant.
• Léon COSQUER (19 ans) : 2e BFM, 1er RFM (Régiment de Fusiliers Marins).
• Marcel GUENOLE (20 ans) : BCRA (réseau Johnny), arrêté et déporté à Buchenwald.
• Raymond LE CORRE (20 ans) : BCRA (réseau Johnny), arrêté et déporté au camp de concentration de Buchenwald, mort pour la France des suites de sa déportation.
• Corentin LE COSSEC (19 ans) : 2e BFM, 1er BFM, 1er RFM.
• Henri LE GOFF (26 ans) : BCRA (réseau Johnny), arrêté et déporté à Buchenwald.
• Marcel LE GOFF (19 ans) : 1er BFM, 1er RFM.
• Sébastien NEDELEC (31 ans) : 1er BFM, mort pour la France à Simonstown en Afrique du Sud.
• Emile PERON (21 ans) : 1er BFM, Marine au Levant, patrouilleur Reine des Flots.
• Raphaël QUIDEAU (20 ans) : 1er BFM, mort pour la France le 17 juin 1941 en Syrie.
• Henri SINOU (31 ans) : 1er BFM, 1er RFM.
• Louis SINOU (20 ans) : 1er BFM, 1er RFM.
Dans la nuit du 25 au 26 juin 1940, le Petit Manuel, misainier de 9 mètres de long, déjouant lui aussi la surveillance des Allemands fait route à la voile vers l’Angleterre. Son équipage, s’engagera dans les Forces Navales Françaises Libres :
• Jean BIGER (20 ans) : BCRA.
• Charles BIZIEN (54 ans) : Petit Manuel, Korrigan, La Brise, Louis-Jules.
• Martial BIZIEN (19 ans) : BCRA (réseau Nemrod). Arrêté par les Allemands, il est condamné à mort et gracié en raison de son jeune âge, il sera emprisonné en Allemagne.
• Louis COÏC (19 ans) : sous-marin Surcouf, 23e Flottille de MTB (Motor Torpedo Boat).
• Ernest LE GOFF (24 ans) : corvette Aconit.
• René VIGOUROUX (27 ans) : Marine marchande de la France Libre, cargo PLM 27.
Le 5 janvier 1941, 15 jeunes marins quittent le port à bord de la pinasse Charley et tentent de gagner l’Angleterre. Ils seront interceptés par les Allemands et ramenés au Guilvinec. Ils seront remis en liberté après un court emprisonnement.
En septembre 1942, le langoustier l’Audacieux récupère des armes au large de Belle-Île. Après avoir mouillé les conteneurs d’armes aux abords des Glénan pour qu’ils soient récupérés par des petites embarcations, il regagne le port. À la suite de rumeurs persistantes, l’Audacieux et ses 7 hommes d’équipage, craignant d’être arrêtés, font route vers l’Angleterre le 1er octobre 1942. Ils s’engageront dans les Forces Navales Françaises Libres pour la plupart le 3 octobre 1940. Basés en Cornouailles, ils continueront à pêcher au profit de la population locale :
• Michel BOLLORE (39 ans)
• Sébastien COÏC (39 ans)
• Pierre KERVEVAN (36 ans)
• Sébastien LARNICOL (44 ans)
• Sébastien LARNICOL (16 ans)
• Léon LE MOGNE (45 ans)
• Corentin QUEFFELEC (45 ans)
Au total, entre le 1er juillet et le 1er août 1943, près d’une cinquantaine d’hommes natifs du Guilvinec, de Léchiagat et de Treffiagat auront rejoint les Forces françaises libres et notamment les FNFL. 6 seront morts pour la France.