Hommage à l’amiral Émile Henry Muselier

Hommage à l’amiral Émile Henry Muselier

Hommage à l’amiral Émile Henry Muselier

Organisateur des Forces navales et aériennes françaises libres

Le général de Gaulle remet la croix de la Libération à l’amiral Muselier (DR).

Émile Henry Muselier est né à Marseille le 17 avril 1882 et mort à Toulon le 2 septembre 1965. Vice-amiral, Compagnon de la libération, il organisa les Forces navales françaises libres. Nous fêtons ce 17 avril 2021 son 129e anniversaire.

La croix de Lorraine et la France Libre

« … La France fut faite à coup d’épée. Nos pères entrèrent dans l’Histoire avec le glaive de Brennus… », avait écrit le général de Gaulle en 1938, dans La France et son armée.

Fin juin 1940, la flotte de guerre française est presque en totalité hors de France. Une grande partie se trouve dans les ports d’Angleterre, environ deux cent cinquante bâtiments et onze mille marins. La flotte de commerce, elle aussi, est en nombre dans les ports anglais, environ cent trente-cinq navires. Elle a amené environ quinze mille hommes soldats et marins évadés des côtes de France.

Les premiers compagnons ralliés à Londres

1. Le 18 juin 1940

L’épée était courte et le chef des Français Libres avait dû ramasser le tronçon du glaive, pour reconstituer une armée et remettre la France dans la guerre. Le jour même, Jean des Moutis, commandant du Chasseur 6, traverse la Manche pour rejoindre l’Angleterre. Il sera nommé Compagnon de la Libération le 17 novembre 1945, au titre de la France Libre. Se réfugient aussi dans le port de Portsmouth, en Angleterre, les bâtiments suivants : Courbet, Savorgnan de Brazza, Pollux, 3 torpilleurs, 4 avisos, 2 sous-marins en réparation (Orion et Ondine), 12 chasseurs de sous-marins et quelques patrouilleurs. Le cuirassé Courbet, trop vieux pour combattre, servira de base à l’École Navale. Les sous-marins Surcouf, Minerve et Junon quittent le port de Cherbourg pour Plymouth.

2. Le 19 juin 1940

Hubert Amyot d’Inville quitte Cherbourg, après l’annonce de l’armistice, alors que le dragueur de mines qu’il commande a été coulé par l’aviation allemande, sur une vedette lance-torpilles et rallie Falmouth. Il s’engagera à Londres le 1er août 1940, dans les Forces navales françaises libres et sera nommé Compagnon de la Libération dès le 9 septembre 1942, au titre de la France Libre. En plein Atlantique, le cargo Maurienne, qui a entendu l’Appel et qui fait route vers Brest, change de cap et se dirige vers le Canada, pour rallier la France Libre. L’Oiseau de la tempête quitte Le Primel, port de la commune de Plougasnou, en Bretagne, avec à son bord 6 volontaires.

3. Le 20 juin 1940

La barque Le Primel emporte de Guernesey 80 passagers. Le cargo Casamance quitte Bordeaux pour Falmouth.

4. Le 21 juin 1940

Le lieutenant de vaisseau Xavier de Scitivaux arrive en Angleterre, en provenance de Bayonne, à bord d’un ancien chalutier armé, le Président Houduce. Engagé dans les Forces aériennes françaises libres, il sera nommé Compagnon de la Libération dès le 30 septembre 1941. Il prendra le commandement du groupe de chasse Île-de-France, le 1er février 1942, formé à partir de marins. Le même jour, le Don Michel Noblet parti d’Ouessant et le langoustier La Marie-Louise de Camaret pour rejoindre l’Angleterre.

5. Le 24 juin 1940

Georges Thierry d’Argenlieu, parti du port de Cateret le 22 juin à bord du bateau de pêche La Marie Georges, rejoint l’Angleterre après une escale à Jersey. Il sera nommé Compagnon de la Libération dès le 29 janvier 1941, au titre de la France Libre. Premier chancelier de l’Ordre de la libération, l’amiral Georges Thierry d’Argenlieu deviendra chef des Forces navales françaises libres le 4 mars 1942. Dans la nuit du 24 au 25 juin 1940, le Narval, un vieux sous-marin de première classe basé à Sousse, qui participait à la surveillance de la Méditerranée, rallie Malte, avec son commandant, François Drogou, et rejoint les Forces navales françaises libres. Ayant repris le combat, le Narval et tout son équipage seront portés disparus le 15 décembre 1940. François Drogou sera nommé Compagnon de la Libération le 31 janvier 1941, au titre de la France Libre, à titre posthume.

6. Le 25 juin 1940

Le cargo italien Capo Olmo, venant de Marseille, détourné le 23 juin 1940, rallia l’Angleterre via Gibraltar. Entre le 24 et le 26 juin 1940, tous les hommes valides, 133 îliens de 14 à 51 ans, partent de l’île de Sein sur le Velléda, le Rouanez ar Lor, le Rouarnez ar Peoch, le Marie-Stella, le Corbeau des Mers, pour rejoindre l’Angleterre.

La création des Forces françaises libres

1. Le 28 juin 1940

Un accord est passé entre Charles de Gaulle et Winston Churchill : « Le général de Gaulle procède à la création d’une force française de volontaires. Cette force qui comprend des unités navales, terrestres, aériennes et des éléments techniques et scientifiques, sera organisée et utilisée contre les ennemis communs ».

Cet accord entérine la naissance des Forces françaises libres. Des unités sont créées de toutes pièces, elles formeront le noyau de la glorieuse Première division française libre. Des pêcheurs bretons de l’île de Sein, des marins d’Audierne et 70 militaires rejoignent l’Angleterre à bord du thonier Le Zénith, après avoir traversé la mer dans des conditions héroïques.

2. Le 30 juin 1940

À Dundee, en Écosse, les membres de l’équipage du Rubis, sous-marin français qui avait été mis à la disposition de la Royal Navy et qui mouillait des mines en mer du Nord, rallient la France Libre, soudés autour du lieutenant de vaisseau Georges Cabanier. Sur les quarante-quatre membres de son équipage, seuls deux souhaitent retourner en France. Georges Cabanier sera nommé Compagnon de la Libération le 25 mai 1943, au titre de la France Libre. Le Rubis recevra la croix de la Libération, dès le 14 octobre 1941. C’est le premier bâtiment ainsi honoré. Au même moment, des pêcheurs bretons de l’île de Sein, des marins d’Audierne et 70 militaires rejoignent l’Angleterre à bord du thonier Le Zénith, après avoir traversé la mer dans des conditions héroïques. À Gibraltar, 2 cargos, Rhin et Anadyr, décident de reprendre la lutte. Tard dans la soirée, le général de Gaulle reçoit Émile Muselier, vice-amiral à la retraite qui a quitté Marseille sur le Cydonia, vieux charbonnier britannique, seul français, parmi quatre cents anglais et qui arrive de Gibraltar en hydravion. Il sera nommé Compagnon de la Libération dès le 1er août 1941, au titre de la France Libre. Muselier a convaincu de continuer la lutte quatre bâtiments de la marine : un cargo armé, le Rhin, un chalutier armé, le Président Houduce, deux cargos, l’Anadyr et le Capo Olmo, et une centaine d’aviateurs sous les ordres du commandant Charles Pijeaud. Le commandant Charles Pijeaud deviendra chef d’état-major de Forces aériennes françaises libres, mourra pour la France en service aérien commandé en Libye et sera nommé Compagnon de la Libération le 26 mars 1942, au titre de la France Libre, à titre posthume.

L’invention de la croix de Lorraine

1. Le 1er juillet 1940

L’amiral Muselier est nommé par le général de Gaulle « au commandement des Forces Maritimes Françaises restées Libres quelles qu’elles soient et quel que soit l’endroit où elles se trouvent ». Il assure provisoirement aussi le commandement des Forces aériennes françaises libres.

2. Le 2 juillet 1940

Pavillon de beaupré des FNFL (DR).

Par un de ses premiers décrets du 2 juillet 1940, l’amiral Muselier prend la décision suivante : « Les bâtiments de guerre et de commerce de la marine nationale libre porteront à la poupe le pavillon national français et à la proue un pavillon carré bleu orné en son centre de la croix de Lorraine en rouge ». Jugé trop sombre, le modèle original sera transformé en un losange blanc au centre d’un carré bleu, où figure une croix de Lorraine rouge.

3. Le 3 juillet 1940

Au cours de l’opération « Catapult », les Anglais saisissent les bâtiments français en Angleterre. Il y a 2 morts à bord du Surcouf. À Mers El-Kébir, la flotte britannique tire sur l’escadre française qui est mise hors de combat. Ce fut un coup de hache pour les ralliements, écrira de Gaulle.

Les premiers bâtiments réarmés

1. La marine de guerre

Au début du mois de juillet 1940, la marine de guerre française ne comportait que quelques bâtiments. Les premiers à continuer la lutte furent les sous-marins. Deux sous-marins partis de Cherbourg le 18 juin 1940 qui mouillaient dans le port de Portsmouth, le Junon et le Minerve, ainsi que le Surcouf. Ce dernier, saisi à Plymouth par les Anglais, sera réarmé pour les Forces navales françaises libres. Puis seront réarmés neuf chasseurs de mines (les Chasseurs 5, 8, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 42), sept avisos (Amiens, Chevreuil, Commandant Dominé, Commandant Duboc, Epinal, Moqueuse, Savorgnan de Brazza), deux contre-torpilleurs (Léopard, Le Triomphant), trois patrouilleurs (Poulmic, Vaillant, Vikings), deux torpilleurs (Bouclier, Melpomène), un cargo armé (Rhin), un chalutier armé (Président Houduce).

2. La marine marchande

La marine marchande des Forces navales françaises libres a été créée le 7 août 1940. Elle jouera un rôle majeur lors de la bataille de l‘Atlantique. Son chef, nommé par le général de Gaulle, le 12 août 1940, est Jacques Bingen (alias Necker), ancien directeur de la société d’armement française, la SAGA. Son expérience est précieuse pour la flotte civile de la France Libre. Il deviendra délégué général de la France Libre en France pour la zone sud et se donnera la mort, avant d’être arrêté, le 13 mai 1944. Il sera nommé Compagnon de la Libération, au double titre de la France Libre et de la Résistance Intérieure, le 1er janvier 1945. Les cargos qui composent la marine marchande des Forces navales françaises libres sont : Anadyr, Casamance, Celte, Dauphiné, Fort-Lamy, Névada, Graveline, Île de Batz, Morlaix, Myson, Fort-Médine. Les premiers grands paquebots affectés au transport des troupes furent : Île de France, Pasteur, Président Doumer, Cap Saint-Jacques, Cuba, Désirade, Félix Roussel, Tombouctou, Touareg.

Les fusiliers marins de la France Libre

1. Création du Premier bataillon de fusiliers marins

La première unité combattante constituée de la France Libre est le Premier bataillon de fusiliers marins. En effet, le 5 juillet 1940, à la demande du commandant Robert Détroyat, qui cherchait des volontaires pour former un bataillon de fusiliers marins, l’amiral Muselier, créé le Premier bataillon du fusiliers marins. Robert Détroyat sera nommé Compagnon de la Libération, au titre de la France Libre, le 16 août 1944, à titre posthume.

Cette unité est formée à partir d’instructeurs et d’élèves de l’école de fusiliers marins, venus de Lorient, avec le maître fusilier Pierre Le Goffic, qui a apporté avec lui la fourragère rouge du bataillon et les décorations, remises à la célèbre unité qui s’était illustrée à Dixmude, pendant la guerre de 1914-1918. Pierre Le Goffic mourra au champ d’honneur pour la France, dans les combats pour la libération de Toulon le 22 août 1944, près du petit village de La Crau, alors qu’il menait l’attaque, panneaux ouverts, touché d’une balle en plein cœur. Il sera nommé Compagnon de la Libération, à titre posthume, le 20 novembre 1944, au titre de la France Libre. Le 10 juillet 1940 à bord du Courbet circule la première liste de volontaires pour les fusiliers-marins. Une section est hâtivement rassemblée et participe à la modeste revue française du 14 juillet 1940, passée par le général de Gaulle, en plein cœur de Londres, où le 1er bataillon de fusiliers marins défile devant la statue de Foch. C’est dans cette unité que s’engage mon oncle, Paul Piétri, le 17 juillet 1940. Le 18 juin 1940, il était à bord d’un navire de la compagnie des Messageries Maritimes quand, entendant l’Appel du général de Gaulle à la radio, il prit la décision de rejoindre les Forces françaises libres en Angleterre. Il se présenta au Consul de Grande Bretagne d’Alexandrie qui le dirigea vers Le Caire, où il embarqua sur un bombardier Wellington. Après une escale à Gibraltar, le 24 juin 1940, Paul Piétri repartit pour Londres, où il fut dirigé sur « Patriotic School ». Le 23 juillet 1940, quelques 250 marins gagnent le camp de Morval dans l’ »Aldershot Command », au sud de l’Angleterre, dont Paul Piétri qui signa son engagement dans les Forces navales françaises libres, le 26 juillet 1940 (carte n° 20 441).

2. Le Premier régiment de fusiliers marins

Insigne du 1er RFM dessiné par Roger Barberot (DR).

Le 23 septembre 1943, le bataillon deviendra le Premier régiment de fusiliers marins, unité de reconnaissance de la Première division française libre et recevra son drapeau le 26 janvier 1944. Le 1er mars 1944 le régiment sera au grand complet articulé en quatre escadrons. Le premier escadron de chars légers est commandé par le lieutenant de vaisseaux Roger Barberot qui, aux arrêts de rigueur sur Le Tourville, réussit à s’évader à la nage et à monter à bord d’un croiseur britannique, pour rejoindre le 1er bataillon d’infanterie de marine, le 10 juillet 1940. Nommé Compagnon de la Libération dès le 7 mars 1941, au titre de la France Libre, c’est lui qui a dessiné l’insigne du premier régiment de fusiliers marins : deus hippocampes entourant une croix de Lorraine. Le deuxième escadron de reconnaissance est commandé par le lieutenant de vaisseau Alain Savary qui sera nommé Compagnon de la Libération le 1er janvier 1945, au titre de la France Libre. Le troisième escadron de reconnaissance est sous les ordres du lieutenant de vaisseau Jean Brasseur (alias Kermadec) qui sera nommé Compagnon de la Libération le 20 janvier 1946, au titre de la France Libre. Le quatrième escadron de reconnaissance est dirigé par le lieutenant de vaisseau Pierre Langlois qui a été nommé Compagnon de la Libération, dès le 23 juin 1941, au titre de la France Libre. Il sera remplacé, en novembre 1944, par le capitaine de corvette Jean Cadéac d’Arbaud qui sera nommé Compagnon de la Libération le 20 janvier 1946, au titre de la France Libre.

3. Ses chefs

Le lieutenant de vaisseau fusilier Robert Détroyat était arrivé en Angleterre en juin 1940 avec le Chasseur 5. Il est nommé officiellement le 1er août 1940, chargé de commander cette formation. Il mourra au champ d’honneur devant le village de Mezze, en Syrie, tombé aux avant-postes le 21 juin 1941, lâchement assassiné dans le dos par les forces de Vichy. Le capitaine de corvette Jean des Moutis fut le second officier à s’engager dans les fusiliers marins en juillet 1940. Il assurera l’intérim du 21 juin au 6 septembre 1941. Puis c’est l’enseigne de vaisseau Hubert Amyot d’Inville, chef légendaire qui prend le commandement du bataillon. Blessé en Syrie, il fera du Premier bataillon de fusiliers marins l’avant-garde de la Première division française libre. Il trouvera un mort héroïque le 10 juin 1944, au-delà de Rome, devant Montefiascone, en Italie. L’enseigne de vaisseau Hubert Amyot d’Inville sera lui-même remplacé par le capitaine de corvette Pierre de Morsier, qui sera nommé Compagnon de la Libération le 17 novembre 1945, au titre de la France Libre.

4. Ses victoires

De son épopée glorieuse, citons quelques-unes des victoires de la Première division française libre : Kissoué, Cheik Meskine, Ydaidet-Aartouz, Damas, Bir Hakeim, El Alamein, Djebel Garci, Takrouna, Enfidaville, San Andrea, San Giorgio, Pontecorvo, Tivoli, Bolsena, San Lorenzo Nuovo, Castelgiorgio, Acquapendente, Torre Alfina, Radicofani, Madona della Vigne, La Crau, Hyères, La Valette du Var, La Garde, Toulon, Lyon, Clairegoutte, Frédéric-Fontaine, Chérimont, Ronchamp, Auxelles-Bas, Les Boulets, La Savoureuse, Rougegoutte, Grosmagny, La Doller, Ballon d’Alsace, Rougemont-le-Château, La Chapelle-sous-Rougemont, Massevaux, Bourbach-le-Bas, Herbsheim, Rossfeld, Ohnenheim, Rossfeld, Obenheim, Marckolsheim, Artzenheim, l’Authion, Breil… Présent sur la plupart des champs des batailles auxquelles a participé la France Libre, le Premier régiment de fusiliers marins, recevra la croix de la Libération le 12 juin 1945, accrochée sur son drapeau, des mains même du général de Gaulle.

Évolution des Forces navales françaises libres de juillet 1940 à mars 1942

1. De Juillet à septembre 1940

Le 23 juillet 1940, Philippe de Gaulle signe son engagement, en tant que matelot, dans les Forces navales françaises libres. Le 10 août 1940, les Forces navales françaises libres réarment l’aviso dragueur Moqueuse. Le 11 août 1940, l’aviso Commandant Dominé, premier navire paré des Forces navales françaises libres, reprend la mer. Puis sont réarmés 3 avisos (l’Amiens, le Chevreuil, l’Epinal), 3 patrouilleurs (Poulmic, Vaillant, Vikings), 2 torpilleurs (Bouclier, Melpomène). Le 22 août 1940, les avisos Commandant Duboc et Savorgnan de Brazza entrent en opération et rallient Greenock, en Écosse, qui deviendra la base des Forces navales françaises libres. Le patrouilleur Vikings entre en opération et escorte un convoi dans l’Atlantique. Le 26 août 1940, des troupes franco-britanniques embarquent de Liverpool, à destination de Dakar, c’est l’opération « Menace ». Les Forces françaises libres sont regroupées sur deux paquebots hollandais, trois avisos français, le Commandant Duboc, le Commandant Dominé et le Savorgnan de Brazza et sur un patrouilleur des Forces navales françaises Libres, le Président Houduce. Trois cargos français transportent le matériel et l’armement : le Casamance, l’Anadyr et le Fort-Lamy. Le 28 août 1940, les Forces Navales françaises libres réarment le contre-torpilleur Le Triomphant. La Minerve quitte Plymouth pour la Clyde. Le Rubis est gravement endommagé lors de l’attaque d’un convoi en mer du Nord. Le 9 septembre 1940, sont réarmés par les Forces navales françaises libres les Chasseurs 41 (Audierne), 42 (Larmor) et 43 (Lavandou) qui forment l’escadrille française libre de Cowes. Le 12 septembre 1940, les Forces navales françaises libres réarment l’aviso Chevreuil. Le 23 septembre 1940, les parlementaires de l’opération « Menace », qui avaient accosté à l’intérieur du port de Dakar, sont obligés de se replier sous le feu des mitrailleuses qui blessent deux Français Libres, dont l’amiral Georges Thierry d’Argenlieu : c’est le premier sang versé pour les Forces navales françaises libres. Au crépuscule, un essai de débarquement des fusiliers marins est tenté à Rufisque par le Commandant Duboc et le Commandant Dominé, mais une batterie côtière ouvre le feu et fait 3 morts : ce sont les premiers morts du 1er bataillon de fusiliers marins. L’aspirant Robert Cremel et les quartiers-maîtres Louis Broudin et Baptiste Dupuis, du 1er bataillon de fusiliers marins, morts dans l’opération « Menace », sont nommés Compagnons de la Libération, à titre posthume, le 1er février 1941. Le 25 septembre 1940, le sous-marin Narval quitte Malte pour sa première opération de guerre. L’escorteur Vaillant entre en opération pour le compte des Forces navales françaises Libres.

2. D’octobre à décembre 1940

26 octobre 1940, le Chasseur 10 (Bayonne) est réarmé pour le compte des Forces navales françaises libres. Le 7 novembre 1940, le patrouilleur Poulmic saute sur une mine. C’est la première perte des Forces navales françaises Libres. Le 19 novembre 1940, l’aviso Chevreuil appareille de Greenock pour sa première mission. Le 23 novembre 1940, le contre-torpilleur Léopard, réarmé par les Forces navales françaises libres, quitte Portsmouth pour le groupe d’escorte de la Clyde à Greenock. Le 12 décembre 1940, sorti de refonte, Le Triomphant entre en opération, sous les ordres du capitaine de frégate Philippe Auboyneau qui a rallié Londres et les Forces Françaises Libres le 20 juillet 1940. Il sera nommé Compagnon de la Libération le 26 septembre 1945. Le 15 décembre 1940, le Narval et tout son équipage sont portés disparus. Le vieil aviso Arras est aménagé en dépôt des équipages et participe à la défense anti-aérienne du port de Portsmouth. Le 23 décembre 1940, le Surcouf effectue sa première plongée en Angleterre. Le 25 décembre 1940, le Chasseur 14 (Dialette) est réarmé pour le compte des Forces navales françaises libres. Le 30 décembre 1940, le cargo Celte est coulé par un avion allemand : c’est la première perte d’un navire marchand des Forces navales françaises libres.

3. De janvier à mars 1941

Le 3 janvier 1941, le croiseur sous-marin Surcouf devient opérationnel. Le 9 janvier 1941, la corvette Commandant Drogou est réarmée pour le compte des Forces navales françaises libres. Le 11 janvier 1941, les Forces navales françaises Libres arment 4 « Motor Launches », vedettes rapides destinées à l’escorte des convois de la Manche : Saint-Renan, Saint-Guénolé, Saint-Yves, Saint-Alain. Le 24 janvier 1940, le Minerve entre en opération. Le 14 février 1941, les Chasseurs 6 et 11, rebaptisés Boulogne et Paimpol, sont réarmés. Le 17 février 1941, le Casamance fait naufrage devant les côtes du Yorkshire, au cours d’une très violente tempête. Le 19 février 1941, le cargo des Forces navales françaises Libres Fort Médine saute sur une mine, à l’entrée du port de Swansea. Le 24 février 1941, le contre-torpilleur Léopard coule un U-Boot dans l’Atlantique : c’est la première victoire des Forces navales françaises libres contre la marine allemande. Le 10 mars 1941, le navire français libre Île de Batz est torpillé. Le 20 mars 1941, réarmé par les Forces navales françaises libres, le patrouilleur Léoville entre en service à Greenock. Le 30 mars 1941, les Forces navales françaises libres réarment le dragueur Kériado, les Chasseurs 5 (Carentan) et 13 (Calais).

4. D’avril à juin 1941

Le 2 avril 1941, le torpilleur Ouragan, réarmé par les Forces navales françaises libres, participe à la défense anti-aérienne du port de Portsmouth. Le 8 avril 1941, le 1er bataillon de fusiliers marins commandos est créé à Camberley, constitué de 15 volontaires autour de l’enseigne de vaisseau Philippe Kieffer. Il a rejoint l’Angleterre en juin 1940 et, en janvier 1941, exposa à l’amiral Muselier son projet de créer un commando français. En mars 1941, les Britanniques acceptent que soit organisée, autour de son chef Philippe Kieffer, la Première compagnie de fusiliers marins commandos. En septembre 1941, l’unité est rattachée au « Royal Marines », puis envoyé en stage en mars 1942 au camp d’Achnacarry, en Écosse. En Mars 1944 la Première compagnie de fusiliers marins commandos sera organisée au sein du « 4 Commando », seule unité franco-britannique qui aura l’insigne honneur de toucher le sol de France, au matin du 6 juin 1944, à Ouistreham. Philippe Kieffer sera nommé Compagnon de la Libération le 28 août 1944, au titre de la France Libre. Le 19 avril 1941, le Minerve coule un pétrolier de 8.000 tonnes au large des côtes norvégiennes. Le 3 mai 1941, la corvette Mimosa est armée pour les Forces navales françaises libres. Le 10 mai 1941, le Chasseur 12 (Bénodet) est réarmé par les Forces navales françaises libres. Le 17 mai 1941, les Forces navales françaises libres créent le Service féminin de la flotte. Le 5 juin 1941, la corvette Alysse est armée pour les Forces navales françaises libres, à Greenock. Le 16 juin 1941, le cargo Indochinois est incorporé aux Forces navales françaises libres. Le 27 juin 1941, le cargo PLM 22 est envoyé par le fond devant les côtes d’Afrique.

5. De juillet à septembre 1941

Le 16 juillet 1941, la corvette Lobélia est armée, pour les Forces navales françaises libres, à Aberdeen. Le 19 juillet 1941, la corvette Aconit est armée, pour les Forces navales françaises libres, à Troon. Le 30 juillet 1941, la corvette Renoncule est armée, pour les Forces navales françaises libres, à Glasgow. Le 4 août 1941 le Cap des Palmes passe sous l’autorité des Forces navales françaises libres. Le 19 septembre 1941, la corvette Roselys est armée, pour les Forces navales françaises libres, à Aberdeen.

6. D’octobre à décembre 1941

Le 20 octobre 1941, le général de Gaulle signe le décret créant une escadrille de chasse air-marine, le groupe de chasse n° 2, qui sera rebaptisé groupe de chasse Île-de-France. Le 22 octobre 1941, la corvette Commandant Détroyat est armée pour les Forces navales françaises libres. Le 29 octobre 1941, la corvette Roselys part pour sa première escorte d’un convoi dans la bataille de l’Atlantique. Le 24 novembre 1941, l’amiral Muselier, emmenant avec lui l’enseigne de vaisseau Alain Savary, part de Greenock, à bord de la corvette Lobélia, pour aller libérer Saint-Pierre et Miquelon. Le 16 décembre 1941, le sous-marin Junon, qui a été restitué aux Forces navales françaises libres, effectue sa première patrouille. Le 24 décembre 1941, un convoi, composé des corvettes Mimosa, Alysse et Aconit, accompagné du sous-marin Surcouf, accoste Saint-Pierre et Miquelon avec 120 membres d’équipage. Le 25 décembre 1941, un plébiscite est organisé et Alain Savary est nommé administrateur de l’archipel.

7. De janvier à mars 1942

Le 8 janvier 1942, les Forces navales françaises libres créent la marine Saint-Pierre à Saint-Pierre et Miquelon avec le remorqueur Béarnais, les vedettes Pourvoyeuse, Aventure et Revanche, la goélette Maryse R et le gardien de barrage Colomnia. Le 26 janvier 1942, la corvette Roselys éperonne un sous-marin allemand. Le 6 février 1942, sous le feu des Japonais, le Félix Roussel sauve à Singapour un millier de femmes et d’enfants. Le 8 février 1942, la corvette Alysse est torpillée. Le 11 février 1942, la corvette Commandant Drogou est armée pour les Forces navales françaises libres. Le 19 février 1942, le Surcouf est abordé et coulé par un cargo américain dans le golfe du Mexique. Le 20 février 1942, l’Alysse est torpillée dans l’Atlantique. Le 4 mars 1942, le capitaine de corvette Philippe Auboyneau remplace l’amiral Muselier à la tête des Forces navales françaises libres.

Ainsi s’acheva l’œuvre considérable du vice-amiral Émile Muselier, au service des Forces navales françaises libres, où il fallut tout recréer et dont il fut le génial et infatigable organisateur.

Médecin en Chef(R) Bernard François Michel

Bibliographie
Barberot R., Fusiliers Marins, Paris, Éditions France-Empire, 1947, 212 pp.
Cabanier G., Croisières périlleuses, Paris, Éditions Presses de la Cité, 1969, 281 pp.
Kieffer P., Béret vert, Paris, Éditions France-Empire, 1951, 242 pp.
Muselier E., De Gaulle contre le gaullisme, Paris, Éditions du Chêne, 1946, 308 pp.