Le ralliement de Guislain et Louis Debeugny

Le ralliement de Guislain et Louis Debeugny

Le ralliement de Guislain et Louis Debeugny

Les beaux exemples

Guislain Debeugny, né en 1902 en Artois, gérait avant la guerre une petite entreprise de transport. Il est mobilisé en 1939 comme sergent-chef du génie. En 1940, il combat en Belgique, est embarqué à Dunkerque pour l’Angleterre, repart pour la France et tombe entre les mains des Allemands en débarquant à Cherbourg. Il s’évade aussitôt, est repris et envoyé au camp d’Auvours. En novembre 1940, à la veille d’être envoyé en Allemagne, il s’évade une seconde fois et gagne la zone libre.
Là, il retrouve sa famille, réfugiée à la suite de l’exode : sa femme, son fils Louis, âgé de 15 ans et demi, sa fille. L’on tient conseil et l’on décide ainsi : les choses sont simples et claires, les Allemands occupent le pays, et il y a quelque part un général français qui continue le combat pour les en chasser. Le père et le fils rejoindront donc le général de Gaulle, les deux femmes rentreront à Saint-Martin-sur-Cojeul (Pas-de-Calais) et y attendront la libération.
Les deux hommes gagnent Marseille, réussissent à s’embarquer et, par Alger, Oran, Casablanca, gagnent Dakar. De là ils cherchent à gagner un territoire français libre. Entreprise difficile, car ils sont suspectés et surveillés, et ignorent tout du continent africain. Mais rien ne les embarrasse, ils prennent la brousse et fin mai 1941 ils atteignent la Gambie anglaise, Bathurst, d’où ils sont dirigés sur Brazzaville.
Guislain Debeugny, a fait son service dans les chars et c’est un spécialiste de métier du matériel automobile, une précieuse recrue, et il est aussitôt dirigé sur le groupe d’automitrailleuses du régiment du Tchad qu’il rejoint fin 1941. Son fils, qui vient d’atteindre 16 ans, est mis à l’instruction dans une unité d’aviation.
Au Tchad, l’on prépare activement l’offensive sur le Fezzan, dans l’espoir de percer et de se joindre à la VIIIe armée britannique qui prend l’offensive en novembre 1941. Mais cette offensive est stoppée en janvier 1942 et les Britanniques rétrogradent jusqu’à Gazala. Il n’est plus possible de songer à les rejoindre. Mais Leclerc ne renonce pas à son plan d’action, il le transforme en une vaste opération de balayage des postes italiens du Fezzan pour disjoindre le dispositif ennemi et prendre l’ascendant en vue des combats ultérieurs, reconnaître le terrain et ses défenses, entraîner ses troupes. C’est une rude entreprise, car il s’agit, après une marche d’approche de 800 kilomètres en terrain difficile, d’attaquer des postes fortifiés et solidement occupés, puis se replier sous les attaques d’une aviation ennemie supérieure à la nôtre. L’on sait de quelle manière magistrale Leclerc sut réaliser la surprise, enlever et détruire plusieurs postes, détruire du matériel et infliger de sensibles pertes à l’ennemi, puis ramener son monde sans qu’un seul de ses détachements ait été sérieusement inquiété.
Le détachement dont fait partie Debeugny enlève pour sa part le poste de Gatroun, le 28 février puis, après l’avoir incendié, patrouille dans la région, attaque au canon Umm el Araneb, décroche enfin et se replie sur Uigh el Kebir.
C’est là que, le 9 mars, une attaque par avions se produit sur le détachement. Guislain Debeugny, dans la tourelle de son automitrailleuse, en train de mitrailler les avions ennemis, reçoit une balle dans les reins qui lui perfore le ventre, une autre dans le bras. Il trouve la force de passer encore une bande de cartouches puis, se sentant blessé à mort, il donne l’ordre à son équipage de continuer à marcher, un arrêt sous le feu ennemi devant être fatal, et saute à terre lui-même pour ne pas les embarrasser. C’est ainsi qu’il mourut, aussi stoïquement et simplement qu’il avait choisi la voie du combat et du risque.
Son fils Louis est adopté comme filleul par le général Leclerc qui l’affecte à l’unité de son père. Il suivra Leclerc jusqu’au bout, par le Fezzan, la Tunisie, Alençon, Paris, Baccarat, Strasbourg, terminant la guerre comme maréchal des logis-chef au 1er régiment de marche des spahis marocains, médaillé militaire avec quatre citations.

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L’inhumation du corps du maréchal des logis-chef Guislain Debeugny a eu lieu le 30 juillet 1950, à Saint-Martin-sur-Cojeul.

De nouveau, dans une France libérée, la famille était réunie, comme elle se l’était promis quand en novembre 1940 elle s’était séparée pour mieux combattre. Le chef était mort, les biens avaient été perdus, mais tous avaient accompli le devoir que leur dictait leur cœur de Français.

C’est grâce à des hommes et des femmes comme les Debeugny que la France Libre a pu faire de grandes choses. C’est grâce à eux que la France a pu être libérée avec honneur et dans l’indépendance. C’est sur leur exemple que doivent être formés les jeunes Français.

Extrait de la Revue de la France Libre, n° 32, novembre 1950.