Guerre mondiale
« Guerre mondiale » est une expression forgée à partir de « Weltkrieg », mot allemand créé par le pédagogue Friedrich Ludwig Jahn (1778-1852) pour qualifier la guerre d’indépendance contre Napoléon, et repris par le romancier August Niemann (1839-1919) dans Der Weltkrieg. Deutsche Träume (« La Guerre mondiale. Rêves allemands »), paru en 1904.
Les expressions « Weltkrieg » et « World War » ont été adoptées dans l’Allemagne wilhelmienne et les États-Unis du président Wilson pour qualifier la guerre de 1914-1918, à l’opposé de la France ou du Royaume-Uni, où l’on a d’abord parlé de « Grande Guerre » et de « Great War »(1).
« Weltkrieg » renvoie à une conception géopolitique de la fin du XIXe siècle, la confrontation, territorialisée, de puissances impériales. De son côté, « World War », popularisée par le président Woodrow Wilson afin de justifier – auprès d’une opinion largement isolationniste – l’entrée en guerre des États-Unis, repose sur la défense, non d’un territoire – qui n’a pas été attaqué – mais de valeurs, jugées universelles, c’est-à-dire une lutte planétaire entre la démocratie et la tyrannie.
Dans son appel du 18 juin 1940, le général de Gaulle emploie l’expression de « guerre mondiale » pour justifier la poursuite du combat malgré la victoire des armées allemandes lors de la bataille de France. Dans son discours, c’est une vision territorialisée qui prime, celle de « l’Empire » français, de l’Empire britannique et de « l’immense industrie des États-Unis », qui permettent de continuer la guerre.
En Asie, la Seconde Guerre mondiale commence avec la guerre sino-japonaise, dès 1937, et ne s’achève qu’avec la capitulation japonaise, le 2 septembre 1945. En Europe, elle débute avec l’agression de la Pologne par les forces allemandes le 1er septembre 1939 et prend fin avec la capitulation allemande le 8 mai 1945.
Mondial, ce conflit l’a également été pour la France Libre :
- engagée dans le combat allié contre l’Allemagne et l’Italie dès sa formation en juin 1940, elle a déclaré la guerre au Japon au lendemain de l’agression nippone de Pearl Harbour (7 décembre 1941) ;
- en dépit de leurs faibles moyens humains, le recrutement des Forces françaises libres couvre tous les continents ; retenons en particulier les bataillons de marche formés en Afrique équatoriale française, le bataillon du Pacifique ou le bataillon des Antilles (devenu le 21e Groupe antillais de DCA) ;
- les FFL sont intervenues sur tous les points du globe, sur terre, sur mer ou dans les airs (bataille d’Angleterre, Gabon, Afrique orientale, Libye, Moyen-Orient, Tunisie, Russie, Italie, France, Allemagne, la mer du Nord, la Méditerranée, les océans Atlantique, Indien et Pacifique, etc.) ;
- c’est à travers la défense des valeurs républicaines, autant que son engagement patriotique contre la « capitulation » et la « servitude » du pays, que la France Combattante s’est imposée face au régime collaborationniste de Vichy.
1. Voir Karoline Postel-Vinay, « Dire l’histoire à l’échelle du monde », revue Esprit, juin 2007, pp. 74-85.