Général Robert Quilichini

Général Robert Quilichini

Général Robert Quilichini

Compagnon de la Libération

Notre compagnon Quilichini disparaît trop tôt pour sa famille et trop tôt pour ses camarades qui aimaient et estimaient ce soldat sans peur et sans reproche.

Je n’ai pas l’autorité pour relater sa brillante carrière ; ce sera certainement le rôle et le devoir de nos amis de la 2e D.B. Je voudrais seulement noter brièvement ma première et ma dernière rencontre avec Quilichini.

C’était le 27 août 1940. J’avais quitté Yaoundé le matin pour Douala afin de passer en Nigeria me mettre à la disposition de l’armée britannique ; mais j’avais fait dire à Leclerc qu’il était urgent d’intervenir au Cameroun, le 27 août étant la date limite.

Ce fut fait ; je trouvai Leclerc à Douala ; il était arrivé le matin et s’était emparé de la ville. Et il avait envoyé un officier à Yaoundé chercher le colonel Bureau, commandant militaire.

Moi-même avec Louis Dio et quelques hommes devions remonter à Yaoundé y régler la question dès que Bureau serait rendu à Douala.

À 1 heure le 28, une draisine stoppa sur le quai de la gare. Bureau, tout de blanc vêtu, en descendit, suivi d’un lieutenant en kaki. Je passe sur mon contact avec le colonel.

Mais le lieutenant se présenta ; « Quilichini, le colonel Leclerc m’avait envoyé à Douala porter une lettre au colonel Bureau. »

Depuis une dizaine d’années, à l’occasion d’une cure thermale que je subis à Dax, j’ai organisé une réunion des anciens officiers de l’armée coloniale. Nous déjeunons dans un bon restaurant de la région choisi par un volontaire. Cette réunion fut toujours réussie et depuis qu’il avait quitté le service actif le général Quilichini ayant installé ses pénates à Mouguères près de Bayonne, y assistait accompagné évidemment de sa sympathique épouse.

Je ne suis pas venu à Dax l’an dernier. La dernière fois que j’ai eu le plaisir de voir Quilichini fut en 1977. Je ne pouvais craindre le pire et ce ne fut qu’un « Au revoir », le 5 octobre 1977.

Ainsi en trente-sept ans d’intervalle, un lieutenant plein d’avenir s’engageait dans une des plus folles équipées – celle de la France Libre et un général au brillant passé ne laissait plus que des regrets.

C’est la vie !

Général Roger Gardet

Extrait de la Revue de la France Libre, n° 229, 4e trimestre 1979