Général de brigade Louis Kerjean
Notre compagnon et ami Louis Kerjean est décédé à Bayonne le 3 décembre.
Le 5 décembre, en l’église d’Arbonne, près de Bayonne, un grand nombre de Français Libres, déportés, anciens combattants et amis ont entouré sa famille et lui ont rendu hommage, en présence d’une section du 1er RPIMa.
À la fin du service religieux, la voix brisée par l’émotion, Georges Ledoux, son camarade de Camberley, de mission, de camp de concentration nazi, a évoqué sa carrière, soulignant les liens qui les unirent.
En juin 1940, Louis Kerjean, refusant l’armistice, part pour l’Angleterre. Il s’engage à Olympia le 1er juillet. Versé au Bataillon de Chasseurs, il suit d’une part le peloton d’EOR (le peloton Vignes) et d’autre part, volontaire pour le service action du BCRA, l’instruction spécialisée des commandos parachutistes.
Sous-lieutenant, parachuté en France le 17 décembre 1942 avec les fonctions de chef de réseau radio de la France Combattante auprès de Jean Moulin, à Lyon, il est arrêté par la Gestapo à Marseille le 10 mars 1943, incarcéré à Fresnes où, pendant neuf mois, il subit interrogatoires et tortures avant d’être déporté à Buchenwald puis à Natzweiller et Dachau. Libéré par les Alliés le 30 avril 1945, il est nommé lieutenant. Trois citations à l’ordre de l’Armée, la croix de chevalier de la Légion d’honneur récompensent sa courageuse et brillante conduite.
Louis Kerjean se destine au métier des armes. Il entame alors une carrière jalonnée de belles affectations : 38e Régiment de Transmissions, École des cadres de Saint-Maixent, 8e Régiment de Transmissions.
Promu capitaine en juillet 1947, il rejoint la 25e division aéroportée à Marrakech puis à Bayonne. Son dynamisme et ses compétences lui valent son affectation au commandement des transmissions des forces alliées Centre Europe.
Promu au grade de chef de bataillon en 1958, il prend la tête des transmissions de la 25e division parachutiste alors en opération en Algérie.
Trois nouvelles citations et la rosette d’officier de la Légion d’honneur lui sont décernées.
De retour en métropole en 1961, il commande le centre d’instruction de Pau ; affecté au QG des forces alliées Centre Europe en 1963, il est promu au grade de lieutenant-colonel.
1966 le voit aux États-Unis officier instructeur auprès de l’École des transmissions de l’armée américaine. À Baden-Baden de 1968 à 1970, il commande les transmissions des forces françaises en Allemagne d’où, promu colonel, il part à Montélimar prendre le commandement du 4e Régiment de Transmissions.
En 1972, il est à Marseille, commandant les transmissions de la VIIe Région. Promu général de brigade, il reçoit la cravate de commandeur de la Légion d’honneur.
Retiré à Arbonne au Pays basque depuis 1974, il s’y fait nombre d’amis.
Des mains de son camarade du peloton Vignes, le général J. Bourdis, Compagnon de la Libération, le 27 août 1989 il reçoit les insignes de grand officier de la Légion d’honneur.
Tous ceux qui ont fréquenté et connu Louis Kerjean se souviendront d’un ami sincère, droit et sans détours, d’agréable contact, toujours prêt à aider son prochain.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 273, 1er trimestre 1991.