Le Garigliano

Le Garigliano

Le Garigliano

11-13 mai 1944

Petite rivière servant de frontière entre les provinces italiennes du Latium et de Campanie, le Garigliano fut, au XVIe siècle, le théâtre d’un exploit du chevalier Bayard qui défendit seul un pont contre une avant-garde espagnole. Quatre siècles plus tard, elle devait être le théâtre d’une des plus belles victoires françaises de la campagne d’Italie. En 1943, au moment où s’effondrait le régime fasciste, les Allemands avaient établi une position fortifiée longue de 120 km, dénommée « ligne Gustav », de l’embouchure du Garigliano à celle du Sangro, à travers le massif des Abruzzes. Elle fut attaquée, sans succès, dès le mois de janvier 1944 par les Alliés. Au début d’avril, le général Juin, chef du CEF, proposa une manœuvre audacieuse fondée sur la surprise et le débordement et destinée à compléter les actions frontales menées par les troupes britanniques.

Après avoir passé l’hiver en Tunisie, la 1re DMI (ex-1re DFL) débarqua en Italie dans les derniers jours d’avril et prit position, dans les premiers jours de mai, sur la rive gauche du Garigliano. Dans le plan de Juin, approuvé par le commandement allié, elle était chargée de nettoyer une bande de terrain dans la boucle d’un affluent du Garigliano, le Liri. L’offensive alliée (opération Diadème) est déclenchée dans la nuit du 11 au 12 mai 1944. Elle commence par échouer, en raison d’un manque de préparation d’artillerie, mais le second assaut des Français, le 13 mai, va se révéler décisif. « L’ennemi est plus fatigué que nous », affirme Juin en ordonnant la reprise de l’offensive. Pendant que la 2e DIM s’empare du mont Girofano, le BM 24 et le BM 21 reconquièrent le terrain perdu la veille et progressent rapidement. Au soir du 14 mai, la 1re DMI est en avance sur les autres troupes françaises et alliées, après avoir mis hors de combat un millier d’Allemands (mais, à lui seul, le 22e BMNA a perdu plus de 200 hommes). Les généraux Juin et de Larminat rendent visite à Brosset et le félicitent : « La victoire est en marche. Ordre est donné d’exploiter le succès », fait savoir le chef du CEF.

Dès lors, la 1re DMI accentue sa progression dans la plaine, face à la ligne de défense allemande « Dora », mais dans des conditions difficiles : le BIMP perdra 16 hommes, dont son chef, le commandant Magny (remplacé par le commandant Magendie). Le 17 mai, la 2e brigade de la DMI (colonel Garbay) force la ligne fortifiée de Pontecorvo. Le lendemain, le nettoyage de la boucle du Liri est achevé ; ce même jour, la DMI reçoit la visite du général de Gaulle, accompagné des généraux Juin, de Lattre, Monsabert et Béthouart. « Dans la vallée du Garigliano, écrit le général Simon, les Français venaient de remporter une magnifique victoire et d’imposer au commandement allié l’idée que l’on ne pourrait décidément plus se passer d’eux. » La rupture de la ligne Gustav devait ouvrir aux Alliés la route de Rome, qui sera libérée le 4 juin.