L’épopée de « L’Archange »
Par Bernard Dupérier
Ancien commandant du groupe de chasse « Île-de-France »
Compagnon de la Libération
Le colonel Dupérier évoque le souvenir de Jacques-Henri Schlœsing, commandant des groupes de chasse « Île-de-France » et « Alsace » des Forces Aériennes Françaises Libres (1942-1944).
Avec quel éclat la ville de Paris n’a-t-elle pas célébré le 25 août dernier le cinquantenaire de sa libération par l’action conjuguée de ses propres résistants et de la 2e DB française libre du général Leclerc. On ne saurait trop féliciter la municipalité de l’ampleur de cette manifestation.
Pour le monde entier, Paris c’est la France, et sa libération par les Français eux-mêmes, c’était symboliquement la fin de l’occupation ! La fin de la domination hitlérienne.
C’est tellement vrai que, le 25 août 1945, les cloches des églises ont carillonné dans toute l’Amérique latine.
En fait, tout le monde sait que le 26 août, les armées allemandes étaient encore aux portes de la capitale et qu’il faudrait des mois de durs combats pour atteindre la victoire finale.
Mais ce 26 août 1944 nos trois couleurs flottaient à nouveau sur Paris et la foule qui, à 14 heures, acclame follement le général de Gaulle descendant les Champs-Élysées, entouré de Kœnig, de Leclerc et de Juin, a le sentiment d’une victoire totale et du retour de la France à la place qu’elle occupait, parmi les grandes puissances du monde libre, avant les événements dramatiques de 1940.
Comme l’écrit le Général dans ses « Mémoires de Guerre » :
« Il se passe, en ce moment-là, un de ces miracles de la conscience nationale, un de ces gestes de la France, qui parfois, au long des siècles, viennent illuminer notre histoire. Dans cette communauté, qui n’est qu’une seule pensée, un seul élan, un seul cri, les différences s’effacent, les individus disparaissent (…).
« À chaque pas, dit-il, que je fais sur l’axe le plus illustre du monde, il me semble que les gloires du passé s’associent à celles d’aujourd’hui. »
Il est donc bien naturel que cette date reste, dans l’esprit des Français et plus spécialement des Parisiens, celle d’un jour de fête et de joie sans égales.
Cependant, parmi nous, il en est pour qui la date du 26 août est aussi l’anniversaire d’un des deuils les plus profonds qu’ils aient éprouvés car ils ne sauraient oublier que, ce même jour, à l’heure précise où le général de Gaulle descendait les Champs-Élysées et comme pour en payer le prix, tombait Jacques-Henri Schlœsing, commandant du groupe de chasse « Alsace » des Forces Aériennes Françaises Libres, un des plus purs de nos héros, celui que, depuis, nous avons appelé « l’Archange » et dont je voudrais essayer de retracer pour vous l’histoire exemplaire.
Son père, le pasteur Gaston Schlœsing, faisait partie d’une de ces familles alsaciennes qui, pour ne pas subir le joug allemand, s’étaient volontairement expatriées en 1871 et c’est de ce fait que Jacques-Henri naquit à Montreux, en Suisse, le 12 décembre 1919, à l’issue de la Première Guerre mondiale, à laquelle le pasteur avait participé, en première ligne, comme aumônier. Rentré à Mulhouse en 1920, dans une Alsace redevenue française, il y passera les neuf premières années de sa vie. C’est en 1929, en effet, que le pasteur Schlœsing fut nommé à Paris à la tête des Missions protestantes et c’est ainsi que Jacques-Henri prépara son baccalauréat au lycée Carnot et adhéra à une troupe parisienne d’éclaireurs.
Ceux qui l’ont connu alors, adolescent, évoquent son sourire lumineux, franc et doucement ironique, son caractère droit, indulgent aux autres, et son âme nette.
Il aimait la musique et les lettres mais, devenu chef scout, il fait aussi l’apprentissage de l’autorité et se pénètre du « désir de servir ». Après avoir passé très brillamment ses baccalauréats, il allait se présenter au concours d’entrée de l’École coloniale lorsque éclata la guerre en 1939.
Il n’a alors que 19 ans, mais aussitôt il s’engage et se retrouve à l’École de l’air de Versailles, où il obtient très vite son brevet d’« observateur » et celui de « chef de bord ».
Arrive l’offensive allemande de mai 1940 ! L’École de l’air se replie d’abord à Saint-André-de-l’Eure, puis à Toulouse Francazal, et c’est là que, le 17 juin, Schlœsing entend le discours du maréchal Pétain, annonçant les pourparlers avec l’envahisseur.
Ce soir-là, et le surlendemain, il écrit à sa mère une lettre dont voici deux extraits.
D’abord :
« Dans l’ignorance absolue de ce qui va sortir de cet armistice, et en prévoyant que tout le territoire français passera au service de l’Allemagne pour l’aider dans la guerre contre la Grande-Bretagne, notre amie et notre alliée, prévoyant ce que cela signifiera de souffrances et de séparations, je crois voir mon devoir ailleurs. Tu comprendras combien il m’est dur de t’écrire cette lettre, qui est peut-être la dernière. Il faudra accepter que notre vie de famille soit bien finie.
« L’enjeu de cette guerre était total, et je ne sais pas si l’on fait bien d’essayer une sorte de compromis ! Ne valait-il pas mieux, coûte que coûte, continuer la lutte de la nation, même hors du territoire ? Si vous pouviez, tous, sortir de cette France asservie, et partir pour un pays encore libre ! Échapper à cette servitude n’est pas une lâcheté, loin de là. »
Et 48 heures plus tard, il ajoute :
« Je suis encore là mais pas pour longtemps, je pense. Après deux jours complets de réflexion, je suis déterminé à tout tenter pour partir ! Si je peux reprendre la lutte ailleurs, là où elle sera, en Angleterre ou en Afrique, j’aurai conscience de le faire pour vous ! Et si ce qu’on appelle le sacrifice suprême m’est demandé, tu sauras, toujours, dans quel but il aura été fait : pour une cause désormais indiscutable. Tu seras heureuse d’avoir, au moins, un de tes enfants qui se soit entièrement donné à « Elle ».
Rappelons que ces lignes sont écrites par un garçon de 20 ans.
Mais il apprend alors le discours du général de Gaulle et cherche un moyen pour rejoindre la Grande-Bretagne où un chef, dont il distingue immédiatement la grandeur, appelle tous les Français à le seconder. Sur la base de Francazal où il se trouve, avec tout le personnel de l’École de l’air, il fait la rencontre du sergent pilote Béguin qui, lui aussi, veut aller à Londres. Partent avec eux l’aspirant Casparius, le lieutenant Roques et l’aspirant Ricard-Cordingley.
C’est ainsi que, le 22 juin 1940, ils décollent tous les cinq à midi, à bord d’un Caudron Goéland qui est parqué là et dont ils peuvent s’emparer. Après un voyage aventureux, sans cartes et avec pour seul compas la boussole de scout de Jacques-Henri, ils arriveront au-dessus de la Cornouaille et se poseront, presque à bout d’essence, sur un petit terrain de tourisme.
Remobilisé comme aumônier, son père, lui, avait été fait prisonnier en 1940, avec toute son unité.
Mais, de son côté, sa mère, se faisant accompagner par ses deux autres fils, embarqua en Bretagne sur un vieux bateau charbonnier à destination de l’Angleterre, afin de ne pas voir ses enfants tomber sous le contrôle de l’envahisseur.
Mais, de son côté, sa mère, se faisant accompagner par ses deux autres fils, embarqua en Bretagne sur un vieux bateau charbonnier à destination de l’Angleterre, afin de ne pas voir ses enfants tomber sous le contrôle de l’envahisseur.
L’un de ses fils, François, s’engagera dans les Forces Navales Françaises Libres. Ayant conquis son galon d’aspirant, il sera à bord de la Roselys lorsque, rare exploit, celui-ci coulera un sous-marin allemand en l’éperonnant. Le second, Olivier, se battra en Afrique, avec le régiment du Tchad, où il sera capitaine à 20 ans (1).
Ayant appris que le pasteur avait été libéré par les Allemands au double titre d’ecclésiastique et d’ancien combattant de 1914-1918, Mme Schlœsing, elle, a décidé en 1942 de retourner en France après avoir eu tant de mal à en sortir en 1940 !
Son « devoir », m’expliqua-t-elle alors, étant d’apporter à son mari le soutien de sa présence à ses côtés, dans la lourde charge qu’il avait, lui, l’obligation d’assumer à la tête des missions protestantes, à travers les difficiles circonstances que traversait le pays.
Quelle famille !
Pour ce qui est de Jacques-Henri, il se vit envoyé à l’École de pilotage franco-belge d’Odiham dès la création de celle-ci, avant d’être admis dans le cycle d’entraînement de la RAF, qu’il termina, vers la fin de 1941, à l’Operational Training Unit, l’OTU, de Crosby-on-Eden, près de Carlisle, où il fit ses premiers vols sur Hurricane. Il était pilote de chasse.
Après un court passage au Squadron 17 de la RAF, il fut affecté, en novembre, au groupe de chasse « Île-de-France », Squadron 340 de la RAF, mais première unité française en Angleterre en cours de formation à Turnhouse, dans la banlieue d’Edimbourg.
C’est ainsi que je rencontrai pour la première fois ce grand garçon de 20 ans, gai et rieur, qui faisait partie des pilotes de l’escadrille «Versailles » que je devais commander, et dont la jeunesse ne parvenait pas à masquer une personnalité exceptionnelle !
Comme tous ceux qui ont eu le privilège de l’approcher, je fus immédiatement frappé par la qualité de son intelligence et sa maturité. Son autorité morale, son ascendant naturel sur ses camarades, même sur ceux qui étaient ses aînés, se manifestaient dans une intense, mais très pure, « joie de vivre ». Peu après, les premiers engagements auxquels il prit part montrèrent tout de suite le combattant indomptable, l’habile manœuvrier et le très fin pilote qu’il était.
Ses qualités de « chef de guerre » étaient tellement évidentes que, malgré sa jeunesse, je le proposai pour remplacer le capitaine François Fayolle, lorsque ce dernier quitta l’escadrille «Paris », afin de prendre le commandement d’un des premiers groupes britanniques de chasseurs bombardiers à la tête duquel il devait trouver la mort, le 20 août suivant, lors de l’opération expérimentale de Dieppe au cours de laquelle Schlœsing lui-même fit quatre sorties avec le groupe « Île-de-France ».
L’autorité prise sur ses pilotes comme sur l’ensemble de son personnel par Jacques-Henri, maintenant capitaine, s’affirmait de jour en jour. L’estime en laquelle le tenait le commandement de la RAF également. Aussi, lorsque je quittais le groupe, le 1er décembre 1942, c’est lui qui, sur ma suggestion, fut désigné pour me remplacer. Sous son commandement, le groupe « Île-de-France » alla de victoire en victoire et, pour Schlœsing, les citations succédèrent aux citations. Le 20 décembre 1942, il écrit à Mouchotte : « Nous avons fait hier une grande balade en France, presque jusqu’à Mantes, à 50 kilomètres de Paris qu’on voyait très bien avec la tour Eiffel… C’était formidable ! »
Mais le samedi 13 février 1943, à 10 heures du matin, son Spitfire est mis en feu au cours d’un accrochage avec des Messerschmitt à 12 000 mètres d’altitude. Le dispositif d’évacuation ayant été bloqué par un projectile, Schlœsing, au milieu des flammes, livre à son matériel un combat affreux pour se libérer de son appareil désemparé. Enfin, vers 6 000 mètres d’altitude, il réussit à sauter mais ses mains et son visage sont atrocement brûlés.
Après une longue descente en parachute, suivi et repéré par les chasseurs ennemis, il prend contact avec le sol près d’une ferme. Les Allemands sont si près que le fermier ne peut que lui passer rapidement une blouse bleue de travail et une bouteille d’eau. Il court changer de vêtement dans le bois voisin où, tant bien que mal, avec ses pauvres mains en sang, il enterre ses effets de vol ne gardant que ses bottes, et il va se cacher dans un boqueteau au milieu des champs labourés. De là, il voit les Allemands le chercher tout l’après-midi.
Une fois la nuit tombée, il décide de tâcher d’atteindre un endroit un peu plus éloigné, où il ne sera pas signalé. À travers champs et taillis, il part dans la direction de l’est, guidé par la minuscule boussole de son équipement de sauvetage, ne gardant avec lui que ses deux plaques d’identité de la RAF et la bouteille d’eau du fermier. Sa soif commence à être ardente ; sa figure a tellement enflé que ses deux yeux sont fermés et qu’il doit soulever sa paupière avec ses doigts mutilés pour consulter sa boussole.
Il marche pendant des heures, trébuchant et tombant dans les terres labourées, butant dans les buissons. À un moment, il sent soudain comme un vide devant lui ! Il regarde et découvre qu’il se trouve au bord d’un chemin creux. Une petite lumière va et vient à quelques mètres de lui ; c’est la sentinelle allemande d’un aérodrome de secours.
Les brûlures sont devenues insupportables et il lui suffirait, alors, de se rendre à ce soldat qui est là et qui le conduirait immédiatement à l’infirmerie. Mais ce serait aussi la captivité, la fin du combat, et Schlœsing s’y refuse, acceptant un martyre qu’il lui appartiendrait pourtant de faire cesser sur-le-champ.
Ayant longé une rivière dont les taillis qui bordent la berge l’ont caché, épuisé, il arrive enfin à un petit village aux premières lueurs du jour.
Voyant la porte d’une grange ouverte, il y pénètre et se couche dans le foin.
Quelques heures plus tard, il reprend sa route et se décide enfin à entrer dans une maison ! Une femme est là, qui l’étend sur un lit et le réconforte. C’est une patriote, une vraie, comme il y en avait alors. Elle va, ensuite, demander conseil à M. le curé.
Ce dimanche 14 février, les plaines que vient de traverser Jacques-Henri Schlœsing sont gelées, les semailles d’automne dorment en attendant la fin de l’hiver. Les cloches sonnent à toute volée, elles appellent les fidèles à venir partager le pain et le vin du sacrifice de la messe, à la prière, à la charité et à la paix du Christ.
L’abbé Papillon, qui officie dans ce village de Bouflers en Picardie, est un authentique Résistant et il a déjà secouru plus d’un aviateur allié.
Après l’office, il va s’entendre au sujet de ce nouveau parachuté avec Mme Tellier, femme discrète, vivant seule dans une grande maison. Infirmière de son métier, elle était, de surcroît, la seule protestante du pays.
Le dimanche soir, une fois la nuit venue, Schlœsing se remet en marche en compagnie du curé ; il souffre le martyre. Il lui semble qu’il n’arrivera jamais jusqu’au havre promis. Par miracle, son hôtesse avait ce jour-là, la visite d’une cousine, Mme Potez, femme-médecin qui put donner au blessé les premiers soins urgents que nécessitait son état.
À ce moment-là, il n’a plus figure humaine. Sa tête et ses épaules ne forment qu’un bloc noirâtre. Seuls ses cheveux, qui avaient été protégés par son serre-tête, sont intacts. Il a plus de 40 de fièvre, il délire. Heureusement, grâce au dévouement sans bornes de ses deux hôtesses et d’un autre résistant, le docteur Capelle, son état général s’améliore, bien que les pansements soient aussi épuisants que douloureux. Dix jours plus tard, convoyé par le réseau « Comète », Schlœsing atteint Paris où, le 13 avril, il retrouve sa famille, deux mois jour pour jour après sa chute.
Il y fut soigné clandestinement jusqu’à ce que son état lui permette enfin le voyage dangereux et difficile qu’il a décidé d’entreprendre, car il est déterminé à tout pour rejoindre en Grande-Bretagne ses camarades des Forces Aériennes Françaises Libres du général de Gaulle.
Pas si vite, cependant, pour qu’avant de regagner la rue il n’ait ajouté aux signatures d’officiers de la Wehrmacht, sur le livre d’or d’un restaurant fameux de la capitale : « Commandant Schlœsing, commandant du groupe « Île-de-France », Forces Aériennes Françaises Libres. »
Au cours de cette équipée, il réussira à se tirer du piège des prisons espagnoles, et, par Gibraltar, il rejoindra Londres pour reprendre le combat. Mais parvenu à bon port il lui fallut, alors, suivre pendant un an le très pénible traitement des grands brûlés, dans le centre spécialisé du professeur Mac Indice afin de retrouver le minimum nécessaire d’état général, et ce n’est qu’en mai 1944 qu’il obtient enfin son « bulletin de sortie. »
Bien entendu, les commandements français et britannique, qui l’avaient honoré de la DFC et de la Légion d’honneur, auraient voulu le cantonner alors à des fonctions administratives ou mêmes opérationnelles, mais loin de la bagarre où étaient engagées les unités. Pour Jacques-Henri, il n’en était pas question. Remuant ciel et terre, il lui fallait parvenir à ses fins et, le 6 juin, jour du débarquement, il obtient d’être affecté comme surnuméraire à son ancienne unité, le groupe « Île-de-France. »
Avec elle il participe alors aux opérations qui assureront aux Forces alliées la maîtrise aérienne au-dessus de la tête de pont, ce qui lui donnera la joie, le 12 juin, de se poser sur le sol de France. Le 22 août, il est désigné par les autorités de la RAF pour prendre le commandement du groupe « Alsace », seconde unité de chasse des FAFL, alors basée près de Bayeux et dont le commandant avait été l’objet d’une promotion.
Compagnon de la Libération depuis le 16 août, c’est là qu’il a la joie d’entendre la BBC annoncer, le 25 août, la libération de Paris par la 2e DB et l’arrivée du général de Gaulle à l’Hôtel de Ville.
« Paris libéré, écrit-il ce jour-là, c’est fou, fou, fou… »
C’était pour cela qu’il s’était battu pendant quatre ans et ce fut, certainement, la plus grande joie de sa vie. Mais le lendemain devait survenir le drame final.
À 14 h 35, après un rapide « briefing sur alerte », une patrouille de trois appareils est appelée à décoller pour effectuer une mission de mitraillage au sol d’un convoi allemand entre Gournay-en-Bray et Beauvoir-en-Lyons. Schlœsing en prend lui-même le commandement avec Parent et Le Goff à ses côtés. Et c’est alors que surgissent des nuages vingt Messerschmitt 109.
Avant d’avoir pu même tenter d’échapper à un combat aussi inégal, les Français sont touchés, tous les trois. Parent est fait prisonnier. Le Goff parvient à regagner Bayeux sur son Spitfire criblé de balles, et, en dépit de son expérience et de son adresse, Jacques-Henri Schlœsing sans doute tué en vol, à la première rafale, s’abat dans la cour d’une ferme à Beauvoir, où, en dépit de la présence allemande, les habitants eurent le courage de donner une pieuse sépulture à celui qu’ils considérèrent, dès lors, comme leur « premier libérateur. »
Ainsi disparut Jacques-Henri Schlœsing à l’âge de 24 ans… Comme le dira le pasteur Monod au cours d’un service religieux à sa mémoire : « Ceux qui le pleurent ont le cœur déchiré à la pensée de ce qu’aurait pu être l’avenir d’un héros tel que lui.
« Mais ce n’est pas à la durée d’une vie que se mesure son action et rien ne vient troubler la perfection d’une existence où il n’y eut pas une rature et qui demeurera comme un beau trait ferme et plein qui enserre dans un court espace la mémoire parfaite de son héroïque destinée. »
Il ne saurait y avoir de meilleure conclusion à mon propos de ce soir.
Mais avant de prendre congé de vous, qu’il me soit permis néanmoins d’exprimer ici, au conseil municipal du XVIe arrondissement de Paris, qui, le 18 mai 1965, a donné le nom du commandant Jacques-Henri Schlœsing à une de ses rues, ainsi qu’à son maire, le sénateur Pierre-Christian Taittinger, à l’initiative duquel a été organisée la présente réunion, toute la reconnaissance des anciens des Forces Aériennes Françaises Libres.
Grâce à eux, le souvenir de nos camarades éclairera les habitants actuels de l’arrondissement, et ceux qui viendront après eux, sur ce qu’a été la France Libre du général de Gaulle.
(1) Indication inexacte. O. Schlœsing, Cadet de la France Libre est sorti aspirant, dans la promotion « Fezzan-Tunisie » en décembre 1942, avant de rejoindre la 1re DFL (BM.21) [NDLR].
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 289, 1er trimestre 1995.