Édouard Blomme
Tous ses amis ont été comme nous consternés en apprenant la disparition de notre camarade Édouard Blomme qui fut pour nous toujours un guide de bon conseil et dont la perte est irréparable. Nous disons « irréparable » car des gens comme Édouard Blomme on n’en trouve plus, parce qu’on n’en fait plus.
Son dévouement était sans borne, son amabilité n’avait pas de limite: faire le bien d’abord, servir toujours, consoler avec la même affabilité.
Voilà la perte que nous éprouvons en la personne d’Édouard Blomme, agent du réseau « Pat O’Leary », réseau qui a agi dès 1940; il fut arrêté par la Gestapo en 1941.
Il subit les interrogatoires harassants et souvent d’une violence inimaginable, comme tous les résistants, à seule fin de les faire avouer et dénoncer leurs camarades, mais Édouard Blomme inflexible devant les sévices comme devant les coups, n’a jamais dénoncé aucun de ceux qui, autour de lui et avec lui, complotaient dans l’ombre de l’Occupant.
Jugé par le tribunal d’Esterwegen, après 18 mois de cellule au secret le plus complet, il fut condamné à l’internement à vie et, gratifié de l’affreuse étiquette NN (1).
Il connut enfin la liberté, en mai 1945, libéré par les Russes. Il revint avec une santé délabrée, touché profondément dans sa vitalité par quatre années de tortures et de souffrances.
À peine eut-il repris un peu de force qu’il comprit que son devoir était de poursuivre la lutte pour honorer les serments que tous les résistants s’étaient fait mutuellement dans les camps : s’entraider, se soutenir et surtout veiller à l’amélioration du sort des veuves et des orphelins, des victimes de la barbarie « nationale-socialiste ».
Cela lui valut bien sûr de multiples récompenses: commandeur de l’ordre national du Mérite, officier de la Légion d’honneur, titulaire de la croix de guerre avec palmes, des croix du combattant volontaire et du combattant volontaire de la Résistance, ainsi que de nombreuses autres décorations françaises et britanniques et nous en oublions…
C’est avec une profonde douleur que tous ses camarades ont assisté à ses funérailles qui ont eu lieu le mercredi 16 décembre, à 15 heures, suivies ensuite d’une cérémonie au Père Lachaise à Paris.
(1) Nacht und Nebel : Nuit et Brouillard.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 190, avril-mai 1971.