E pluribus unum? Pluralité et identité des Français Libres (appel à communications)

E pluribus unum? Pluralité et identité des Français Libres (appel à communications)

E pluribus unum? Pluralité et identité des Français Libres (appel à communications)

La Fondation de la France Libre organise à Paris, en novembre 2019, un colloque international consacré à la pluralité et à l’identité des Français libres.

« Jeté hors de toutes les séries », le général de Gaulle n’aimante d’abord à lui que des personnes, c’est-à-dire autant de cas d’espèce que de personnalités. Devenir Français libre est un choix individuel répondant chaque fois à des motivations singulières. Celles-ci s’étalent sur un très large spectre qui va de la continuation de la guerre à la croisade antinazie, en passant notamment par la défense de la République, le goût de l’aventure, ou encore la volonté de libérer le territoire.
La France Libre est donc par nature au départ un agrégat d’engagements personnels auxquels l’appel du 18 juin, l’acte effectif d’engagement, l’idéal commun que le général de Gaulle précise à mesure, confèrent d’emblée et toujours davantage une forte identité. Cette dernière finit par devenir, vis-à-vis de Vichy, des Alliés, des Allemands et des nazis, de la Résistance intérieure, du peuple français, de l’Empire et des peuples qu’il comporte, de l’opinion dans le monde, le blason d’une forte identité, façonnée et perpétuée par une dimension légendaire.
Cette appartenance glorieuse bientôt portée en sautoir couvre toutefois de grandes disparités de motivations, de tempérament, d’objectifs parmi les Français libres. Au surplus, elle trace entre ceux qu’elle enveloppe de son drapeau et tous les autres une frontière en partie factice, car tant sur le fond que selon les moments se discernent autant de similitudes entre certains Français libres et d’autres qui ne le sont pas que de divergences entre Français libres. Le camaïeu l’emporte souvent sur le manichéisme : on trouve des antigaullistes parmi les Français libres, et de réels gaulliens un peu partout qui se refusent à devenir gaullistes.
Le but du colloque sera d’éclairer cette diversité d’origines, de parcours, de motifs, d’évolutions, etc. parmi les Français libres sans s’interdire de regarder un peu autour pour apprécier différences et ressemblances éventuelles. Il consiste aussi à affiner l’analyse de ce qui fait l’unité des Français libres aux divers moments de leur épopée et au-delà. L’empreinte transformatrice de leur chef en est bien entendu un facteur puissant, mais leur propre évolution y participe aussi pour sa part de manière très composite selon les circonstances et les moments.
En discernant plus finement la dynamique plurielle qui, à partir de choix individuels disparates émanant de personnalités souvent atypiques, entraîne finalement le rassemblement de la nation dans l’unité de la libération, presque aussitôt rompue, on étoffera la compréhension des facteurs divers qui ont transformé l’appel d’un homme seul en la victoire de tout un peuple, de la République et de la France pour au moins un instant suprême, avant que le jeu des divisions ne reprenne son cours.
Parce qu’ils furent des premiers et symbolisèrent la souche germinale de cette unité, les Français libres illustrèrent à l’état de prototype le mouvement même de rassemblement du pays dans l’unité de la victoire, par-delà tous les clivages temporairement suspendus au service d’une cause commune acceptée. Analyser finement cette alchimie singulière, réalisée dans des conditions hors normes, aide à comprendre, par analogies et différences, la dynamique plus générale de la France entre le 17 juin 1940 et le 8 mai 1945 puis au-delà.

Les projets soumis s’inscriront dans les axes ci-dessous :
1) L’identité française libre à l’épreuve des espaces et des événements.
La réflexion inclut à la fois une dimension géographique – les logiques de l’engagement propres à chacun des territoires de l’empire colonial ralliés à la France Libre, la multiplicité des espaces où les Forces françaises libres sont engagées –, une dimension chronologique, liée aux fluctuations politiques ou militaires du second conflit mondial, et une dimension humaine – l’internationalisme des volontaires, la question de l’engagement des soldats coloniaux, des femmes ou des jeunes, et des assignations que cet engagement peut induire –, en prenant en compte l’échelle nationale, européenne, mais aussi transnationale.
2) La France Libre, un dépassement temporaire des conflits idéologiques et politiques au nom de la Libération ?
L’engagement dans la France Libre fut le fait d’hommes et de femmes aux origines sociales ou nationales, aux adhésions spirituelles, politiques ou idéologiques, ou aux engagements antérieurs les plus divers, voire les plus antagonistes. L’enjeu du colloque est de déterminer comment a pu s’élaborer, au gré des débats et des conflits, en dépit des préventions ou des préjugés, une identité commune à la plupart des acteurs et un projet commun de rénovation pour la France libérée, mais aussi leurs limites.
3) La construction d’une identité française libre en miroir des Alliés et de Vichy.
L’engagement extérieur des Français libres ne peut s’envisager indépendamment d’une participation plus large au combat allié contre les forces de l’Axe et de la lutte menée contre Vichy pour l’unification de l’empire colonial et des Français dans le refus de l’armistice et de la politique de collaboration avec l’occupant. Comment les contacts noués avec les combattants, les populations ou les gouvernements alliés ont participé à l’élaboration d’une identité française libre distincte ? Comment l’opposition radicale au régime de Vichy, qui semblait peu évidente à l’été 1940, en dehors d’un rejet de l’armistice, s’est-elle cristallisée ?
4) L’identité française libre : un enjeu mémoriel ?
L’enjeu est de déterminer comment l’identité des Français libres a pu se maintenir ou se réélaborer à travers des associations, des réalisations monumentales, des commémorations, des représentations artistiques, leur rapport au gaullisme, des débats ou des événements politiques, comme la guerre d’Algérie ou la construction européenne…

Modalités pratiques :
Les langues de travail du colloque seront le français et l’anglais. Un argumentaire (250 mots maximum) et une brève biographie académique sont à envoyer en français ou en anglais, avant le 15 janvier 2019 à l’adresse contact.
Les auteurs des contributions retenues par le conseil scientifique seront avertis avant le 15 février 2019.
Les frais de transport, d’hébergement et de restauration des intervenants ne résidant pas en région parisienne et les repas du midi sont pris en charge par l’organisation.

Comité scientifique :
– Charlotte Faucher (University of Manchester)
– Laure Humbert (University of Manchester)
– Guillaume Piketty (Sciences Po Paris)
– Thomas Vaisset (Service historique de la Défense)

Coordination scientifique : Sylvain Cornil-Frerrot (FFL)