Le Comité de la France Libre au Nicaragua, par Paul Teysseyre
Dès l’Appel du général de Gaulle, un comité se constitua à Managua, capitale du Nicaragua, sous le nom de « Comité central pro Democracia y una Francia Libre ».
Il comprenait, en plus des Français, des ressortissants syrio-libanais, et surtout des citoyens du Nicaragua, hommes politiques, universitaires, ayant fait leurs études en France, journalistes, étudiants, hommes d’affaires, tous animés du désir de mener une lutte active contre le totalitarisme. Ce comité agissait par des conférences, des représentations théâtrales, par la presse écrite et parlée.
Il organisa, en particulier, le 7 novembre 1940, une grande manifestation populaire dans les rues à l’occasion de la réélection du président Roosevelt. Le président de la République, qui assistait à la manifestation du haut du balcon de la légation américaine, descendit dans la rue pour se joindre au cortège au milieu de l’enthousiasme populaire.
Après la démission de l’agent consulaire de Vichy, les 323 Français composant la colonie française du Nicaragua purent enfin créer le Comité des Français Libres, sous ma présidence.
Du 30 mai 1941 au 14 juillet 1944, ce Comité envoya à Londres, puis à Alger, un total de 12.596 dollars.
Cinq volontaires français dont deux officiers et neuf volontaires nicaraguayens furent mis en route.
En outre, ce Comité versa 3.080 dollars U.S. au Comité central pro Democracia y una Francia Libre pour couvrir les frais de propagande, journaux, revues, radio, et les frais de voyage des volontaires.
De nombreuses réceptions furent données à l’occasion du passage à Managua de diverses personnalités de la France Libre : les frais de ces réceptions étant toujours couverts par des contributions exceptionnelles des membres des Comités.
En juillet 1941, la visite de M. Jacques Soustelle, comme représentant du général de Gaulle pour l’Amérique centrale, fut l’occasion d’une manifestation particulièrement grandiose et imposante, organisée par l’École militaire.
L’action conjointe du Comité central pro Démocracia y una Francia Libre et du Comité des Français Libres battit en brèche la propagande nazie bien organisée depuis de nombreuses années et s’efforça de modifier l’état d’esprit des Nicaraguayens. L’influence de ces deux comités fut décisive pour l’évolution de la politique du pays qui, le 9 juillet 1942, reconnut la validité des passeports du C.N.F.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 126, juin 1960.