Le colonel Perrel (Jean Massip)
À l’aube de sa quatre-vingt-douzième année un grand Français Libre vient de s’éteindre.
En 1916, Jean Massip avait été volontaire pour le Front d’Orient, en 1940, il fut l’un des premiers qui répondirent à l’appel du 18 juin.
Professeur au lycée de Montauban, puis au lycée français de Londres, correspondant attitré d’un grand quotidien parisien, président de l’Association de la presse étrangère en Grande-Bretagne, il fut désigné par le général de Gaulle pour diriger le Service d’information de la France Libre.
Mais ce sexagénaire préféra, à cette fonction sédentaire, une autre activité. Au plus fort de la bataille de l’Atlantique, il obtint de s’embarquer sur un cargo à destination de Sainte-Lucie pour y préparer le ralliement des Antilles françaises. Devenu le colonel Perrel il passa dans l’île de la Dominique et y regroupa les patriotes qui, chaque nuit, sur des barques de pêche, s’échappaient de la Martinique où l’amiral Robert maintenait une stricte fidélité au gouvernement de Vichy : ainsi fut constitué le noyau du bataillon des Antilles qui devait s’illustrer sur les pentes du Monte Cassino. En juillet 1943, le colonel Perrel entrait dans Fort-de-France libérée, il créa un bulletin d’information et en organisa la diffusion sur les ondes.
Au lendemain de la tragique disparition du gouverneur G.L. Ponton, il assura l’intérim et rejoignit ensuite Alger.
Après la constitution de l’Association des Français Libres, Jean Massip rédigea, plusieurs années durant, l’éditorial de notre revue : elle se devait de rendre un suprême hommage à cet homme de bien, lucide et courageux.
Maurice Blum
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 180, mai-juin 1969.