Chants des Tahitiens du bataillon du Pacifique
En octobre 1940, les Établissements français d’Océanie (EFO), actuelle Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie et les Nouvelles-Hébrides, ralliées à la France Libre entre juillet et septembre, mettent sur pied un bataillon composé pour moitié de Polynésiens et pour moitié de Calédoniens, le bataillon du Pacifique. Le 21 avril 1941, 300 volontaires tahitiens embarquent sur le S/S Monowai à destination de Nouméa. Avec les volontaires de la Nouvelle-Calédonie et des Nouvelles Hébrides, ils forment le bataillon du Pacifique (BP 1), composé de 550 volontaires sous les ordres du commandant Félix Broche.
Après un mois et demi d’entraînement près de Sydney (Australie) et cinq mois près de Tel Aviv (Palestine), ils participent à la campagne de Libye au sein de la 1re brigade française libre du général Kœnig et à la bataille de Bir Hakeim (26 mai-11 juin 1942), au terme de laquelle il fusionne avec le bataillon d’infanterie de marine pour devenir le bataillon d’infanterie de marine et du Pacifique (BIMP).
Surnommé le « bataillon des guitaristes », il comprend plusieurs poètes et musiciens qui composent un certain nombre de chants.
Bibliographie
François broche, Le Bataillon des guitaristes : L’épopée inconnue des FFL de Tahiti à Bir Hakeim, 1940-1942, Paris, Fayard, 1970.
Jean-Christophe Teva Shigetomi, Tamari’i Volontaires, les Tahitiens dans la Seconde Guerre mondiale, Polymages, 2014.
Éric Beauducel, Le Bataillon des guitaristes, Ecpad, 2004, 60 minutes.
Voir le site de la délégation de la Mémoire de la 1re DFL.
Tamari’i no te batterie
Tamari’i no te batterie est un chant composé par le caporal-chef Pea Tutehau, sous-officier d’active, lors de ses heures de garde ou de repos. Ce chant fait référence à la batterie de deux canons de marine de 65 mm installée en 1939 sur le mont Faiere, sous les ordres du second-maître Marbach, un Alsacien. Un canon de 47 mm lui est ajouté en 1940. Située à environ deux kilomètres du centre-ville de Papeete, elle constitue le principal point de défense de l’île de Tahiti.
Tamari’i no te batterie
Matou teie Tamari’i note batterie
O ta oe titau a’e nei
Te farii nei matou i teture
No to tātou hau metua
Teie mai nei to mau Tamari’i
O ta oe titau a’e nei
Tei ni’a roa ia tona tauraa
Te vahi no te hupe
Enfants de la batterie
Nous sommes les enfants de la batterie
Que tu as appelés
Nous obéissons à la loi
De notre mère-patrie
Nous voici tes enfants
Que tu as appelés
Ils sont perchés tout là-haut
Là où souffle le vent du soir.
Tamari’i volontaire
Quand un corps expéditionnaire est formé pour rejoindre les Forces françaises libres, les paroles de Tamari’i no te batterie sont adaptatées, pour donner Tamari’i volontaire. Cette chanson polynésienne est le chant du régiment d’infanterie de marine du Pacifique – Polynésie (RIMaP-P).
Tamari’i volontaire
Matou teie Tamari’i volontaire
O ta oe i titau mai nei
Te farii nei matou i te ture
No to tatau hau metua
Teie mai nei to mau Tamari’i
O ta oe i titau mai nei
Tei nia roa tona tauraa
Te vahi o te pohe
Traduction
Nous sommes les enfants volontaires
À qui tu as fait appel
Nous acceptons la loi
Celle de la Mère Patrie
Voici les enfants
À qui tu as fait appel
Où se trouve sa renommée
C’est le champ de la mort.
Monowai
Le S/S Monowai est un bâtiment mis à la disposition des autorités des Établissements français d’Océanie pour le transport du corps expéditionnaire, à bord duquel les volontaires embarquent le 21 avril 1941.
Monowai
Refrain
E hoa e ta’u here
Parahi maita’i e
Te reva nei to mau tamari’i
Na ni’a i Monowai… Monowai
Ei tauturu ia Farani here
To tātou metua here
I te ara e
Couplet (bis)
U(a) ahiahi, ua hee te maru
I to’u ai’a o Tahiti e
Traduction
Refrain
Amis, Amours,
L’adieu est grave.
Car voici que vos enfants
embarquent sur le Monowai,
Pour défendre la France bien-aimée,
Notre lointaine Mère Patrie.
Voici que tombe le soir,
couplet (bis)
Voici qu’avance la quiétude
Sur notre Tahiti bien-aimée.
Tamari’i Tahiti
Vau teie to Oteania
Tei faaroo i to reo
I te piiraa mai
Eiaha noa tātou e vi
Teie to mau tamarii
E tamarii no Tahiti
Tei ia oe te faaue mai
Na matou ia e aro
Te enemi taetaevao