Le capitaine Poisson
Le dernier numéro de notre revue m’apporte la nouvelle du décès, survenu en Indochine, le 15 mai 1954, du capitaine Poisson dont je voudrais évoquer ici le souvenir.
En juin 1940, Poisson commande un petit poste à la frontière de la côte française des Somalis et de l’Abyssinie. Il a bien été informé par courrier de l’entrée en guerre de l’Italie, mais dans ce coin perdu rien ne se passe, et il ignore les événements qui agitent alors le monde. Aussi, un jour, se dirige-t-il vers Djibouti pour s’informer. Là, il apprend la signature de l’armistice, la continuation de la guerre par l’Angleterre et l’appel du général de Gaulle. La décision à prendre lui apparaît immédiatement, et sans plus hésiter il embarque sur un boutre indigène en partance pour Berbera.
La capitale de la Somalie britannique est attaquée par les Italiens, et les Anglais, peu nombreux, préparent l’évacuation. Poisson se met à leur disposition et, est parmi les derniers à partir, après avoir procédé aux destructions habituelles.
La capitale de la Somalie britannique est attaquée par les Italiens, et les Anglais, peu nombreux, préparent l’évacuation. Poisson se met à leur disposition et, est parmi les derniers à partir, après avoir procédé aux destructions habituelles.
À Aden, il trouve quelques aviateurs français échappés de Djibouti, et avec eux participe, en qualité de mitrailleur, à des opérations de bombardement sur l’Éthiopie.
Et puis c’est le Caire, Port-Soudan, Qastina. En Palestine il est affecté au Trésor aux armées et, à ce titre, suit la première brigade des Forces françaises du Western Desert.
Plus tard, il manifeste le désir de passer dans une unité de parachutistes qui se forme en Angleterre. C’est ainsi qu’il quitte le Moyen-Orient, et je le revois seulement à Paris. Il avait sauté en France et avait été blessé, mais sa modestie l’empêchait de s’étendre sur son action dans le pays à la libération duquel il était toujours prêt à donner le meilleur de lui-même.
Depuis, je le rencontrais de loin en loin, lors d’un séjour en France ou d’un passage à Paris, toujours semblable à lui-même.
Sa mort, après une pénible maladie, bouleverse ses amis qui voient, avec lui, disparaître un Français libre de la première heure, dont la personnalité et l’amour de notre pays ne sombreront pas dans l’oubli.
André Monteil
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 72, novembre 1954.