La campagne d’Italie (automne 1943-été 1944)
Le 7 janvier 1944, un décret du CFLN réorganise les forces françaises d’Afrique du Nord (ex-FFL + ex-armée d’Afrique) en deux grandes masses : le Détachement d’armée A, commandé par le général Juin ; le Détachement d’armée B, commandé par le général Jean de Lattre de Tassigny *. La DFL-DMI est devenue une grande unité de 18.000 hommes, avec trois brigades d’infanterie, des unités d’appui, des services. Mais, comme le souhaitaient de Gaulle, Brosset et tous ses membres, elle conserve son caractère FFL : à part les unités de Djibouti (finalement ralliées à la France Libre sous l’impulsion du lieutenant-colonel Raynal, en décembre 1942), elle n’a absorbé aucun élément provenant de « l’armée de l’armistice »**. A la fin de mars 1944, la DFL-DMI est affectée au corps expéditionnaire français en Italie (CEFI) ; elle quitte la Tunisie pour Naples trois semaines plus tard.
Pour la première fois, des FFL vont combattre dans le cadre d’un corps d’armée français, sous les ordres d’un général issu de l’armée d’Afrique, mais Giraud n’est plus le co-président du CFLN depuis l’automne 1943 et de Gaulle est le seul chef suprême de l’ensemble des forces françaises en lutte contre l’Axe germano-italien. La campagne est marquée par de brillants exploits des hommes de Brosset, notamment lors de la prise des massifs du Garigliano et des Aurunci. Brosset avait écrit à de Gaulle : « Ma division n’existera qu’autant qu’elle se battra. (…) Elle se désagrégerait si elle ne se battait pas. « Au début de juin 1944, tandis que le gros de la DFL s’élance vers la Toscane à la poursuite des troupes ennemies en déroute, un détachement du BIMP entre dans Rome. Après de nouveaux combats en Toscane (Bolsena, Radicofani, Monte Calcinajo), la DFL regagne Naples le 27 juin. Après trois semaines de repos et de réorganisation, elle s’embarque pour la Provence, via Brindisi et Tarente, le 18 juillet.
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* Les généraux Juin et de Lattre avaient d’abord servi le régime de Vichy, avant de rejoindre de Gaulle à Alger. Fait prisonnier en juin 1940, Juin avait été libéré en juin 1941, à la demande de l’amiral Darlan ; nommé commandant supérieur des troupes du Maroc, à la demande du général Weygand, il avait succédé à ce dernier dans les fonctions de commandant en chef en Afrique du Nord (novembre 1941). Il avait ensuite commandé le détachement d’armée française en Tunisie (novembre 1942-mai 1943), avant d’être nommé à la tête du futur corps expéditionnaire français en Italie (août 1943). De son côté, de Lattre de Tassigny avait commandé la 13e région militaire (Clermont-Ferrand), puis les troupes françaises de Tunisie ; en janvier 1942, il avait reçu le commandement de la 16e région militaire (Montpellier) ; dix mois plus tard, il s’était opposé à l’invasion de la zone Sud par les Allemands, avait été arrêté et condamné à 10 ans de détention. Evadé en septembre 1943, il avait rejoint Alger ; le 15 avril 1944, il avait officiellement été nommé chef de la future « armée B », chargée de débarquer en Provence.
** Il s’agit de l’armée fidèle à Vichy, autorisée par les Allemands en juin 1940.
< La 1re DFL dans la campagne de Tunisie (février-mai 1943)
> Suite: Le débarquement en Provence et la campagne de France (août 1944-mai 1945)