Le gouverneur Louis Bonvin rallie les Établissements français de l’Inde en 1940
Nos camarades, le gouverneur Paul Vuillaume, Jean Douzamy et Pierre Brutinel ont bien voulu nous faire parvenir l’hommage, que l’on va lire, rendu au gouverneur Bonvin qui rallia les établissements français de l’Inde à la France Libre :
Il y a vingt ans, le 23 février 1946, le gouverneur Louis Bonvin, Compagnon de la Libération, médaillé de la Résistance, gouverneur des établissements français de l’Inde, mourait à Montluçon (Allier) sa ville natale, après une courte et cruelle maladie.
Qui fut Louis Bonvin ?
Né en 1886, à Montluçon, il fit ses études à Paris d’où il sort diplômé des hautes études commerciales. Il entre dans l’administration coloniale en 1912, dans les services civils de l’Afrique équatoriale française. En 1914, il est promu administrateur adjoint des colonies et va servir au Tchad, au Moyen Congo, dans des postes difficiles où il saura se faire apprécier par un sens politique averti, sa bonté et son aptitude aux fonctions variées et délicates de chef de district et de région.
L’administrateur Bonvin fait une carrière rapide – il est promu administrateur titulaire en 1920 – en chef en 1928 – inspecteur des Affaires administratives en 1933 – gouverneur intérimaire du Gabon en 1934 ; et gouverneur titulaire en 1936.
En 1938, le gouvernement lui confie les établissements français dans l’Inde où des troubles graves se sont produits dans les usines de textiles. Grâce à son habileté, mais surtout à son esprit d’équité, le calme revient rapidement et il gagne la confiance unanime de tous ses administrés, à Pondichéry, Karikal, Mahé, Yanaon et Chandernagor.
Lorsque l’armistice de 1940 vient nous jeter dans un trouble proche du désespoir, le gouverneur Bonvin réunit autour de sa personne les populations des cinq comptoirs grâce au prestige moral dont il jouit, mais aussi grâce à son esprit de décision qui insuffle à tous confiance et espoir.
Nous avions vu cet homme refouler ses larmes devant son poste de radio le 20 juin 1940, mais sa réaction immédiate fut de décider par une proclamation le 26 juin 1940 que les établissements français de l’Inde continueraient la lutte avec nos voisins et alliés britanniques.
Nous fûmes témoins de son attitude dans ces heures cruciales car il y eut quelques hésitants assez rares d’ailleurs, c’est alors qu’il tint ce langage :
« Sachez que nous ne regretterons jamais notre geste d’aujourd’hui et que le jour où nous reviendrons en France, nous y rentrerons la tête haute. »
Ce fut vrai.
De 1940 à 1945, le gouverneur Bonvin s’emploie à fournir toute l’aide possible aux Forces françaises libres notamment celles placées sous les ordres du général Koenig en Libye.
Aide pour la Croix-Rouge, aux soldats F.F.L., souscriptions et envois de fonds à la France Libre par les établissements français de l’Inde, mais aussi par les Français de Bombay, de Calcutta et de Delhi, le général de Gaulle ayant désigné le gouverneur Bonvin pour le représenter dans toute l’Inde britannique. Ajoutons que les autorités anglaises considéraient notre gouverneur de Pondichéry avec égard et estime et cela d’autant plus que nos petits territoires continuèrent à équilibrer leur budget sans jamais demander aucune aide financière à nos voisins britanniques.
Le gouvernement de Sa Majesté britannique décerna au gouverneur Bonvin en 1945 une des plus hautes distinctions de son pays, celle de Knight Commander of British Empire (K.C.B.) que le vice-roi lui remit en personne.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 164, septembre-octobre 1966.