Le BM.2 sur le front de l’Atlantique, par Maurice Bayrou
Compagnon de la Libération, ancien commandant en second
Après la bataille de Bir-Hakeim, à la fin de 1942 l’Afrique du Sud a manifesté son intention de se maintenir à Madagascar avec le muet assentiment de Londres.
Malheureusement, les autorités militaires de l’époque, en Algérie, avaient décidé de nous garder sur place pour éventuellement assurer le maintien de l’ordre.
Le bataillon s’approche, fait halte au Chay, témoin de nos exploits et de nos impatiences, il franchit enfin les anciennes lignes, s’engage dans la plaine sillonnée jadis par nos patrouilles et s’établit dans la région de l’Erce – la Cabane Rouge.
Le BM.2, encadré au nord par le 4e Zouaves, au sud par le bataillon des Antilles, a pour mission d’enlever une série d’objectifs successifs en direction de Saint-Georges-de-Didonne et Royan.
15 avril 1945 – Dès l’aube, nos mortiers se portent sur la crête entre Musson et Toussauge ; ils procèdent à la création d’une brèche dans le champ de mines, en coopération avec les 75 et les 105.
Le commandant inspecte une dernière fois ses unités : visages décidés, regards clairs, sourires confiants. Allons, le bataillon est en belle forme, le moral élevé, le soleil resplendit, la campagne est belle. Nous vaincrons.
La 7e compagnie, commandée par le lieutenant Régnier, a suivi. Soutenue par la 5e à sa droite, elle attaque aussitôt sans préparation d’artillerie les organisations du deuxième objectif au nord de La Grange et au sud du marais. À travers les éclatements serrés du barrage ennemi, elle est suivie d’un peloton de chars du 18e Chasseurs, auxquels le commandant a fait traverser lui-même le champ de mines ; la 7e progresse, fanion au vent, dans une charge irrésistible et sans merci. À 14 h 10, la crête est prise.
– 5e compagnie et chars à la défense de Didonne ;
L’attaque est complètement arrêtée ; le commandant est appelé par le lieutenant-colonel Faulconnier, il rend compte de la situation ; le colonel Adeline, de passage au PC, confirme l’ordre de reprendre l’attaque. Un nouveau peloton de cinq chars est mis à la disposition du commandant. Celui-ci conduit à nouveau en personne l’opération et fait avancer péniblement, mètre par mètre, chars et infanterie ; un violent abordage de Mufraggi et c’est la percée. Les cadavres boches jonchent le terrain, la nuit tombe, la lutte a duré quatre heures pour quelques dizaines de mètres. Il est 20 h 40. En avant vers La Triloterie.