Le capitaine André Dammann
Compagnon de la Libération
Chevalier de la Légion d’honneur – croix de guerre
Le 3 février 1951, l’avion Brazzaville-Paris s’écrasait sur le Mont Cameroun, entraînant dans la mort équipage et passagers. Au nombre de ceux-ci, l’un de nos vieux compagnons, rallié en août 1940 avec la légion du Cameroun, présent à Bir-Hakeim avec la Légion étrangère, parachuté en Savoie pour les combats de la libération, André Dammann, devait tragiquement disparaître à l’heure même où il récoltait les fruits des efforts qu’il avait prodigués, de retour au Cameroun la guerre finie, pour s’y créer une nouvelle situation.
Né le 12 décembre 1901 à Nancy, il devait très rapidement manifester sa volonté de faire œuvre dans un pays qui offrait de larges possibilités pour un homme de sa trempe. S’y établissant dès 1926, il allait être le premier à y introduire, en pays Bamotin, la culture du café arabica, aujourd’hui largement répandue.
Le sursaut national en 1940 le trouvait naturellement au premier rang de ceux qui refusaient la capitulation.
Sacrifiant sa situation, il n’hésitait pas une seconde, à 39 ans, à s’engager dans la légion du Cameroun qui partait faire campagne au Gabon.
Il s’était dès lors juré de ne revenir qu’une fois victorieusement achevés les combats de la libération.
C’est à la 13e D.B.L.E., aux côtés de laquelle il s’était trouvé au Gabon, qu’il va désormais servir comme simple soldat.
Il combattra avec cette unité en Érythrée, en Syrie, à Bir-Hakeim enfin, où sa conduite particulièrement brillante – il y sera blessé trois fois – lui vaudra de recevoir, l’un des premiers toujours, sa croix de la Libération des mains mêmes du général de Gaulle.
Cela se passait en Syrie, à l’hôpital de Sofa, qu’il devait, sitôt guéri, quitter pour rallier Londres (il réclamait l’honneur d’être parachuté en France aux premiers jours des opérations de la libération du territoire).
Et il reçoit du B.C.R.A. mission d’assurer la liaison avec les hommes du maquis de Savoie, les rudes montagnards qui, depuis longtemps déjà, interdisent aux Allemands l’accès de leurs montagnes.
Il les rejoint en juin 1944 et participe à leur action.
La libération accomplie, sa tâche n’est pas encore terminée capitaine au 27e B.C.A. il mène jusqu’au bout les opérations contre l’ennemi italien.
Après avoir participé au nettoyage de la Maurienne et de la Tarantaise, l’armistice le trouvera au col du Petit Saint-Bernard.
Ainsi, de 1940 à 1945, se sera-t-il toujours trouvé à l’avant-garde et sa joie sera-t-elle bien grande d’être le porte-drapeau de son bataillon au magnifique défilé du 18 juin 1945.
Rendu à la vie civile, il regagne le Cameroun au début de 1946 pour y entreprendre une exploitation forestière.
Il se remet à l’œuvre avec courage et il semble désormais qu’il va pouvoir s’adonner à sa nouvelle tâche dans les meilleures conditions. Il fonde un foyer en novembre 1946 et ses très nombreux amis l’appellent à la présidence de l’U.F.A.C. pour le Cameroun.
Las ! Le tragique accident du Brazzaville-Paris, le 3 février 1951, viendra brutalement l’enlever à l’affection des siens et de ses amis, à l’heure même où l’avenir qui s’ouvrait devant lui, s’annonçait particulièrement souriant.
Chevalier de la Légion d’honneur, compagnon de la Libération, croix de guerre avec sept citations, titulaire de la Military Cross, Dammann avait donné, tout au long de sa vie, la mesure de son courage, de sa détermination et de son patriotisme.
C’est ainsi qu’il aura marqué tous ceux qui l’ont approché et qui le pleurent aujourd’hui.
Toujours présent, aux heures les plus sombres, comme aux moments les plus glorieux, il l’est encore bien plus aujourd’hui dans nos cœurs qui gardent le fidèle souvenir de son bel exemple.
À sa veuve, à sa famille, aux anciens du Cameroun et de la Légion, nous apportons ici l’expression de nos condoléances attristées.
*
Le mercredi 7 mars, à 10 heures, l’église Saint-François-Xavier, à Paris, s’emplissait de la foule émue des amis d’André Dammann, venus assister à la messe célébrée pour le repos de son âme.
Le général Kœnig, Mme Leclerc et le gouverneur général Delavignette étaient présents à cette cérémonie, ainsi que les colonels Saint-Hillier, Ezzano et Simon, M. Livry-Level, député, et le docteur Grassard, sénateur, M. Aujoulat, secrétaire d’état à la France d’outre-mer, le haut commissaire du Cameroun, M. Pierre de Gaulle, le général de Larminat et le gouverneur général Hohffer étaient représentés.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 37, avril 1951.