Georges-Charles Bené
Président de la section Centre-Alsace – CH.OM. – MM. – CG.
Notre camarade et ami Charles Bené n’est plus.
Issue redoutée ces derniers temps, elle s’impose avec une évidence brutale et cruelle. Le monde combattant, en particulier ses anciens camarades des Forces Françaises Libres vient de perdre l’un de ses guides. Tous, unis dans une même pensée pieuse, les amis et connaissances de Charles présentent leurs plus affectueuses condoléances et toute leur sympathie à la famille si éprouvée.
Nous assurons son épouse Mme Bené, ses enfants, ses petits-enfants de toute notre sollicitude et amitié.
Charles Bené est né en 1917 dans une vieille famille sélestadienne, fils d’un instituteur.
Il s’engagea dans les transmissions en novembre 1937. Affecté au Tchad en 1939 à la station de Faya-Largeau, il rallia la France Libre dès le 26 août 1940 et fut démobilisé fin 1945.
Entré au service des transmissions du ministère de l’Intérieur et affecté au cabinet des préfets de la région de Strasbourg, Charles se mit au service de ses nombreux camarades pour les aider dans leurs démarches. Combien de dossiers passèrent entre ses mains ? Disponible, le besoin d’aider les autres lui insufflait la force et l’énergie nécessaires à poursuivre son action sans relâche. Sa sensibilité était prompte et agissante.
Charles a utilisé tout son temps libre qui lui restait à écrire. Écrire des articles sur les combats en Alsace, sur la libération de Sélestat avec beaucoup de détails. Puis il s’attaqua à l’histoire de l’Alsace dans les Griffes Nazies. Il en rédigea sept tomes pour décrire cette terrible période de 1940 à 1945 : soit près de 2 400 pages bien documentées. Travail de titan, même pour un historien de sa trempe. Il eut ensuite la force et la ténacité de terminer la seconde époque (soit le deuxième livre) 1942-1945 de Carnets de Route d’un Rat du Désert relatant son épopée glorieuse au service de la France.
Fidèle parmi les fidèles du général de Gaulle, il a été le compagnon de lutte du général Leclerc de Koufra à Berchtesgaden. Et c’est chargé d’une autre mission qu’il put venir à Sélestat le 10 décembre 1944. Sans nouvelles de ses parents depuis juin 1940, il y apprit que son père, resté jusqu’à fin 1941 à son poste d’adjoint au maire et ayant refusé d’adhérer au parti nazi, avait été privé d’insuline par les Allemands malgré son diabète, et était mort de son mal. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Charles a bien mérité de la mère patrie.
C’est une phrase magnifique qui termine son dernier livre : Heureux qui comme Ulysse, l’ancien Rat du désert avec le général Leclerc avait fait un beau et grand voyage.
Adieu, Charles. Repose en paix dans cette terre d’Alsace que tu as tellement aimée et à qui tu as tellement donné.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 310, 4e trimestre 2000.