Le ralliement de Koenig
Je continuerai à me battre…, par le général Koenig
– Avez-vous entendu l’appel du 18-Juin 1940 ?
R. – Non.
– Sinon, comment en avez-vous eu connaissance ?
R. – J’appartenais alors à la 13e D.B.L.E. débarquée de Norvège trois jours auparavant, et ce 18 juin 1940, je partais en reconnaissance d’officiers avec le colonel Monclar, chef de corps, dont j’étais l’adjoint. La reconnaissance, qui visait à organiser une position de résistance dans un futur réduit breton, fut perturbée par l’apparition presque immédiate d’unités motorisées allemandes, axées grand train sur Brest. Après une journée de travail consciencieux et fort difficile, notre colonel, un guerrier entre tous, décida de gagner si possible l’Angleterre où nous espérions retrouver la demi-brigade qui aurait été réembarquée à Brest, puisqu’elle n’avait pu nous rejoindre sur le terrain. Nos prévisions se confirmèrent, le 21 juin, dès notre arrivée à Southampton où la 13e D.B.L.E. nous avait précédés de quelques heures. C’est là que nous apprîmes, en termes d’ailleurs fort vagues, l’appel du 18 juin. Dès notre arrivée au camp de Trentham Park (comté de Trent) où nous avons été transportés, la nouvelle se précisa.
– Comment vous êtes-vous rallié ?
R. – En fait, j’étais déjà rallié avant la lettre dans la mesure même où, dès notre débarquement de Norvège à Brest, j’avais écrit à ma famille demeurée au Maroc pour lui annoncer que, de toute manière, je continuerai à me battre. Dès le 22 juin, la B.B.C. annonça le ralliement de la 13e D.B.L.E. au général de Gaulle ; cette nouvelle précédait, si mes souvenirs sont exacts, un nouvel appel du général prononcé ce jour-là. Mais en réalité, compte tenu des difficultés de liaison avec Londres, je considère que je me suis officiellement rallié, de même que les deux tiers de la 13e D.B.L.E. lorsque le colonel Monclar et moi-même fûmes autorisés par les autorités anglaises à nous rendre à Londres, vers la fin du mois de juin, pour annoncer notre décision au général de Gaulle alors installé dans un bien modeste et lugubre appartement de Saint-Stephens House, transformé en Q.G. de la France Libre.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 156 bis, juin 1965.