La résistance d’enseignants vue par la presse française libre
Les Cahiers français
Les Cahiers français sont une revue bimensuelle éditée, depuis le 1er juin 1943 par la Société des Éditions de la France Libre, puis, à compter de son numéro de décembre 1943, par le Commissariat à l’Information, au sein du Comité français de la Libération nationale (CFLN). Elle fait suite aux Documents d’information, qui avait été publiée par le service d’information de la France Libre à Londres, à partir de l’automne 1941, puis à la revue d’information Les Documents, éditée par le service des publications de la France Combattante de juin 1942 à juin 1943.
Dans son numéro 56, daté de juin 1944, la revue d’information reproduit, de la page 16 à la page 45, des extraits de publications de la presse clandestine parues entre novembre 1943 et mars 1944. Parmi ces documents figurent, aux pages 16 et 17, les deux premières pages du n° 90 de L’Université libre, « organe des comités universitaires du Front national », daté du 12 mars 1944 », et, aux pages 18 et 19, les pages une et trois du numéro 24 de L’École laïque, daté de janvier 1944.
Créée en octobre 1940 en réaction à l’arrestation par les Allemands le 30 octobre 1940 du physicien Paul Langevin (1872-1946), universitaire et militant antifasciste, à l’initiative de Jacques Solomon, mari d’Hélène Langevin, de Jacques Decour (de son vrai nom Daniel Decourdemanche) et de Georges Politzer, des universitaires et militants communistes, L’Université libre poursuit son activité jusqu’en août 1944. Ronéotypée puis imprimé, à partir de mars 1944, à Paris, cette publication intellectuelle est diffusée dans les milieux universitaires. Après l’arrestation, le 1er mars 1942, de Jacques Solomon, fusillé au Mont-Valérien le 23 mai suivant, la rédaction est assurée, sous l’égide du Front national – le mouvement de résistance du parti communiste – et de son secrétaire général Pierre Villon, par André Adler, Francis Cohen, Maurice Husson, puis, à partir d’octobre 1943, René Maublanc.
Dans ce numéro, L’Université libre appelle à la constitution de « milices universitaires » en vue de « l’insurrection nationale et de la libération du territoire », ainsi qu’à la constitution « de groupes de résistance […] dans les facultés, les lycées, les collèges », en dépit des préventions qu’inspire l’inféodation du Front national au parti communiste. Par ailleurs, le journal revient sur la détention du zoologiste Marcel Prenant (1893-1983), militant communiste et chef d’état-major du mouvement Francs-tireurs et partisans, arrêté par les Allemands le 28 janvier 1944 et interné à la prison de Fresnes, puis au Cherche-Midi et au camp de Royallieu, à Compiègne (Oise), avant sa déportation, le 6 juin, au camp de Neuengamme. Il évoque également l’internement des étudiants et professeurs et personnels d’encadrement de l’université de Strasbourg repliée raflés à Clermont-Ferrand le 25 novembre 1943.
Créé en juin 1941, dans le contexte de l’invasion de l’URSS par l’Allemagne, le journal L’École laïque est décrit alternativement comme un « organe du Front national de l’enseignement primaire » et « des instituteurs de l’Union universitaire française », toutes organisations d’obédience communiste. Dans ce numéro, il argumente en faveur de l’action immédiate chère aux communistes et dénonce la prudence des « attentistes ». De même, l’article « les instituteurs ruraux et la lutte contre les occupants » met en valeur le rôle des instituteurs dans le développement de la Résistance en milieu rural, notamment dans l’aide aux réfractaires du Service du travail obligatoire (STO) et l’organisation des maquis, afin d’encourager les vocations.
Tricolore
Tricolore : New of France at war est une publication éditée en anglais de mars 1944 à décembre 1945 par la « French Information Mission ». Elle fait suite à La Lettre de la France Libre : News of the Free French movement (janvier 1941-août 1942), à La Lettre de la France Combattante : News of Fighting France (août 1942-août 1943) et à La Lettre de la France au combat : News of France at war (août 1943-mars 1944).
Dans le numéro 2 du volume IV, daté d’avril 1944, Tricolore consacre un article à Lucie Aubrac (1912-2007), « épouse, mère, enseignante et combattante », désignée pour siéger à l’Assemblée consultative provisoire au titre des Mouvements unis de la Résistance (MUR). Dans ce texte, le journaliste revient sur le parcours de Lucie Aubrac dans la Résistance, notamment l’action réalisée par elle pour faire libérer son mari Raymond, qui avait été arrêté par les Allemands à Caluire, et la dimension exceptionnelle de son engagement, auquel rien ne l’avait préparée.
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