André Beaudouin
André, Octave Beaudouin naît le 7 octobre 1900 à Saint-Germain-en-Laye, en Seine-et-Oise. Il est le fils unique de Paul, Adrien Beaudouin (vers 1869-1912), chef du bureau de l’état-civil à la mairie de Saint-Germain en 1904, et de Victoire, Octavie Lecoq (1869-1957), mariés à Poissy en 1896. Sa sœur aînée, Marguerite-Pauline, est née en 1898, sa cadette, Lucie, en 1904. Orphelin de père à douze ans, il étudie d’abord aux « Petites familles » de Saint-Germain, un établissement scolaire fondé par Auguste Grosselin initialement sous le nom de « Société pour l’instruction et la protection des sourds-muets », puis à l’école municipale de garçons de la commune, installée rue de la Salle. Très bon élève, il termine l’année 1916 premier de dix élèves avec une moyenne de 8,73 sur 10. Entré à l’école normale d’instituteurs de Versailles en octobre 1916, il obtient le brevet supérieur en juin 1918, suivi du certificat de fin d’études et du diplôme de maître de gymnastique en juin 1919. Instituteur stagiaire à la rentrée 1919, il est titularisé le 1er janvier 1921.
En attendant, il est appelé sous les drapeaux le 1er mars 1920 et affecté comme soldat de 2e classe au 21e bataillon de chasseurs à pied, qui est envoyé à Memel, au nord de la Prusse orientale, de janvier 1921 à mars 1922. De retour chez sa mère à Courbevoie, il obtient un poste de professeur à l’école annexe de l’école normale d’instituteurs de Versailles, qu’il occupe jusqu’au 31 décembre 1923.
Toutefois, le gouvernement afghan ayant fait paraître dans les journaux des annonces afin de recruter des professeurs pour le collège Amaniyeh, le tout nouveau lycée français de Kaboul, il pose sa candidature auprès du ministère des Affaires étrangères. Après accord du ministère de l’Éducation nationale, il est détaché au service des œuvres des Affaires étrangères et embauché par le gouvernement afghan pour une durée de deux ans à compter du 1er janvier 1924. Il embarque à Marseille à destination de Calcutta, en passant par le canal de Suez, puis rejoint Kaboul le 10 janvier 1924. Sur place, il perfectionne son anglais et apprend le persan, qu’il parle bientôt couramment ; il devient alors l’un des rares Français à pouvoir s’entretenir dans leur langue avec les hauts fonctionnaires de l’émirat.
En 1928 éclate la révolte du Batcha-I-Saqqao (« fils du porteur d’eau »), dont les troupes s’emparent de Kaboul le 11 janvier 1929, contraignant l’émir Amanullah Khan puis son frère Inayatullah Khan à l’abdication. Le Batcha-I-Saqqao se proclame émir sous le nom de Habibullah Ghazi et s’empresse d’annuler toutes les mesures semi-libérales prises par le gouvernement précédent, mettant en place un régime fondamentaliste qui sombre dans l’anarchie. Le personnel diplomatique français et le corps professoral, qui étaient regroupés à la Légation depuis le début de l’insurrection, sont évacués. André Beaudouin rentre en France, sans avoir pu emmener avec lui ses bagages.
Lors de ce séjour, il fait la connaissance de Marie-Thérèse Collin (1898-1953), avec laquelle il se marie à Paris le 17 août 1929. Pendant ce temps Habibullah Ghazi est chassé du pouvoir, et Mohammad Nadir Khan, cousin d’Amanullah et ancien commandant des forces royales, se proclame roi sous le nom de Mohammad Nadir Shah en octobre 1929. Le collège Amaniyeh est rebaptisé Esteqlal (« indépendance »). Le couple rentre à Kaboul, où André Beaudouin, doyen du corps enseignant, est réembauché pour deux ans en septembre 1930. Là, il rencontre les époux Hackin, à qui il fait bénéficier de sa bonne connaissance du pays.
Hormis un congé en France en septembre-novembre 1933 et en mars-mai 1937, son contrat est prolongé jusqu’à la fin de 1939. Lors du déclenchement de la guerre, il est affecté spécial comme professeur au lycée français de Kaboul.
Informé de l’appel lancé le 18 juin 1940 par le général de Gaulle par la presse britannique de Kaboul, André Beaudouin décide, comme les époux Hackin et Jean Carl, architecte de la délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA), de se mettre à son service en Angleterre. Ayant reçu un visa auprès de la Légation britannique, tous quittent Kaboul pour l’Inde, où ils embarquent sur le SS Strathallan à destination de Liverpool, via Le Cap. De là, ils sont conduits à Patriotic School, centre de tri des étrangers situé à Wanworth, dans la banlieue sud de Londres, où ils subissent un interrogatoire.
Le 19 octobre 1940, André Beaudouin se rend au quartier général de la France Libre afin de signer son engagement dans les Forces françaises libres. En raison de son âge et de sa faible expérience militaire, il est exclu de l’envoyer au feu. Le commandant Etchegoyen laisse entrevoir une solution, en rapport avec son métier d’enseignant, mais doit d’abord évoquer la question avec le chef de la France Libre. Enfin, le 25 octobre, de Gaulle reçoit André Beaudouin et lui donne l’ordre de se rendre, avec le grade d’agent de liaison de 1re classe, au manoir de Rake Manor, dans le Surrey, propriété de la famille Gage, où est installé le Prytanée militaire, afin de le reprendre en main.
Au terme de cette mission, il se voit confier le commandement de l’École militaire des Cadets de la France Libre – nouveau nom du Prytanée militaire – avec le grade de sous-lieutenant du cadre spécial du service d’état-major à compter du 1er février 1941 (décision du 11 février). Le 4 février, les cadets s’installent dans leurs nouveaux locaux, au collège de Malvern, dans le Worcestershire, réquisitionné à l’été 1939, et que l’Amirauté vient récemment de quitter. Le bâtiment n° 5 leur est réservé. Le 13 septembre, de Gaulle vient visiter la nouvelle installation. Lors de la prise d’armes, il remet à l’école son fanion.
Dans les semaines suivantes, André Beaudouin connaît un avancement accéléré. Il est promu lieutenant d’administration de service de l’intendance à titre temporaire à compter du 1er octobre 1941 et capitaine à compter du 1er novembre 1941 par décret du 31 octobre 1941, puis sous-lieutenant à titre définitif à compter du 1er février 1941 et lieutenant à titre définitif à compter du 1er octobre 1941 par décret du 6 mars 1942.
Le 18 mai 1942, l’armée britannique reprenant possession des locaux de Malvern, l’École des cadets s’installe à Ribbesford, un manoir sur la propriété duquel sont installés des baraquements en tôles où logent les différentes promotions. Dix jours plus tard, c’est le baptême de la première promotion de l’école, baptisée « Libération », qui compte quinze aspirants. Elle est suivie, en décembre, par la promotion « Bir Hakeim », qui compte seize aspirants. André Beaudouin est promu commandant du cadre spécial du service d’état-major à titre fictif pour la durée de sa mission en Grande-Bretagne à compter du 10 décembre 1942 par une note de l’état-major particulier du général de Gaulle en date du 11 décembre. Suivent les promotions « Fezzan Tunisie » en juin 1943 (27 aspirants), « Corse et Savoie » le 12 décembre 1943 (33 aspirants) et « 18 juin » en juin 1944 (120 aspirants).
Au terme de cette ultime promotion, l’École des cadets ferme ses portes, le 12 juin 1944, mission accomplie. Trois jours plus tard, André Beaudouin est muté au quartier général à compter du 1er juin et affecté en qualité d’adjoint du colonel Ollivier, commandant la mission militaire de liaison tactique (MMLT) auprès du SHAEF. Par la suite, il prend le commandement de la MMLT auprès de la 1re armée américaine, le 21 septembre, puis de la 9e armée américaine, le 18 mai 1945, avant d’être affecté comme adjoint du chef de la MMLT auprès du 12e groupe d’armées américain.
Le 25 juin 1945 André Beaudouin est muté à la mission de liaison auprès de la 9e division d’infanterie coloniale (9e DIC) et désigné, le 7 novembre, pour prendre part au corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO), qui débarque à Saigon le 17. Promu secrétaire d’Orient 1er échelon le 1er janvier 1946, il est nommé au Tonkin et débarque à Haïphong le 9 mars 1946. Toutefois, il doit être rapatrié le 7 octobre, après avoir obtenu une citation à l’ordre de la brigade le 26 juillet.
Intégré dans les cadres du ministère des Affaires étrangères avec le grade secrétaire d’Orient de 1re classe, puis de secrétaire d’Orient 2e échelon en octobre 1947 il est muté à la 1re région militaire, le 18 septembre 1947, avec le grade de capitaine d’administration (CR), puis admis par voie de changement d’arme dans le cadre de réserve des adjoints de chancellerie le 26 janvier 1948, avant d’être rayé des cadres de réserve, le 26 octobre suivant.
André Beaudouin est ensuite promu deuxième conseiller d’Orient, 1er échelon en janvier 1949 et 2e échelon deux ans plus tard. Nommé consul général à Nairobi, au Kenya, en mai 1950, il rejoint l’administration centrale, au département Afrique-Levant, en janvier 1953, puis occupe le poste de deuxième conseiller à New Delhi, représentant français de Pondichéry, avec le grade de conseiller des Affaires étrangères de 1re classe. Remarié à Asnières-sur-Seine le 17 septembre 1960 avec sa cousine Angèle Tavera, de trois ans sa cadette, il meurt le 6 décembre 1973 à Asnières. Il était officier de la Légion d’honneur titulaire de la médaille de la Résistance avec rosette et de la Bronze star Medal américaine.
Bibliographie
André Casalis, Cadets de la France Libre, t. I : L’École militaire, Panazol, Lavauzelle, 1994.
André Casalis, Cadets de la France Libre, t. II : Destins croisés, autoédition, 1999.
André Casalis, Cadets de la France Libre, t. III-1 : Destins brisés, autoédition, 2004.
André Casalis, Cadets de la France Libre, t. III-2 : Destins brisés, autoédition, 2004.
« André Beaudouin », Revue de la France Libre, n° 304, quatrième trimestre 1998.
Service historique de la Défense, château de Vincennes, dossier GR16P41213.
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