Georges Gorse
Georges Gorse naît le 15 février 1915 à Cahors (Lot) dans un milieu modeste. Orphelin de père et de mère à l’âge de cinq ans, il est élevé par ses grands-parents maternels à Nantes et en Vendée. Après de brillantes études secondaires, il entre en hypokhâgne et khâgne au lycée Louis-le-Grand, à Paris, puis est reçu au concours d’entrée à l’École normale supérieure en 1936. Agrégé de lettres en 1939, il choisit de partir pour l’Égypte. Détaché auprès du ministère des Affaires étrangères, il devient professeur au lycée français du Caire puis maître de conférences à l’université du Caire d’octobre 1939 à mai 1940.
À l’annonce de la débâcle des armées françaises lors de la campagne de France de mai-juin 1940, la colonie française du Caire se réunit à la Maison de France, où elle approuve l’envoi, au président de la République, Albert Lebrun, au général Weygand, à Marcel Peyrouton, résident général de France en Tunisie, au général Noguès, résident général de France au Maroc, au général Legentilhomme, commandant supérieur des troupes françaises de la Côte française des Somalis, et au général Mittelhauser, commandant du théâtre d’opération de la Méditerranée orientale, du télégramme suivant : « La colonie française du Caire adresse son plus vibrant témoignage d’admiration à nos armées qui, combattant avec une héroïque vaillance contre un ennemi supérieur en nombre et disposant de moyens mécaniques écrasants, ont grandi notre patrimoine d’honneur national. Quel que soit le trouble qu’entraînent une grande bataille perdue et l’invasion ennemie de la France métropolitaine, quelles que soient les souffrances qu’endurent déjà et qui menacent plus encore tous nos malheureux réfugiés, parmi lesquels se trouvent des femmes, des enfants et des parents de Français du Caire, transiger avec l’honneur, avec la parole donnée à nos Alliés, compromettre la cause commune et l’avenir de la France serait une impossibilité française. Contre une telle transaction s’élèvent les Français du Caire, résolus aux pires sacrifices et décidés à continuer une lutte qui n’est pas sans espoir. « Le territoire de la France fût-il totalement envahi, la lutte doit continuer par l’empire français, à côté de nos fidèles Alliés britanniques, jusqu’à la victoire finale ». La colonie française du Caire met avec enthousiasme et avec la plus ferme résolution, tous ses biens, toutes ses forces au service de la France. » En réponse à ce message, le général Mittelhauser répond : « L’armée et la colonie française du Levant sont d’accord avec les signataires de votre message ».
Devant cet encouragement, les Français du Caire et d’Alexandrie décident le 24 juin de fonder un Comité national français ; cette création est approuvée le 7 juillet par une assemblée générale restreinte. Ce comité tient sa première séance plénière le 24 juillet et élit son premier bureau qui comprend : le baron Louis de Benoist, agent supérieur de la compagnie du canal de Suez, nommé président, le colonel de Larminat, ancien chef d’état-major du général Mittelhauser, arrivé de Beyrouth, où il avait été mis aux arrêts par son chef à la suite de ses mesures afin de favoriser le ralliement de l’armée du Levant à la poursuite de la guerre, le Révérend Père Carrière, Georges Gorse, Victor Zagdoun, Raoul et Roland Boniteau et le docteur Malartre. Aussitôt, le comité se place sous l’autorité du général de Gaulle.
Georges Gorse prend la direction des services d’information du comité, de juin à septembre 1940, puis celle de la délégation de la France Libre pour le Proche-Orient, les Balkans et la mer Rouge, sous l’autorité du général Catroux, de septembre 1940 à juin 1941, et celle de la délégation de la France Libre, puis combattante, en Égypte, de juin 1941 à novembre 1942. À ce titre, il lance, avec le concours de Jacque Lassaigne et de Jean Le Guével, rédacteur en chef, l’édition cairote de La Marseillaise, fondée à Londres par François Quilici en juin 1942. La même année, il épouse Nadine Gelat, journaliste et future romancière, qui contribue à la rédaction du journal, et avec laquelle il aura trois enfants. Dans une attestation en date du 3 avril 1955, Catroux le décrit comme « un collaborateur d’une efficacité marquée du fait de la conception élevée et adaptée au but recherché qu’il avait de son rôle, du fait de la noblesse et du désintéressement de sa pensée, de sa science psychologique ».
De novembre 1942 à juin 1943, il fait partie de la mission de la France Combattante en Union soviétique avec rang d’attaché d’ambassade, avant de rejoindre, à Alger, le cabinet du commissaire à l’Information Henri Bonnet, où il exerce les fonctions de directeur des relations culturelles, de juin à septembre 1943. Puis il succède à Jacques Soustelle, avec rang de directeur adjoint, au sein du cabinet du général de Gaulle, à Alger, d’octobre 1943 à août 1944. Lors de la libération de Paris, il remonte les Champs-Élysées avec le chef de la France Libre et devient chargé de mission au cabinet du président du gouvernement provisoire de la République française d’août à octobre 1944. Le conseil de l’ordre de la Libération, inspiré par René Pleven et approuvé par le général de Gaulle, le désigne alors pour siéger à l’Assemblée consultative provisoire dans le groupe des six représentants de la France Combattante. Nommé secrétaire de la commission des affaires étrangères, il se rend en mission à Beyrouth, Bagdad et Damas, pour préparer un rapport sur les problèmes du Proche-Orient, et participe à la délégation française à la conférence de San Francisco. Son action durant la guerre lui vaut de recevoir la médaille de la Résistance en 1945.
L’homologation de la qualité de FFL de Georges Gorse est adoptée par la commission ministérielle, présidée par le colonel Jean Simon, le 20 décembre 1955, au vu d’attestations du baron de Benoist, du général Robert des Essars, à l’époque chef de cabinet des affaires militaires au comité, du général Catroux et de Gaston Palewski.
S’orientant vers la vie politique, Georges Gorse s’inscrit à l’Union démocratique et républicaine de la Résistance (UDSR), dont il intègre le bureau politique le 8 juillet 1945, et se présente successivement aux élections cantonales des 23 et 30 septembre 1945 puis à celles de la première Assemblée nationale constituante du 21 octobre 1945 comme tête de liste SFIO-UDSR en Vendée, où sa grand-mère est domiciliée. Réélu député le 2 juin 1946 et le 10 novembre 1946, il rejoint le gouvernement de Léon Blum comme secrétaire d’État aux Affaires musulmanes du 10 décembre 1946 au 22 janvier 1947 puis sous-secrétaire d’État à la France d’Outre-Mer dans le gouvernement de Georges Bidault du 28 octobre 1949 au 7 février 1950. Battu aux législatives de juin 1951 puis de janvier 1956, il est désigné pour siéger comme conseiller de l’Union française le 2 août 1951.
En 1958, ce gaulliste de gauche approuve le retour au pouvoir de l’homme du 18 juin. Ambassadeur de France à Tunis de janvier 1957 à janvier 1959, il est nommé représentant permanent de la France auprès des Communautés européennes le 28 octobre 1959, puis secrétaire d’État aux Affaires étrangères le 18 mai 1961 et ministre de la Coopération de mai à novembre 1962. Il devient ensuite ambassadeur de France à Alger de janvier 1963 à 1967.
Élu député de la 9e circonscription des Hauts-de-Seine aux élections législatives de mars 1967, il conserve son mandat jusqu’en 1997, puis remporte en octobre 1967 le siège de conseiller général dans le canton Nord de Boulogne-Billancourt, où il se maintient jusqu’en 1988, et devient maire de Boulogne-Billancourt de mars 1971 à 1983. Ces succès électoraux lui permettent de rejoindre le gouvernement de Georges Pompidou comme ministre de l’Information du 7 avril 1967 au 31 mai 1968 puis, après des activités diplomatiques au Proche-Orient, le gouvernement de Pierre Messmer comme ministre du Travail du 5 avril 1973 au 27 mai 1974. Il meurt le 17 mars 2002 à Paris.
Bibliographie
Dictionnaire des parlementaires français : Notices biographiques sur les parlementaires français de 1940 à 1958, volume 4 : E-K, Paris, La Documentation française, 2001, 454 p.
Fiche de Georges Gorse sur le site Internet de l’Assemblée nationale.
Gilles Morin, « Gorse Georges, Achille, Léon, Joseph », Le Maitron, version mise en ligne le 9 août 2010, dernière modification le 25 juillet 2021.
Révérend Père Carrière, Ordre des Prêcheurs, « En Égypte », Revue de la France Libre, n° 29, juin 1950.
Émile Minost, « Le Comité de la France Libre d’Égypte », Revue de la France Libre, n° 126, juin 1960.
Henri Vignes, « La Marseillaise du Caire », Revue de la France Libre, n° 220, juillet-septembre 1977.
Service historique de la Défense, château de Vincennes, dossier GR16P263679.
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