Maurice Halna du Fretay

Maurice Halna du Fretay

Maurice Halna du Fretay (DR).

Maurice Louis Marie Pierre Louis HALNA du FRETAY
Né le 8 mai 1920 à Ranléon (22)

Engagé dans les Forces Aériennes Françaises Libres
Matricule FAFL 30.658
« Disparaît dans la Manche » le 19 août 1942 au large de Dieppe

Pilote de chasse au « 174 Squadron » de la RAF
Compagnon de la Libération
« Mort pour la France » à l’âge de 22 ans

LE CONTEXTE AVANT SA DISPARITION

Maurice HALNA du FRETAY, passionné d’aviation, est l’un des tout premiers inscrits à la Section d’Aviation populaire de l’Aéro-club de Dinan créé en 1937. En mars 1939, il obtient son brevet de pilote civil et fait l’acquisition d’un petit avion de fabrication tchèque, un « Zlin XII » qu’il installe sur le terrain d’aviation de Dinan.

Un « Zlin XII » comme celui de Maurice (DR)

Un mois après l’entrée en guerre de la France le 3 septembre 1939, Maurice s’engage dans l’armée de l’Air. Envoyé dans un premier temps à l’École de pilotage n°24 de Dinan comme élève-pilote, il est ensuite dirigé vers l’école de Rochefort en qualité d’élève radio-navigant.

En mai 1940, de retour dans le domaine familial lors d’une permission au Manoir de Ranléon, à Saint-Igneuc (22), Maurice retourne sur le terrain d’aviation de Dinan et décide de démonter son avion pièces par pièces pour les ramener chez lui, de crainte que les allemands le réquisitionnent s’ils réussissent à envahir la Bretagne.

Après la signature de l’Armistice en juin 1940, démobilisé à la fin de l’été, Maurice est de retour chez lui. Bien décidé à répondre à l’appel du général de GAULLE, il entreprend le remontage de son avion. Malgré la présence de l’armée d’occupation, il réussit, en plein jour, le 15 novembre 1940, à décoller du domaine familial aux commandes de son avion afin de rejoindre l’Angleterre, où il atterrit le jour même.

À Londres, il s’engage dans les FAFL (Forces Aériennes Françaises Libres). Candidat élève-pilote il va suivre le parcours des écoles de la RAF (Royal Air Force). Breveté pilote de chasse en août 1941, Maurice termine sa formation dans une école d’entraînement opérationnel au n° 59 OTU (Operational Training Unit) de Crosby-on-Eden, au nord-ouest du pays. À sa sortie, huit semaines plus tard, il est affecté dans une unité opérationnelle.

Les inséparables Maurice Boyer, Maurice Halna du Fretay et Jean Cravoisier (DR).

Le 19 novembre 1941, Maurice est incorporé au « 607 Squadron » de la RAF, installé sur la base RAF de Manston, à la pointe sud-est de l’Angleterre, avec ses amis Maurice BOYER et Jean CRAVOISIER. Ils vont piloter les « Hurricane » qui sont équipés de deux bombes installées sous les ailes. Nommés « Hurri-bombers », ils sont destinés à pratiquer des attaques en piqué.

† – Deux semaines plus tard, Jean CRAVOISIER trouve la mort lors d’une attaque de navires, au cours de sa première mission de guerre, en disparaissant dans la Manche.

En mars 1942, les trois pilotes FAFL, Maurice HALNA du FRETAY, Maurice BOYER et Raymond Van WYMEERSCH sont mutés au « 174 Squadron », équipé lui aussi de « Hurri-bombers ».

† – Un mois plus tard, c’est au tour de son ami Maurice BOYER de disparaître en mer du Nord, lors d’une mission de nuit pour un repérage de navires.

Le 18 août 1942, le « 174 Squadron » a quitté temporairement le terrain de Manston, pour venir s’installer sur la base RAF de Ford, située plus près de la côte sud de l’Angleterre. Il va participer à l’opération baptisée « JUBILEE », ayant pour objectif un débarquement anglo-canadien en Normandie sur les plages de Dieppe. À 18h00, Briefing ! Le déroulement de la mission est présenté aux pilotes, Maurice en fait partie. Leur mission consistera à détruire les pièces d’artillerie de la zone de débarquement.

Maurice ne le sait pas… ce sera sa dernière mission.

SA DERNIERE MISSION

Carte du raid de Dieppe (DR).

Mercredi 19 août 1942, l’opération « JUBILEE » a débuté dans la nuit avec la traversée de 250 navires transportant 6000 hommes, dont 4900 Canadiens. Il est 3h47 lorsque les premières barges débarquent à Berneval, à l’est de Dieppe, puis à Pourville, à l’ouest. À 5h00, le gros des troupes commencera à débarquer sur les plages de Dieppe. Dès 4h00 du matin, les premiers avions de la Royal Air force sont engagés pour assurer la protection des navires et des troupes au sol. Au total, soixante-sept Squadrons vont participer à l’opération.

Première mission de la journée :

Il est 4h40 lorsque douze avions du « 174 Squadron », répartis en 3 sections, décollent du terrain de Ford, conduites par le Squadron Leader français François FAYOLLE.

Chaque avion est équipé de 2 bombes de 125k g pour certains ou d’une bombe 225 kg pour d’autres.

Maurice est aux commandes du « Hurri-bomber Mk.IIb (HL715) XP » et fait partie de la « Blue section » avec comme équipier le Sergeant MOORE.

Il est 5h10 lorsqu’ils atteignent la côte française à une altitude de 1000 m. Dans le secteur de Calmont, au sud-est de Dieppe, la batterie d’artillerie dite « Hitler » est repérée et aussitôt attaquée.

Il est 6h00 lorsque les « Hurri-bombers » sont de retour sur le terrain de Ford. Deux avions sont manquants, c’est celui du Squadron-Leader FAFL François FAYOLLE commandant le 174 Squadron, disparu au-dessus de la mer, il était âgé de 25 ans et celui de l’Australien Charles B. WATSON abattu au-dessus des territoires occupés (il sera récupéré et fait prisonnier).

Deuxième mission de la journée :

À 10h25, douze pilotes du « 174 Squadron » partent pour participer à la deuxième mission du jour. Maurice n’en fait pas partie. Ils sont de retour à 11h50, deux pilotes sont manquants. Il s’agit de son camarade FAFL Raymond Van WYMEERSCH, abattu au-dessus des territoires occupés (il sera récupéré et fait prisonnier) et de l’Anglais Charles F. JAMES disparu en mer.

Troisième mission de la journée :

Il est 13h30 lorsque dix « Hurri-bombers » du « 174 Squadron » décollent pour la troisième mission de la journée. Ils sont répartis en 2 sections conduites par le Flight Lieutenant McCONNELL.

« Hurribomber » armé de 2 bombes de 125 kg (DR).

Maurice en fait partie, il est le n°4 de la « Red section », aux commandes du « Hurri-bomber Mk.IIc (HL 705) XP ».

Il est 14h00 lorsque la formation s’apprête à attaquer la batterie d’artillerie dite « Rommel », située à Puys, sur la côte, au nord de Neuville-lès-Dieppe. L’attaque est menée à basse altitude et chaque avion largue sur l’objectif ses 2 bombes de 125 kg.

Il est 14h50 lorsque les avions sont de retour sur le terrain de Ford. Un appareil est manquant, c’est celui de Maurice aperçu pour la dernière fois au moment de l’attaque.

Aucune épave de son avion ne sera retrouvée, pas même un morceau de sa carlingue, où il avait inscrit en breton : « Breiz dalch’h mad » (Tiens bon, ma Bretagne). Il était le dernier pilote français du « 174 Squadron ».

L’aspirant Maurice HALNA du FRETAY sera déclaré « porté disparu ».

Âgé de 22 ans, il était officiellement crédité de la destruction de cinq bateaux et deux avions endommagés.

Son corps n’a jamais été retrouvé.

Estimation du lieu de la disparition au large de Dieppe (76).

Pour en savoir davantage sur le parcours de Maurice Halna du Fretay, vous pouvez télécharger sa biographie complète au format PDF (prochainement disponible).

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